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L'Editorial

De la scatologie à l’eschatologie :

Il fallait s’y attendre: les réactions hystériques et enflammées de l’opinion publique et des bien pensants suite aux propos maladroits sur la SHOAH de Me Jean de Dieu MOMO, leader du PADDEC, accessoirement ministre délégué auprès du ministre de la justice garde des sceaux, sur le plateau de l’émission Actualités Hebdo dimanche dernier continuent de faire couler encre et salive. 

Un ministre ne devrait pas dire ca, Maitre! Le politiquement correct doit désormais vous obliger à éviter que vos paroles dépassent votre pensée. Pour autant cette maladresse ne fait pas de son auteur un adepte de l’anti sémitisme ou un potentiel génocidaire!
Malgré l’âpreté et la gravite, la résurgence et la récurrence des propos sur le tribalisme dans l’espace public, le Cameroun saura conjurer tout mauvais sort tendant à l’entrainer sur la voie de la guerre civile. Les
Camerounais eux-mêmes seront les premiers à combattre toute atteinte au vivre ensemble.
La réaction du gouvernement qui s’est  » dissocie  » de ces déclarations
 » inappropriées  » a été aussi rapide, opportune que pertinente. Fin de la polémique? On l’espère vivement.
Connaissant cependant la vigueur des opinions contraires,contradictoires et antagonistes qui se cristallisent autour de cette personnalité, il y a fort à craindre et à parier qu’elle trainera longtemps encore dans son sillage cet épisode comme le sparadrap du capitaine HADDOCK. Ceux qui
alimentent cette polémique auront néanmoins tort de se frotter les mains: leur
tentative de grossir et d’exploiter le dérapage verbal de Me Jean de Dieu MOMO
pour détourner l’attention des actes graves poses au cours des saccages perpétrés
dans nos ambassades a Paris et a Berlin ne passera pas.
 Depuis deux semaines, on n’a pas beaucoup entendu les donneurs de leçons qui aujourd’hui crucifient le leader du PADDEC pour ses propos sur l’extermination des juifs. Et pourtant, lors du sac des locaux de l’ambassade du Cameroun à Berlin, on a vu des énergumènes hilares uriner sur la photo du Président démocratiquement élu du Cameroun et Chef de l’Etat. On n’a entendu aucune protestation ou condamnation de cet acte aussi odieux que choquant et vulgaire. N’est-ce pas aussi grave, sinon plus, que des propos  » inappropriés « ? On ne se livrera pas ici à un quelconque concours pour établir un classement mémoriel ou émotionnel. Mais ce recours à la scatologie à des fins politiques est inacceptable et inadmissible. Et encore, les militants et sympathisants du MRC ne se limitent plus seulement aux discours et aux paroles sur les excréments. Ils passent allégrement aux actes! Pas besoin d’être un expert en matière d’exégèse rituelle pour savoir que le fait de pisser sur la photo de quelqu’un est un meurtre symbolique que l’on commet.
Conséquence de cette inconsistance politique et de cette incontinence intellectuelle, le MRC transforme petit a petit le Cameroun en une latrine a ciel ouvert d’ou se dégagent des miasmes, des remugles et des odeurs pestilentielles. Il suffit de parcourir les forums de discussion sur internet et
dans les réseaux sociaux pour se rendre compte a quel point la vulgarité le dispute a la grossièreté et a l’obscénité.

Faut-il alors convoquer la psychanalyse et la psychologie pour comprendre cette irruption des actes scatologiques dans le champ des revendications politiques? Sans aucun doute. De la scatologie- écrits et actes lies aux excréments- a l’eschatologie- discours sur la fin des temps ou du monde- il n’y a qu’un pas qui a déjà été franchi par les brigades et les milices du MRC. Leur discours est simple voire simpliste: la fin du régime BIYA est proche; il faut accélérer sa décomposition en y déversant tous les excréments possibles. De cette « pourriture » synonyme d’apocalypse, surviendrontalors la résurrection, mieux la RENAISSANCE dont le MRC se veut le chantre et KAMTO le MESSIE. Les indécrottables soutiens du MRC, déclares ou non, sont-ils vraiment raisonnables au sens de RAYMOND ARON lorsqu’ils se livrent a ces obscénités?
Epargnons au Cameroun l’air putride et nauséabond des égouts de la haine. Malgré
sa diversité, notre pays à besoin d’un air doux et pur parfume de concorde, de solidarité et de respect mutuel.

Christophe MIEN ZOK

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