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L'Editorial

Un grand songe à réaliser

Le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, a présidé jeudi dernier la première session annuelle du Conseil national de la Décentralisation au titre de l’année 2021; la première du genre en présence des représentants des Régions depuis leur élection le 6 décembre 2020. Voici bientôt six mois que les Conseils Régionaux sont en place, avec des bureaux élus et installés. Voici bientôt six mois que le dernier étage de la fusée de la décentralisation a décollé et les populations, au sol, ont les yeux plus que jamais scintillants d’espoir et braqués sur sa trajectoire prometteuse. À bord du navire, les astronautes doivent être occupés à divers préparatifs pour le bon déroulement de la mission. Au centre de contrôle gouvernemental, notre Cap Canaveral à nous, tous les écrans sont allumés; les signaux et les voyants au vert, mais la vigilance est de rigueur. Aucun faux pas ne sera toléré après les retards à l’allumage enregistrés depuis le début du processus en 1996. Il faut absolument éviter que l’engin spatial tourne en rond dans le vide sidéral comme ces multiples satellites en perdition qui encombrent l’espace.
Mais revenons sur terre. On a dit sur tous les tons et redit sur tous les toits les espoirs que charrie la mise en place des Régions, à divers niveaux; politique, économique, social, culturel et traditionnel. Le Président Paul BIYA en a fait un enjeu, une stratégie et un objectif majeurs de son magistère. À cet égard, sa vision, sa volonté et sa détermination sont claires et inébranlables. Le RDPC, son parti politique, à la fois force de proposition et rampe de lancement; bouclier et bras armé dans la mise en œuvre de son projet de société, se tient solidement, fièrement et fidèlement à ses côtés pour le soutenir et l’accompagner dans cette exaltante mission. Il suffit pour s’en convaincre de rappeler tout l’investissement intellectuel, conceptuel, humain et matériel du Parti à l’occasion des régionales du 6 décembre 2020. Il suffit de relire la profession de foi des candidats du RDPC à ces élections; document qui clamait et proclamait entre autres: « voter les listes du RDPC, c’est faciliter le développement local en cohérence avec le développement national dans la solidarité parce que les conseillers régionaux issus des rangs du RDPC sauront faire de votre Région un pôle majeur de développement économique ». Les électeurs ont donc fait confiance aux candidats du RDPC.
Pour autant, la tâche du Parti est loin d’être terminée. Il doit continuer à faire montre d’une bienveillance rigoureuse et d’un enthousiasme vigilant par rapport à la conduite du processus, notamment face aux atermoiements, aux lenteurs et parfois aux résistances de certaines administrations. En effet, la lecture du communiqué final ayant sanctionné les travaux de cette première session du Conseil national de la Décentralisation peut susciter quelques inquiétudes. On y apprend que le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, a « instruit tous les Membres du Gouvernement concernés par le transfert des compétences aux Régions et aux Communes, qui ne l’ont pas encore fait, de transférer SANS DÉLAIS au Ministre chargé de la décentralisation, les projets de textes y relatifs assortis notamment de leurs cahiers des charges ». A-t-on besoin d’interpeller ainsi des ministres pour l’exécution et la mise en œuvre d’une directive ou d’une orientation fondamentale reconnue comme une priorité du Chef de l’Etat? Le Premier ministre doit-il vraiment « mettre la pression » sur certains membres de son équipe pour qu’ils exécutent les très hautes instructions du Président de la République? Poser ces questions c’est déjà y répondre!
L’un des problèmes de la mise en œuvre de la décentralisation dans notre pays depuis qu’elle a été institutionnalisée et consacrée par la Constitution de 1996 réside hélas dans l’existence d’une impression persistante, qu’elle soit vraie ou fausse, d’un certain « paternalisme étatique » doublé d’une apparente timidité dans la dévolution des responsabilités aux collectivités territoriales. On l’a vu avec les communes. Il ne serait pas souhaitable que les mêmes erreurs du passé soient reproduites pour les régions. Les espoirs et les retombées tant attendus de la décentralisation ne devraient pas être déçus à cause des tares et des avatars de la bureaucratie.
L’affirmation de Saint-Simon il y a plusieurs siècles et selon laquelle une « idée qui n’est pas exécutée est un songe » reste d’actualité. La décentralisation est une idée géniale, une belle vision, un grand songe de Paul BIYA pour le Cameroun. De grâce, Mesdames et Messieurs les technocrates et les administratifs, faites-en sorte que ce beau songe ne devienne pas un vulgaire mensonge. Aidez le Président à le transformer plutôt SANS DÉLAIS, pour le plus grand bien et dans l’intérêt des populations, en une réalité palpable, concrète, fructueuse et juteuse. La prospérité promise aux Camerounais en même temps que la démocratie en dépend.

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