Le haut-commandement avait annoncé une cérémonie exceptionnelle. Il ne s’y est pas trompé. La première partie du défilé, au boulevard du 20 mai à Yaoundé, a donné à voir de belles choses. Evocation.
Le général Hippolyte Ebaka, le commandant des troupes ce 20 mai 2011, a le visage tendu. Il observe la lente progression du cortège présidentiel qui avance vers la tribune d’honneur. Dans quelques minutes, il va devoir ouvrir un défilé que tout le monde attend. Mais avant de donner l’exemple aux milliers d’hommes et de femmes qui attendent sous le soleil, imperturbables, le général a le devoir d’escorter le président de la République au cours de la revue des troupes d’honneur effectuée par le chef des Armées.
Il est 10h25. Le Chef de l’Etat a pris place dans la loge présidentielle, où il retrouve la première dame et les autres hautes personnalités de la République, notamment le président de l’Assemblée nationale, celui du Conseil économique et social, ainsi que le Premier ministre. Un hélicoptère Bell, nouvelle acquisition de nos forces de défense, fait un passage, un drapeau géant suspendu à son ventre. Plus bas, les policiers commencent l’exécution du carrousel. Ils sont dix à former un cercle. Chacun avec un dossard représentant une des dix régions du Cameroun. Le drapeau et la maquette de la carte du Cameroun peinte en vert-rouge-jaune, s’imbriquent au milieu d’eux, portées par deux autres policiers. Les musiciens y magnifient la paix, la stabilité, la diversité et la nation : « Bâtissons la même nation […] berceau de nos ancêtres, la nature t’a tout donnée », peut-on entendre, dans un chant bilingue symbole d’unité.Ils ont déjà regagné leurs rangs quand un hélicoptère Puma de l’armée de l’air lâche des fumigènes aux couleurs du drapeau camerounais. Il est accompagné de deux hélicoptères Bell et de trois Alphajet. Le défilé des troupes à pied est lancé. Le tout nouveau général Ebaka donne l’exemple, droit dans ses rangers dans son véhicule de commandement. Il souffle discrètement quelques mots à son chauffeur. Le véhicule se déplace désormais de manière fluide. L’officier supérieur, ce parachutiste formé au Canada, ancien de la garde présidentielle et vétéran de Bakassi est désormais au garde-à-vous face au Président. Mais à bonne distance, de l’autre côté du boulevard.RituelComme d’habitude, c’est la garde présidentielle qui monte au front en premier. L’arrivée d’un nouveau commandant leur a donné des idées. Aux couleurs de l’armée israélienne, leur fusil Galil en bandoulière, ils donnent à voir, comme principale innovation leur toute nouvelle compagnie canine. Leurs chiens, des bergers allemands, sont spécialement formés pour détecter les explosifs et les stupéfiants. Le passage des unités motorisées, sur les fameux véhicules RAM et les blindés légers mais ultra-rapides, démontrent, s’il en est encore besoin, que la GP est vraiment parée à toute éventualité.Plusieurs autres unités vont arracher des salves d’applaudissement aux invités. Comme lorsque le Bataillon spécial amphibie, basé à Tiko, fait son passage ; ou encore lorsque les redoutables éléments du bataillon des troupes aéroportées de Koutaba, les bérets rouges défilent excellemment devant le chef des armées. Dans cette démonstration de force, la gendarmerie nationale aligne son unité spéciale, la plus redoutée par les bandits : le GPIGN, le groupement polyvalent d’intervention de la gendarmerie nationale. Ces garçons ont de belles victoires dans leur palmarès… Que dire du bataillon d’intervention rapide, le BIR, qui présente l’étendue de sa panoplie : outre ses vaillants soldats qui ont depuis établi leur réputation d’enfants terribles, le BIR présente notamment aux Camerounais des véhicules légers, adaptés à la traque des coupeurs de route en zone sahélienne ou forestière, des embarcations capables de donner la réplique aux pirates qui menacent la sécurité de nos côtes ; on a encore à l’esprit l’expédition punitive du BIR il y a quelques mois a Douala et qui a permis de mettre hors d’état de nuire les malfrats qui se sont attaqués à une banque commerciale. Les éléments de la brigade du quartier général, premier rempart du siège des institutions, ne veulent pas se laisser compter sur leurs propres installations. Eux qui, ils y a quelques mois encore, représentaient brillamment, le 15 août 2010, l’armée camerounaise au cinquantenaire de l’indépendance du Congo à Brazzaville. Leur passage est, comme à l’accoutumée, exemplaire. Le groupement spécial d’opération de la police nationale, une autre force de lutte contre le grand banditisme, s’illustre également positivement lors de cette parade. En regardant toutes ces unités d’élites de nos forces de défense et de sécurité passer, on ne peut s’empêcher de penser que les bandits sont vraiment suicidaires eux qui écument les quartiers de jours comme de nuit. Mais la grande muette n’a pas fini de surprendre et d’émerveiller. L’armée de l’air, la marine nationale et le corps nationale des sapeurs pompiers vont aussi justifier les dépenses faites pour leur donner un équipement de pointe, facilité leur mobilité et établir leur efficacité. C’est d’ailleurs l’armée de l’air qui va conclure le défilé militaire, comme il l’a commencé, avec un autre passage aérien.Le chef des armées, le Président Paul Biya félicite chaleureusement le militaire. Mission accomplie pour le général Hyppolite Ebaka, le major général de l’état-major de l’armée de terre, qui a désormais un galon supplémentaire, même invisible, sur ses précieuses épaulettes.