Sur bien des aspects liés à la préparation et à l’organisation de la prochaine élection présidentielle, la position de la conférence épiscopale nationale du Cameroun rejoint celles qu’a toujours développées le RDPC.
La lettre pastorale des évêques du Cameroun date pourtant du 30 mai 2011. Elle a été gardée secrète jusqu’au vendredi, 22 juillet 2011, jour choisi par le président de la conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC) et archevêque de Bertoua dans l’Est du pays, pour rendre publique le document. Mgr Joseph Atanga donnait une conférence de presse à Yaoundé, en présence du tout nouveau président du Conseil national de la Communication, de Mgr Joseph Befe Ateba, évêque de Kribi.
Au moins trois grands sujets ont été évoqués qui, en toile de fond, concernent plus ou moins l’élection présidentielle qui, en principe, doit avoir lieu cette année au Cameroun. Même le volet sur la lutte contre la corruption n’y échappe vraiment, les évêques du Cameroun recommandant l’application de l’article 66 de la Constitution sur la déclaration des biens. Sur la façon dont la lutte contre les prévaricateurs est menée, l’épiscopat souhaite qu’une amnistie soit accordée à tous ceux qui sont accusés et condamnés pour détournement de deniers publics, pourvu qu’il leur soit appliquées des mesures de remboursement des sommes pour lesquelles ils sont poursuivis
Pour le reste, la position des évêques sur plusieurs aspects n’est pas loin de celle du Rassemblement démocratique du peuple camerounais. Une pure coïncidence qui relève à la fois de la logique et de la véracité des faits. L’épiscopat camerounais ne pouvant en aucun cas être soupçonné de mèche avec le pouvoir de Yaoundé.
D’abord sur l’inscription des Camerounais en âge de voter sur les listes électorales, les évêques, a déclaré Mgr Joseph Atanga, « Lancent un appel à toutes les personnes en âge de voter pour qu’elles s’inscrivent sur les listes électorales ». Une position qui rejoint celle républicaine du RDPC qui, depuis plusieurs mois déjà, est engagé dans une vaste campagne d’inscription massive de ses électeurs et de ses sympathisants sur les listes électorales ouvertes auprès des représentations de Elecam. Le parti au pouvoir entend ainsi non seulement assurer la victoire de son candidat à cette élection, mais aussi crédibiliser et légitimer le prochain scrutin présidentiel. Echéance dont on sait que ceux qui ne la préparent pas ou qui n’ont rien à proposer aux Camerounais en attendent tout simplement les résultats, pour ensuite se livrer à leur jeu favori : la contestation du verdict des urnes.
Comme le RDPC, les évêques du Cameroun croient en notre processus électoral qui s’améliore au fil des scrutins. Ils croient davantage au fonctionnement et à
l’efficacité des institutions nationales. C’est la raison pour laquelle ils ont dit leur satisfaction à la suite de la nomination, le 7 juillet 2011 par le président de la République, des six nouveaux membres du Conseil électoral. Une satisfaction, a rappelé Mgr Atanga, qui va au-delà de la seule présence de Mgr Dieudonné Watio dans cette équipe.
Souveraineté
Au sujet de la prochaine élection présidentielle proprement dite, les évêques ne sont pas restés indifférents aux différentes joutes préélectorales en cours, voire aux positions à la fois ambiguës et irresponsables de certains acteurs politiques, adversaires du président Paul Biya, qui se croient obligés d’aller chercher une certaine légitimité à l’extérieur du Cameroun pour accéder au pouvoir. Là-dessus, les évêques sont formels : « (…) Nous devons tous savoir et admettre que l’avenir du Cameroun est entre nos mains (…) ».
Des propos qui rejoignent ceux tenus les 11 et 18 juin derniers à Kribi dans l’Océan et à Eséka dans le Nyong et Kelle par le secrétaire général du Comité
central du RDPC. René Sadi, qui s’adressait non pas aux partenaires étrangers ou aux amis du Cameroun, mais bien à certains de nos compatriotes installés à l’étranger dont une poignée croit pouvoir obtenir leur légitimité hors de nos frontières. A ceux-là, le secrétaire général du Comité central du RDPC a
martelé à Kribi : « (…) Le Cameroun c’est notre pays, c’est d’abord notre pays. Nous disons que les problèmes camerounais, c’est aux Camerounais qu’il appartient d’apporter les solutions qui conviennent (…) ». Et d’ajouter : « (…) Nous sommes mieux placés que quiconque pour savoir ce que nous voulons, pour savoir ce qui est bon pour nous et ce qui ne l’est pas (…) ». Avant de conclure : « (…) Nous pensons que seuls les Camerounais peuvent et doivent avoir le dernier mot quant à la direction qu’ils entendent imprimer à leur destin commun (…) ».
A vrai dire, la conférence épiscopale nationale du Cameroun n’en pense pas autrement. Les évêques du Cameroun sont même allés plus loin dans leur lettre pastorale. Dans leur manière à eux et avec leurs termes, ils ont redit ce que le président Paul Biya avait déjà affirmé il y a quelques années : « Le Cameroun, c’est le Cameroun ». Ils ont rappelé que « (…) Nous ne devons pas céder à l’effet de mode en exposant notre pays aux ingérences extérieures (…) ». Allusion à peine voilée aux différentes révolutions dans le monde arabe, avec les résultats que l’on sait. Mais aussi ils ont placé les « Amis du Cameroun » devant leurs responsabilités avant l’échéance de la présidentielle. « La communauté internationale est invitée à respecter la souveraineté de l’Etat du Cameroun et une neutralité dans son processus électoral », soulignent les évêques. Un avis qui a valeur d’avertissement sans frais à tous ceux des amis du Cameroun que la rumeur fondée ou pas, affirme qu’ils ont d’ores et déjà chacun un candidat qu’ils entendent soutenir à cette élection présidentielle et qui croient penser que la solidité et la sincérité de leur amitié avec le Cameroun leur donne mandat de choisir à la place des Camerounais ce qui est bon pour eux et ce qui ne l’est pas.
Simon Meyanga