Les vieilles ficelles ne font pas toujours recette. Depuis plusieurs mois, de drôles de serpents à sonnette sifflent sur la tête des Camerounais en leur racontant des sornettes bizarres en relation avec la prochaine élection présidentielle.
Le venin ainsi savamment distillé devrait agir sur les populations comme un somnifère destiné à les endormir. Cette nouvelle manœuvre vise le report de la prochaine élection présidentielle. Des leaders de partis politiques ou d’opinion, des représentants de la société civile mènent à cet effet une campagne avec des arguments voire des arguties pour le moins surprenants. Certains mettent en avant, pêle-mêle, « l’impréparation et la composition d’Elecam, le manque de dialogue politique, les risques de chaos, la nécessité de prendre en compte le vote des Camerounais de l’étranger… » A deux mois d’une élection présidentielle attendue depuis… sept ans et alors qu’une douzaine de candidats se sont déjà déclarés, le débat prend une tournure plutôt inattendue.
Certes, les vieilles ficelles ne font pas toujours recette mais rien n’interdit d’y recourir. Depuis 2008, une partie du microcosme politique tente par tous les moyens d’empêcher ou de retarder la tenue de la prochaine élection présidentielle. Ils ont tout essayé pour parvenir à leurs fins : ils se sont opposés à la révision constitutionnelle ; ils ont joué aux apprentis sorciers en jetant dans la rue des hordes de jeunes affamés et désoeuvrés; ils ont orchestré des campagnes de dénigrement et de déstabilisation sur différents thèmes allant des prétendus biens mal acquis aux vacances du président ; ils ont lancé un ballon d’essai sur l’inéligibilité du président Paul Biya. Sans succès. Le temps n’a pas suspendu son envol et l’échéance approche de manière inexorable. Puisqu’il en est ainsi, il faut tenter le tout pour le tout. Deux armes de dissuasion massive entrent alors en scène : le report de l’élection et l’organisation d’une transition. Sous réserve de la réponse que les institutions compétentes apporteront à ces préoccupations, quelques observations et interrogations s’imposent.
1- Qui a peur de la tenue de l’élection présidentielle à la date initialement prévue au point de réclamer à cor et à cri son report ? Comme dit la chanson, on les connaît…En effet et selon toute vraisemblance, ils sont nombreux ceux qui, comme la cigale de la fable, ont chanté tout l’été au lieu de travailler. Depuis 2004 et 2007, ils ont déserté le terrain pour s’installer dans les débats stériles et oiseux. Le temps de la récolte approchant, ils cherchent à se dissimuler derrière de faux prétextes pour masquer leur paresse. Ils invoquent les risques de chaos, la partialité d’Elecam. La vérité est ailleurs. Malgré leurs déclarations et leurs rodomontades, les leaders de l’opposition ne sont pas prêts à aller aux élections. Ils ne veulent pas y aller parce qu’ils sont sûrs d’être battus. Ils sont sûrs d’être battus parce que leur adversaire principal s’appelle Paul Biya, candidat du RDPC dont les militants, telles les fourmis de la fable, travaillent sans relâche. D’où la fuite en avant et les manœuvres dilatoires en cours en ce moment. Par ailleurs ceux qui réclament le report se sont-ils assurés que la loi autorise une telle procédure ? La réponse leur importe peu puisqu’ils sont guidés par la mauvaise foi et des intentions inavouées.
2- Au rang de ces intentions inavouées, figure l’exigence relative à l’institution d’une période de transition dont la durée varie selon les calculs des uns et des autres. Une période de transition avec un gouvernement du même nom : cela ne vous rappelle rien ? Mais voyons, la référence, c’est la conférence nationale souveraine, vieille rengaine des années 90, revue, corrigée et actualisée. Ce coup d’Etat électoral, ce braquage institutionnel n’a pas réussi il y a vingt ans. Qu’en sera-t-il en 2011 ? Pour répondre, il suffit de rappeler aux auteurs de ces manœuvres que le Cameroun n’est pas en crise ; les institutions de la République fonctionnent ; l’Etat de droit se consolide chaque jour. Cette propension d’une partie de la classe politique à recourir aux mêmes méthodes éculées confirme la constance de l’opposition Camerounaise et de certaines organisations de la société civile : on ne change pas des stratégies qui… perdent. Il n’en demeure pas moins qu’au-delà de la surenchère et des manœuvres dilatoires ainsi observées autour du prochain scrutin, tous les acteurs doivent s’impliquer pour qu’il se déroule dans la paix, le calme, la sécurité et la transparence.
Christophe MIEN ZOK