« L’opposition au Cameroun est imbécile et brille par son incohérence ».
Les propos d’Achille Mbembé, qu’on ne peut soupçonner de sympathie avec le régime du Renouveau, tenus hier sur les antennes de Rfi, illustrent bien une vérité que très peu de personnes consentent à admettre. Notre opposition – du moins celle que nous voyons gesticuler actuellement -, n’est pas digne d’un pays comme le Cameroun. Elle fait même pitié tant l’image qu’elle donne de notre pays est si négative qu’on se demande bien si c’est du Cameroun où nous vivons tous qu’il s’agit.Les nombreux recours introduits à la Cour Suprême, les demandes d’annulation de l’élection, les appels à peine voilés à l’insurrection populaire ou encore les récriminations interminables contre Elecam, s’ils sont bien la preuve que la démocratie camerounaise est bien vivante, montrent néanmoins la volonté d’une opposition camerounaise soucieuse de se donner une stature et une crédibilité à travers les ondes et les médias qu’elle ne peut avoir par les urnes. Tout se passe comme si, voulant absolument combler ses propres turpitudes et incohérences qui l’ont toujours caractérisé, cette opposition veut, par désespoir ou par dépit, détruire l’image d’une démocratie qui se construit avec patience et méthode et dont la communauté des observateurs présents sur le terrain, reconnait des avancées et des acquis remarquables.A la lumière de la récente élection présidentielle et en attendant le verdict des urnes, l’opposition, une fois de plus, s’est révélée à elle-même, étalant à la face des observateurs et des camerounais son penchant obséquieux pour la contestation permanente et son refus de se constituer en force alternative. Depuis l’instauration du multipartisme en effet, les mêmes reproches, les mêmes tares et les mêmes critiques sont formulés à l’endroit de la myriade des partis qui constituent ce que l’on appelle l’opposition camerounaise : pas de projets de société, individualisme et autocratie des responsables, pauvreté et indigence en ressource idéologique et structurelle, pas de cadres de travail, absence absolue de vision politique et programmatique, incohérence et incompétence des dirigeants et des cadres… et plus grave, manque cruel de culture politique.Pourtant, la presse nationale et internationale, grande amie de cette opposition, ne mentionne nulle part que cette forme de fonctionnement et le déficit d’organisation conduisent forcément à l’échec. Les très grands souteneurs de cette opposition, promptes à vilipender le RDPC, ne conseillent nullement à cette opposition d’améliorer sa gouvernance interne pour mieux affronter la machine organisée et structurée du parti de M. Paul Biya qui ne saurait répondre des tares et lacunes de ses adversaires. Là où la quasi-totalité des observateurs présents lors du vote émettent des doutes quant à la compétence et aux capacités réelles de notre opposition à gagner une élection, il se trouve des hommes des médias qui, au Cameroun et en France, dans leur volonté de nuire et d’intoxiquer le peuple et la communauté internationale par la désinformation et le mensonge, trouvent des excuses et des justificatifs fallacieux pour disculper ces hommes et femmes de leur incurie et de leurs faiblesses.Déliquescente et très peu organisée, l’opposition Camerounaise devrait tirer avantage de cette élection présidentielle pour faire son autocritique. Ceux qui, de l’intérieur comme de l’extérieur, ont de la sympathie pour cette opposition, devrait l’aider à se doter de structures viables, des hommes compétents et à avoir une vision pour le Cameroun par la formation de ses cadres et l’organisation de ses états généraux. Car aujourd’hui, un parti politique, c’est avant tout une organisation qui assoit sa crédibilité par son mode de fonctionnement, le projet de société à proposer aux électeurs, le sérieux de ses dirigeants. En tirant les leçons de la récente élection, il serait utile à chacun de se construire un modèle politique, de se fixer des objectifs et, surtout, de se structurer en s’appropriant les modes de gestion qui caractérisent aujourd’hui toute organisation moderne. Les acteurs politiques au Cameroun et tous ceux qui les soutiennent devraient sortir de leur amateurisme actuel pour le bien de la démocratie et du développement de notre cher et beau pays.
Benjamin LIPAWING