Le président de la République, candidat du RDPC, et son épouse ont voté hier à Yaoundé en citoyens ordinaires. Dans un bureau de vote de l’école publique de Bastos, pris d’assaut par de nombreux journalistes et observateurs.
Difficile de croire que dans l’enceinte de l’école publique de Bastos à Yaoundé, Elecam, l’organe indépendant chargé de la gestion de l’ensemble du processus électoral et référendaire au Cameroun, avait installé trois bureaux de vote. Tant les centaines d’observateurs nationaux et internationaux, ainsi que des dizaines de journalistes de la presse nationale et internationale avaient choisi de s’agglutiner devant un seul des trois. Celui dans lequel Paul et Chantal Biya étaient attendus à 12 heures pour accomplir leur devoir de citoyen. Ici, le tapis rouge est déroulé depuis les premières heures de la matinée. A 8 heures, lorsque s’ouvre le bureau de vote, tout le décor est planté. Le président, Pascal Baylon Owona est là, dans une salle décorée aux couleurs de Elections Cameroon qui, visiblement, tenait non seulement à réussir son entrée véritable dans la scène électorale, mais, davantage, à marquer de son empreinte l’organisation d’un scrutin libre et transparent. Les deux autres bureaux de vote de l’école francophone Bastos A et B ont beau avoir le même décor mis en place par Elecam, des électeurs ont beau y défiler par vagues, rien de comparable ni avec l’ambiance, ni avec le nombre d’observateurs postés dans le bureau de vote d’à côté.A l’entrée de la salle, la liste électorale est affichée sur un babillard, liste sur laquelle le président sortant, candidat du RDPC s’est inscrit sous le numéro 67, pendant que Biya Chantal Pulchérie et Biya Emmanuel Franck Olivier étaient enregistrés respectivement sous les numéros 65 et 65. Sur une table à côté, des cartes d’électeurs classées par ordre alphabétique attendent les éventuels propriétaires, qui n’auraient pas eu le temps ou les moyens de les récupérer avant le jour du scrutin.Dans la salle, une dizaine d’observateurs du Commonwealth, de la société civile africaine, de l’union africaine et de plusieurs autres organisations nationales spécialisées en la matière sont-là, quelques représentants des candidats aussi. Les membres d’Elecam veillent sur tout. Les bulletins de vote des 23 candidats sont disposés sur une table au milieu de la salle. De gauche à droite, le bulletin du candidat du RDPC est classé 16ème.Le Premier ministre, chef du gouvernement arrive vers 9 heures pour accomplir son devoir de vote, une trentaine de minutes après le premier votant. « C’est un moment important, déclare Philemon Yang à la presse, parce que c’est la première fois qu’un organe indépendant organise les élections chez nous, surtout l’élection présidentielle. Cela montre que la démocratie avance au Cameroun ». Le chef du gouvernement invite par la suite les Camerounais à « Choisir le candidat de leur choix pour en faire un président ».Peu à peu, le dispositif de l’accueil du chef de l’Etat se met en place. Le gouverneur de la région du centre, le préfet du Mfoundi, le délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Yaoundé, le sous-préfet et le maire de Yaoundé 1er sont-là. Quelques membres du gouvernement et du protocole d’Etat aussi. Avant, le directeur général des élections y avait fait un tour, certainement dans le but de s’assurer que tout va bien. Elections libres 12 heures, la sirène annonce l’arrivée du cortège présidentiel. Hors de l’enceinte de l’école publique de Bastos, des populations se sont massées spontanément pour acclamer le président à son passage. Paul et Chantal Biya descendent de leur limousine, entrent à l’intérieur du bureau de vote, suivis quelques minutes plus tard par Franck Biya, le fis aîné du chef de l’Etat. En quelques minutes, ils ont accompli leur devoir. Le président détendu, peut alors répondre aux questions de la presse. Il félicite les Camerounais pour la maturité politique dont ils ont fait preuve pendant la campagne électorale et les remercie d’avoir appelé à sa candidature. « Aujourd’hui, c’est le jour décisif », affirme le candidat Paul Biya qui ajoute : « Nous verrons si nous continuons avec vous ou avec quelqu’un d’autre ». Le président demande aux Camerounais de faire preuve d’indulgence vis-à-vis du jeune organisme Elecam pour des imperfections éventuelles. Il relève que « nous avons fait campagne pour des élections libres, pour que les Camerounais choisissent librement (…), qu’ils votent librement, parce qu’ils doivent conduire leur destinée ».L’interview terminée, tout le monde attend de voir le président et son épouse regagner leur limousine. Que non ! Paul Biya opte, contre toute attente, pour un bain de foule. D’abord à l’intérieur de l’enceinte de l’école, puis il franchit le portail pour saluer une foule en liesse, donnant ainsi un cachet populaire à l’événement. Les observateurs apprécient Paul Biya reste un président populaire.Et lorsque le couple présidentiel prend enfin place dans le véhicule, ce n’est pas pour retourner au palais de l’unité. Le président choisit de faire le tour de la ville de Yaoundé pour avoir lui-même une idée sur le déroulement du scrutin. Et, certainement, pour constater de visu que les citoyens de la capitale votent dans l’ordre, le calme et la discipline.
Simon Meyanga