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L'Editorial

Bons et mauvais exemples :

Il n’a pas fallu beaucoup de temps pour renouer avec les vieilles et mauvaises habitudes. 

On n’a même pas attendu la formation du premier gouvernement du nouveau septennat pour étaler sur la place publique les sempiternelles querelles de clochers. L’encre des « motions de soutien, de félicitations et d’encouragements » au président Paul Biya n’a pas encore séché. Toutes l’assurent d’un soutien indéfectible et inconditionnel dans la mise en œuvre des grandes réalisations et de la République exemplaire. Toutes affirment partager sans réserve les grandes options du Renouveau : rigueur, moralisation, lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics. Entre les mots et les actes, les discours et les comportements, de la coupe aux lèvres, il y a parfois tout un monde. La République exemplaire annoncée par Paul Biya et souhaitée par la majorité des Camerounais sera-t-elle à son tour rattrapée par les maladies chroniques qui jusqu’à présent gangrènent et paralysent l’administration Camerounaise ? Sera-t-elle à son tour clouée au lit par l’inertie et toutes les autres pathologies en « ismes » ? Difficile à dire mais quelques symptômes précurseurs apparaissent déjà, porteurs de germes d’inquiétude. Dans un ordre quelconque, en voici quelques-uns qui donnent le ton et annoncent la couleur du mal qui menace d’ores et déjà la République exemplaire.
 – En sport, le match amical qui devait opposer hier mardi le Cameroun à l’Algérie à Alger a été annulé à la dernière minute. Pourtant présents à Marrakech au Maroc, les Lions Indomptables ont refusé d’effectuer le déplacement et de disputer la rencontre. Motif : primes non payées. La Fécafoot et le ministère des Sports se rejettent la … balle des responsabilités. En attendant qu’elles soient établies – si tant est qu’elles le seront un jour – le mal est fait et le football Camerounais attendra encore un peu pour redorer son blason bien terni.- Quinze jours après le début de la session budgétaire de l’Assemblée nationale, le projet de loi des Finances 2012 n’a pas encore été déposé sur la table des députés.- La Conac a publié la semaine dernière son tout premier rapport sur l’état de la corruption au Cameroun. Le moins que l’on puisse dire est que son contenu provoque beaucoup de remous dans certaines administrations mises en cause. On se demande d’ailleurs pourquoi. Ceux qui ont une bonne mémoire se souviennent qu’en 1995, le tout premier rapport du Pnud sur l’état de la pauvreté au Cameroun avait été fraichement accueillie par le gouvernement du Cameroun. A tort. Quelques années plus tard, la lutte contre la pauvreté est devenue l’un des principaux chevaux de bataille des pouvoirs publics. Depuis des années, la lutte contre la corruption ; est reprise comme un refrain dans tous les discours des autorités. Chaque administration prétend en avoir fait sa priorité. Mais personne n’accepte d’être épinglé. Comprenons nous bien : il ne s’agit point ici de prendre position en faveur de telle institution contre telle administration. Il s’agit tout simplement de rappeler, comme l’a fait récemment le président Paul Biya à plusieurs reprises, que la corruption est un fléau qui compromet les chances de développement du Cameroun. La lutte contre un tel fléau dépasse les intérêts individuels et égoïstes. Elle ne doit pas livrer des agents à la vindicte populaire. Elle ne saurait non plus servir de prétexte, d’alibi ou de caution à quelque règlement de compte que ce soit. Toutefois, tout en respectant la présomption d’innocence, chaque manquement constaté, chaque indélicatesse observée, doit être considéré, en dépit des marges d’erreurs et des approximations méthodologiques, comme une interpellation à faire davantage, à aller plus loin pour vaincre le fléau. Sous ce regard la récente « polémique » publique entre certaines administrations impliquées ou indexées par le rapport de la Conac est du plus mauvais effet. Elle est contre productive et contraire à la volonté affichée du président de la République d’éradiquer la corruption et les détournements de deniers publics. Elle brouille le message. Une fois de plus, l’Administration, organe impersonnel et intemporel, est interpellée. A elle d’opérer sa propre mue, de voir et d’accepter la vérité en face, sans fards, sans faux-fuyant ; à elle de faire le ménage dans ses rangs pour séparer le bon grain de l’ivraie. – L’espoir demeure cependant au sein de cette administration qui se renouvelle régulièrement malgré ses tares endémiques. Ainsi de l’opération de recrutement de 25.000 jeunes dans la Fonction publique. L’opération vient de s’achever, avec retard certes mais aussi avec … succès. Au total 25.012 jeunes Camerounais vont bientôt intégrer la fonction publique et l’administration. Que lui apporteront-ils ? Du sang neuf ? Un nouvel esprit ? Une nouvelle mentalité ? Sera-telle à son tour contaminée par le virus de la corruption, de la fraude et des détournements de fonds ? En définitive, la République exemplaire ne sera pas possible sans une administration exemplaire.

Christophe MIEN ZOK

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