Après près de deux décennies de baisse de production, le cacao camerounais a repris le chemin de la performance ces 7 dernières années à la grande satisfaction des producteurs et des pouvoirs publics.
Selon les experts du Conseil interprofessionnel du cacao et du café (Cicc), le Cameroun est parmi les principaux producteurs de cacao, le pays a enregistré la plus grande progression au cours de ces dernières années. Depuis cette période en effet, le niveau de production augmente en moyenne de 15% au fil des années. La production nationale qui tournait autour de 160 000 tonnes par an est passée à 180 000 t en 2008, 190 000 t en 2010. Un pointage effectué en avril 2011 au niveau du guichet des exportations, faisait état de flux de 215 000 t vers l’étranger. Au cours de la même période, l’action du ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, auprès des différents intervenants de la filière, a permis aux producteurs locaux de retrouver le sourire car le prix garanti aux producteurs, est passé de 700 F à 1500 F l’année dernière. Ce qui est une réelle satisfaction pour les pouvoirs publics qui ont mis de nombreux moyens, des programmes et des projets afin de relancer cette filière hautement lucrative et qui a participé au boom économique du Cameroun dans les années 70. En effet, après la période faste de la cacaoculture camerounaise au cours de laquelle le gouvernement a créé l’Office national de commercialisation des produits de base (Oncpb) et mis en place le Fonds Stabex pour garantir un prix décent aux producteurs, le secteur s’est effondré avec la baisse drastique des cours mondiaux au cours des années 80. La crise économique ayant frappé le pays dès le début de la seconde moitié des années 80, les pouvoirs publics ne pouvaient plus continuer à soutenir à bout de bras, un secteur devenu trop lourd à gérer. Cette situation a conduit les planteurs à se détourner progressivement de cette culture de rente qui ne rapportait plus grand-chose. Mais les pouvoirs publics ont refusé de céder au découragement. C’est ainsi que dès le retour du pays à la prospérité économique, le gouvernement, conscient du potentiel du Cameroun et des retombées que le pays peut tirer du cacao, a décidé de relancer la culture dans les principaux bassins de production que sont les régions du Sud Ouest, de l’Est, du Centre et du Sud.Les chemins de la relanceParallèlement, un cadre incitatif a été mis en place pour la régénération des vergers, l’encadrement des producteurs et la relance de la production avec des plants améliorés nettement plus rentables à l’hectare et pouvant produire au bout de trois ans. Des moyens conséquents ont été mis à la disposition de l’Institut de recherche agricole pour le développement (Irad). La Société de développement du cacao (Sodecao) qui semblait essoufflée, a été remise en selle ces dernières années. A ce jour, de nombreux producteurs ont reçu à moindres coûts, des plants améliorés de cacaoyers. Au regard des résultats probants obtenus, la demande est de plus en plus pressante. Le Projet d’appui à la protection du verger cacao café, le Fodecc et l’Office national de cacao café ont également pour rôle de concourir à la relance et au développement de la culture du cacao au Cameroun. La Banque agricole en gestation, les tracteurs issus de l’usine de montage et la refonte du régime foncier prescrite par le chef de l’Etat vont davantage concourir à l’extension des exploitations.Au vu des résultats obtenus en quelques années, tout laisse croire que le Cameroun est sur la bonne voie. Mais le pays ne compte pas dormir sur ses lauriers ; l’objectif à terme étant carrément de doubler le volume de production actuel à moyen terme. Ce qui semble largement à la portée du pays car de plus en plus de Camerounais se lancent dans la cacaoculture qui est un investissement hautement rentable et sûr. En plus, le produit grade 1 se vend à 1500 F le kilo ; un prix jamais atteint auparavant. Ce qui est à n’en point douter, une source de motivation supplémentaire pour les producteurs dont les plantations atteignent le cycle de production dès la troisième année et même avant. Toutefois, au-delà du défi de la production de cette matière première précieuse, il apparait tout aussi important de s’attaquer au volet de la qualité du produit. En effet, si tout le monde s’accorde sur la très bonne qualité de la fève camerounaise, certains comportements à savoir le mauvais procédé de fermentation et de séchage des fèves et l’intrusion des « coxeurs », ces intermédiaires véreux qui achètent le produit dans des conditions peu recommandables, peuvent venir ternir l’image de marque d’un produit que les chocolatiers européens s’apprêtent pourtant à octroyer un label de qualité à l’international. L’action de sensibilisation des producteurs initiée par l’Oncc et le Fodecc demandant aux producteurs de ne plus sécher les fèves sur le goudron et à l’aide de la fumée est salutaire. L’exigence de la qualité du cacao camerounais passe par là.
Claude Mpogué