Malgré l’attente plus ou moins longue de ce gouvernement d’après élection présidentielle, sa publication a eu le même effet tant chez les postulants qu’au sein du public …la surprise.
Il est presque 20h au centre ville de Mbankomo. En ce vendredi, nombreux sont les compatriotes qui prennent la route pour le week-end. De grosses cylindrées à l’intérieur desquelles on peut apercevoir des hauts responsables de la République se suivent. Le trafic est intense puis soudain, aucune voiture ne passe. On aurait dit que le temps a suspendu son vol. Effectivement, vers 21h30 mn, quelques coups de fil suffisent à être fixé. Sur le poste national de la Crtv, la réorganisation du gouvernement est en train d’être rendue publique. Pendant que nous cherchons à regagner la capitale, certains des véhicules que nous avions vu passer plus tôt, font le même itinéraire dans le sens inverse, cette fois à vive allure. 23h, le nouveau gouvernement est donné. Nous savons qui est resté et qui est parti. Venant de Mbankomo, nous marquons un premier arrêt à Obobogo, chez André Mama Fouda. C’est le plus proche. Malgré les réfections en cours sur cet axe Colombia-carrefour Damas, les voitures sont alignées jusqu’au passage à niveau des rails. Un monde fou s’est donné rendez-vous comme s’il était dans les parages au moment de l’annonce. Dès la bretelle qui mène chez le ministre, des jeunes garçons accueillent tous ceux qui débarquent avec des casiers de bière en demandant leur goût. « En réalité, nous sommes très contents parce que les gens racontaient partout que le ministre va partir. Le président leur a fermé la bouche à tout ce monde. Qu’ils parlent encore », lance Marguerite Mimboé, une proche de la famille, toute dégoulinante de sueur malgré la fraîcheur ambiante. Le ministre est retiré à la véranda d’un appartement où il devise, l’air serein avec ses collaborateurs et de nombreux frères du département. Lorsque nous allons vers lui pour présenter nos félicitations, il nous lance « vous êtes en haut au Comité central. Combien sont montés ? » Finit-il par demander.Montée « maison blanche » à Biyem-Assi. C’est la présence des voitures qui averti de quelque chose qui se passe ici. Nous sommes chez le nouveau patron de l’Administration territoriale et de la décentralisation, René Sadi. Contrairement au brouhaha de chez Mama Fouda et lorsqu’il fut nommé Secrétaire général du Comité central du Rdpc, c’est un calme plat. De nombreux invités entrent pendant que d’autres, arrivés plus tôt repartent. Le Minatd reçoit dans son canapé, entouré de quelques fidèles. Le sourire en coin, il s’adonne aux interviews à tour de rôle à des journalistes venus nombreux. Seuls deux ou trois personnes dont le chef du protocole Ebodé Claude sont au service. Le champagne coule lui aussi à flots, même s’il y a peu de candidats pour le consommer. L’ambiance assez lourde nous oblige à mettre le cap sur le quartier Eleveur. Comme il fallait s’y attendre, les bruits des balafons, tam-tams et autres tambours sans oublier ceux des flutes des dizaines de groupes de danses débarqués ici très tôt, nous apprend-on, accueillent les nouveaux-venus à des centaines de mètres. Dans son domicile sis fougerole, on peut mesurer la popularité du nouveau ministre de la Jeunesse et de l’éducation civique. On aurait dit que toute la Haute Sanaga s’est déversée sur les lieux. Des centaines d’autres citoyens qui ont gardé le contact avec Bidoung Mpkwatt exultent de bonheur. « Nous sommes en haut, nous sommes revenus. Dieu est grand. ». Heureusement que la cour est assez grande pour contenir cette foule estimée à près de 2.000 âmes. Malheureusement pour certains de ces fêtards, il n’y aura que de la boisson non alcoolisée ce jour-là. Ici aussi, de nombreux reporters tentent d’arracher quelques mots au ministre. Il s’y adonne à cœur joie. Entre temps, ses collègues ministres se relaient, pour se féliciter mutuellement. Il est un peu plus de 3h du matin lorsque nous arrivons chez notre nouveau patron, le Secrétaire général du Comité central du Rdpc. Ici c’est le village qui assure l’animation. Une animation très colorée. Le maître des lieux Jean Kuete, très décontracté lance à tous les arrivants, son sourire légendaire. Même s’il affiche quelques signes de fatigue, on imagine provoquée par la double émotion de sa sortie du gouvernement d’abord puis de sa promotion à la tête du Secrétariat du Comité central du Rdpc. En passant chez le Minrex Pierre Moukoko Mbonjo, ce sont les airs culturels Sawa qui font la loi. Nous nous contentons de quelques chorégraphies puis nous décampons, puisque le ministre nous dit-on, est chez le P.M. Chez Jacques Fame Ndongo, son maintien une fois encore au ministère de l’Enseignement supérieur n’empêche pas à ses collaborateurs, amis, frères, et même des curieux de passage de se réjouir. « Ce n’était pas évident puisque personne ne sait à l’avance de ce que décidera le chef de l’Etat. C’est pour cela que nous jubilons », déclare Michel, venu de Mvan. D’une manière générale, toute la nuit et jusqu’au matin, ça dansé, bu, mangé, et chanté chez les nouveaux promus ou chez ceux à qui le président de la République a renouvelé sa confiance.
WILLIAM MONAYONG
