Avec l’élargissement des collèges électoraux à tous les militants des organes de base, on passe du suffrage indirect au suffrage direct. Adieu les grands électeurs !
Dès sa création à Bamenda en 1985 le RDPC a fait de la démocratie son credo. Année après année, Congrès après Congrès, d’une décision à l’autre, résolution après résolution, la démocratie se consolide et se renforce un peu plus au sein du Parti. Tout le monde se souvient de la pluralité des candidatures instaurée dès le renouvellement des bureaux des organes de base de 1986.Personne n’a oublié les joutes internes et le bouillonnement démocratique qui agitent régulièrement le Parti à l’occasion de la présélection des ses candidats avant certaines échéances. Ces « primaires » sont devenues le baromètre par excellence de la vitalité démocratique en vigueur au sein du RDPC.A la faveur des textes signés le 14 mars dernier par le Président national, le Parti vient de franchir un nouveau palier en matière de démocratie interne, à travers notamment l’élargissement des collèges électoraux.Pour comprendre la nouvelle mutation qui va bouleverser de fond en comble le fonctionnement et l’animation du parti, un rappel s’impose. Jusqu’à présent, seules certaines catégories de militants étaient électeurs à l’occasion des consultations internes du Parti. Pour être précis, il s’agissait de collèges électoraux constitués uniquement de présidents de comités de base ou de membres des bureaux de certains organes en fonction de l’élection. Autrement dit, le militant de base n’avait pas voix au chapitre sauf au niveau de la cellule. Il ne participait pas directement au choix des responsables du Parti ni à celui des candidats du Parti aux différentes consultations populaires. De « grands électeurs » s’exprimaient donc au nom du militant de base avec tout ce que cela comporte comme dérives et insuffisances. Certaines modifications intervenues dans les textes de base viennent mettre un terme à cette situation. Du suffrage indirect on passe donc au suffrage direct puisque tous les militants d’un organe de base seront désormais électeurs en cas de consultation. Illustration : le collège électoral du bureau d’une section comprenait les présidents de comité de base, les membres des bureaux des sous-sections et les membres du bureau sortant de la section. Ce collège électoral n’est plus limité ; il s’élargit maintenant à tous les militants de la section. Il en est ainsi de chaque circonscription politique ou organe du Parti (cellule, comité de base, sous-section) et de ses organisations spécialisées.Cette avancée démocratique ne présente que des avantages : l’harmonisation du mode d’élection des organes de base, le renforcement de la démocratie au sein du Parti, le renforcement de la légitimité politique des présidents des organes de base, la neutralisation de la pratique des organes de base fictifs, la réduction de la corruption et de l’achat des voix etc.Derrière ces avantages se profilent néanmoins à l’horizon deux grands défis pour le Parti : la promotion de la vente des cartes d’adhésion et de cotisation ainsi que la nécessaire tenue d’un fichier des militants dans chaque organe. Depuis plusieurs années, les responsables locaux à tous les niveaux ont plus ou moins tourné le dos aux opérations de placement des cartes. Les multiples campagnes d’adhésion lancées par la hiérarchie du Parti ne sont pas toujours parvenues à susciter plus d’engouement en la matière. Sporadiquement, quelques élites ou militants en quête de suffrages passaient au siège du Parti acquérir des cartes à la veille de grandes échéances. Les efforts retombaient dès le lendemain. Résultat : très peu de militants détiennent des cartes d’adhésion ou de cotisation. Le préjudice n’est pas seulement politique, il est aussi financier car qui dit placement de cartes dit espèces sonnantes et trébuchantes pour le plus grand bien des caisses des organes concernés.Autre défi et non des moindres lié à cette innovation : l’organisation des élections internes. Avec des collèges électoraux de plus en plus larges, le Parti va devoir renforcer ses capacités internes en matière d’organisation des élections libres et transparentes, sans oublier l’incidence financière de ces opérations. C’est le prix à payer pour continuer à mériter l’appellation de parti démocratique. La conséquence immédiate de tous ces changements consiste en l’impression de nouveaux textes de base du parti revus et corrigés. Il ne restera plus aux militants que de se les approprier avant les prochaines échéances internes.
Christophe Mien Zok
Christophe MIEN ZOK