Site Web Officiel du Journal L'Action
La Politique

SDF : Retour à la logique de la rue

 Faute d’avoir pu imposer ses amendements anticonstitutionnels à
l’Assemblée nationale, le parti de Ni John Fru Ndi  entend maintenant
organiser des manifestations de rue pour protester contre le code
électoral.

Décidément, les habitudes ont la peau dure. Ainsi, le Social Democratic Front de Ni John Fru Ndi, un parti politique (minoritaire) représenté à l’Assemblée nationale envisagerait de « Marcher contre le code électoral ». Entre autres résolutions de la réunion des membres du Comité exécutif national réunis à Bamenda le week-end dernier, l’organisation des manifestations de rue dans les principales villes du pays, à Yaoundé notamment, pour protester contre ce qu’il appelle, la « Forfaiture du gouvernement RDPC » ( ?). Le constat est donc effarent, l’accès des militants du Social Democratic Front aux conseils municipaux et à l’hémicycle de l’Assemblée nationale semble n’avoir eu aucun effet sur leur comportement…politique. En dépit des années passées dans les institutions, les membres du parti du poing levé n’ont véritablement jamais abandonné la logique de la rue que l’on croyait désormais laissée à l’usage de formations politiques ne disposant d’aucune tribune. Finalement, cela semble ne servir à rien d’offrir aux militants du SDF, ni les tribunes de l’hémicycle de Ngoa Ekelle, ni même les ondes de la télévision et de la radiodiffusion d’Etat pour exprimer leurs opinions sur la vie de la nation. Le Cameroun est pourtant l’un des rares pays en Afrique où les médias de service public sont mis à la disposition des partis politiques représentés à l’Assemblée nationale, qui en usent et en abusent d’ailleurs pour critiquer ouvertement le chef de l’Etat, le gouvernement et le parti au pouvoir, en toute impunité et sans censure aucune ! Tout cela, visiblement, ne suffit plus au SDF qui entend maintenant se débarrasser de cette camisole de force et revenir à ses premiers amours : la rue.Chassez le naturel…Avant, le parti de Ni John Fru Ndi avait tout essayé en matière de « politique spectacle » à l’Assemblée nationale. En plus de s’abstenir de voter des lois parmi les plus importantes dans la vie de la nation, y compris le budget, les députés SDF ont très souvent pratiqué la politique de la chaise vide en sortant de l’hémicycle. Cela faisait néanmoins un bon bout qu’ils n’avaient pas expérimenté leur dada ; jusqu’à ce fameux vendredi, 13 avril 2012, jour de la tenue de la séance plénière d’adoption du code électoral. Plénière au cours de laquelle ils ont quitté la salle, signe de protestation contre le code électoral. Le SDF et l’UDC d’Adamou Ndam Njoya avaient pourtant examiné entièrement le projet de loi en commission, sans offrir le spectacle de « députés voyous » auquel Patricia Tomaïno Ndam Njoya et Jean Michel Nitcheu se sont livrés en plein hémicycle, encouragés par la présence des caméras et des photographes. A parement donc, le SDF et certainement les autres micro particules avec lesquels il s’était réuni à Bamenda il y a quelques semaines, ont décidé de changer de tactique. Les militants du parti de Bamenda, croit-on savoir, espéraient voir le président de la République renvoyer le texte à l’Assemblée nationale « Pour une seconde lecture » (?) voire une troisième, jusqu’à ce que des dispositions purement anticonstitutionnelles telles, la limitation des mandats du président de la République, la majorité électorale à 18 ans au lieu de 20 prévue par la loi fondamentale, l’élection présidentielle à deux tours y soient intégrées, de même que le bulletin de vote unique. Des dispositions que les députés n’ont pas pu faire introduire dans la loi, du fait de leur inconstitutionnalité avérée pour certaines et de leur impertinence.  StratégieEn fait, toute la stratégie de Mbah Ndam, le vice-président SDF de l’Assemblée nationale et des autres députés SDF reposait sur le maintien des dispositions de l’article 161 (4) du projet de loi déposé par le gouvernement. Rappelons que l’alinéa 4 dont il s’agit et qui a fait des gorges chaudes à l’Assemblée nationale prévoyait ni plus ni moins, la déchéance du député et de son suppléant, en cas de démission ou d’exclusion de son parti. Une disposition jugée anticonstitutionnelle, l’article 15 (3) de la Constitution disposant que « Tout mandat impératif est nul ». Le député Mbah Ndam et ses camardes du SDF souhaitaient voir le gouvernement s’entêter à faire passer une disposition anticonstitutionnelle pour exiger à leur tour, l’introduction dans le texte de loi, d’amendements anticonstitutionnels. Mal leur en a pris, les députés membres du groupe parlementaire RDPC sont restés vigilants. Ils ont demandé le retrait de l’alinéa 4 de l’article 161. Le gouvernement a compris et la disposition a été retirée, coupant l’herbe sous les pieds de Mbah Ndam et des autres qui n’avaient plus rien à faire que de sortir de l’hémicycle.On comprend dès lors que faute d’avoir pu faire passer leurs amendements anticonstitutionnels, les militants du SDF jugent le nouveau code électoral bon pour la poubelle. Sa promulgation  par le président de la République apparaitrait d’ailleurs aux yeux de Ni John Fru Ndi et ses camarades comme une véritable « provocation ». En tout cas, de quoi pousser le parti de Bamenda, à en croire son premier vice-président, « A suspendre l’article 3 de [ses] statuts parlant de la conquête du pouvoir par les élections et la protection de la patrie ». Au propre comme au figuré, le SDF dit ne pas être loin de s’installer dans la violence qui est, soit dit en passant,  son mode d’expression favori et, pourquoi pas, de verser dans la déstabilisation…Vous avez dit chantage et surenchère ? Allez-y donc, vaillants camarades !*
Simon Meyanga

Simon Meyanga

Articles liés