Footballeur émérite des années 80, capitaine emblématique des Lions Indomptables du Cameroun, du Canon de Yaoundé qu’il dirigea pendant près de dix-neuf ans et qui su faire la transition entre le foot et la politique a définitivement quitté ce monde le 15 novembre 2012. L’Action revient sur l’ambiance qui a régné à son domicile, à la mairie et à la permanence du Rdpc de Nkolndongo ce jour fatidique.
La nouvelle a parcouru la ville de Yaoundé en un tour éclair. Dès les premières heures de ce jeudi 15 novembre 2012, l’annonce du décès de Théophile Abéga Mbida a été répandue telle une traînée de poudre. Et comme si les gens s’y attendaient, ils ont convergé rapidement vers son domicile sis à Nkomo pour se rendre compte de l’incroyable effectivité du drame. Premier arrêt, la maison familiale. Deux tentes aux bâches bleues en ce début d’après midi. L’atmosphère est lourde, chargée d’émotion, mais tout le monde observe un calme ahurissant. On imagine que la brutalité du décès tétanise encore et force le respect vis-à-vis de la mémoire de l’homme qui s’en va. Au dessus de la porte centrale de cette maison familiale qui fait office de chefferie, est accrochée une grande photo de « Docta », l’homme politique en tenue du parti, dont il était le président de section Rdpc du Mfoundi 4, le sourire en coin. Un peu plus tard en soirée, une autre, un portrait grand format le montre sur le tapis rouge du palais de l’Unité, cette fois dans une tenue traditionnelle d’apparat. Les gens continuent d’affluer et se retrouvent en groupuscules. Ils se racontent des histoires en souvenir du défunt pour essayer de trouver la force de supporter cette douleur atroce. Les commentaires sous cape fusent de partout sur des histoires incroyables qui attribuent le décès d’Abéga à tel ou tel de ses adversaires politiques. Seuls bruits, le ronflement des moteurs de voitures sur la route qui passe juste à côté, et les voix échappant d’une fenêtre de la maison d’un groupe de mamans chantant des cantiques en Ewondo.Accrochage Pendant que l’affluence s’accroît, la première veuve d’avec qui Abéga avait divorcé semble t-il, débarque. Ce qui n’est pas du goût de l’actuelle belle famille. Elle a même réussit à faire un tour à l’hôpital quelques heures avant que celui qu’elle considérait encore comme son mari ne rend l’âme. Sa venue rajoute aux histoires drôles où se mélangent calomnie et diffamation. Sur ces entrefaites, en compagnie de leur fille aînée, fonce vers la résidence de Théophile située à quelques encablures de là et entreprend de vider la maison. Quelques parents de la deuxième épouse suivant la scène sonne l’alerte en appelant le sous-préfet de Yaoundé 4 qui s’amène quelques minutes seulement après, accompagné du procureur de la République. Sans autre forme de procès, ils apposent les scellés sur les portes. La tension entre les deux familles, loin de tomber, se ravive. On évite parfois d’en venir aux mains. Ce n’est que partie remise lancent les sœurs de la deuxième femme, qui doit arriver samedi ou dimanche. « On va régler ça », entend-on quelques fois. Collaborateurs consternésDu côté de Kondengui, entre la station service mobil et la mairie, on se rend compte tout de suite que quelque chose cloche. Le petit vieux qu’on confond le plus souvent à un policier et qui feint de diriger la circulation, frappant souvent les capots de voitures à cet endroit est absent de son poste. On le retrouve plutôt affalé sur l’une des vérandas à la mairie, pleure à chaude larme qu’il contamine tous ceux qui le voient, manquant de leur faire écraser une larme à leur tour. Les collaborateurs du maire n’en reviennent pas. Il leur manque de force pour faire quoi que ce soit. Le travail ici va prendre un sérieux coup pour quelques temps encore, ça se voit. Ambiance similaire à la permanence Rdpc de Kolndongo. Le portail reste grandement ouvert, comme si les maîtres des lieux voulaient inviter tous les passants à venir leur porter secours pour les aider à accepter la terrible réalité. Celui qui fut depuis près de cinq ans le symbole de leur espoir en réhabilitant ce bâtiment qui désormais leur procure un boulot, vient de les lâcher en plein vol. Ils redoutent un atterrissage brutal. Ce qui compromet leur avenir.
WILLIAM MONAYONG