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L'Editorial

Un grand corps malade :

Les Etats Généraux  de la Communication se sont donc achevés vendredi dernier au Palais de congrès de Yaoundé sur des recommandations pleines d’espoir et des résolutions très généreuses.. 

 Pendant trois jours, acteurs et partenaires, professionnels et institutionnels de la communication sociale ont ausculté ce « grand corps malade » que représente ce secteur d’activités. Le diagnostic est sans complaisance, le verdict sans appel tant le mal est profond. Il n’y aura d’ailleurs jamais assez de mots pour décrire et décrier les maux qui minent la communication camerounaise : manque de professionnalisme, précarité financière, illégalité, tolérance administrative, atteinte aux mœurs et à l’honorabilité des personnes, cadre normatif et institutionnel approximatif, déficit de formation, insuffisance des moyens… N’en jetez plus, la coupe est pleine. Tous ces dysfonctionnements récurrents et ces dérives quotidiennes ont fini par ternir l’image d’une profession dont l’un des fleurons, le journalisme, se définit comme « le plus beau métier du monde ». On se console comme on peut. En vérité et dans la réalité, le pacte de confiance entre les médias et le public Camerounais a été rompu depuis plusieurs années. Au Cameroun, le plus beau métier du monde s’est vautré dans la fange et s’est couvert de salissures à coups de compromissions et de violations de la déontologie. Les résolutions et recommandations issues de ces Etats Généraux – les derniers avaient eu lieu en 1994 – pourront-elles inverser la tendance ? Citons-en quelques unes en croisant les doigts : création d’un compte d’affectation spéciale pour la viabilisation des entreprises de communication, création d’un fonds de garantie d’aide à la communication (Fogaco), création d’une autorité de régulation, fin de la tolérance administrative, définition claire du statut du journaliste, création d’un ordre national des journalistes, création d’un statut spécial pour chaque corps de la communication, etc. On retiendra surtout « l’élaboration d’une charte sur la responsabilité citoyenne des médias et des professionnels de la communication comme un contrat moral passé entre les pouvoirs publics et les médias pour préserver l’essentiel des valeurs de solidarité, d’unité, de paix et de stabilité qui font la force de tout état moderne ». Vaste et ambitieux programme ! Heureusement, un comité de suivi des résolutions des Etats Généraux sera mis en place. Car l’enjeu et le défi majeurs de cette grand’messe sur la communication au Cameroun reposent sur le sort, l’application et le respect de ces belles résolutions. Lorsqu’on sait que certaines résolutions des Etats Généraux de 1994 ne sont toujours pas appliquées jusqu’aujourd’hui, on peut être sceptique. Mais l’engouement et l’enthousiasme observés ainsi que le contexte même des assises de Yaoundé permettent de penser et de croire que quelque chose va désormais changer dans le secteur. Certes les « brebis galeuses » ne disparaîtront pas du jour au lendemain. On a même vu certaines de ces brebis galeuses devenir professeurs de vertu et d’éthique le temps des Etats généraux! Pourvu que cela dure ! Certes les mercenaires de la plume, du micro et du net continueront leurs sales et basses besognes sous l’influence et la férule de leurs commanditaires pas toujours tapis dans l’ombre. Certes de nombreux pseudo-journalistes ont fait du lynchage médiatique et du mercenariat leur gagne-pain quotidien et il sera difficile de leur assurer une reconversion immédiate. S’ils ne sont plus des « tueurs à gages », que deviendront-ils? Qu’importe ! Au moins, le cap est tracé, l’horizon est fixé : il faut maintenant se donner les moyens de garder l’un et d’atteindre l’autre, aussi lointain et incertain soit-il.Si les Etats Généraux permettent au « grand corps malade » qu’est la communication camerounaise d’amorcer la phase de convalescence, alors ils auront atteint leur but. Quant à la guérison définitive, il va falloir attendre encore quelque temps puisque la maladie vient au galop et s’en va à petits pas. Un premier grand pas vient d’être franchi. 
CMZ

Christophe MIEN ZOK

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