Le président de la République n’a pas eu besoin de gesticuler, encore moins, de la politique spectacle pour obtenir, avec la collaboration de la France et du Nigeria, la libération des 7 touristes français enlevés en février 2013 et emmenés au Nigeria voisin.
On l’aime ou on ne l’aime pas, c’est finalement le ministre de la Communication qui a eu le fin mot sur le dénouement heureux de cette affaire. Au cours du point de presse organisé le 19 avril à 14 heures dans ses services, Issa Tchiroma Bakary a annoncé la bonne nouvelle de la libération des otages en lançant en direction de ceux qui tenaient à en savoir plus sur les conditions de cette libération : « Je voudrais qu’on se focalise sur l’utile et non sur l’accessoire. Ceux qui étaient otages hier ont été libérés aujourd’hui, peu importe la manière dont ils ont été libérés ».Peu importe donc de savoir si une rançon avait été versée, encore moins, quel en était le montant. Bien entendu, les autorités et les services de sécurité n’ont laissé transpirer aucune information sur la question. Du coup, chacun, chaque organe d’information croit tenir un bout de vérité, même si, pour l’heure, cela ne s’apparente qu’à des supputations, de simples conjectures et, pourquoi pas, de purs cancans.L’important donc, c’est que les membres de la famille Moulin Fournier respirent l’air de la liberté depuis le 19 avril 2013. Le président Paul Biya, qui a reçu les désormais ex-otages en présence du ministre français des Affaires étrangères, a salué le dénouement heureux qui est « incontestablement le fruit d’une coopération exemplaire entre les gouvernements français, nigérian et camerounais ». Et le chef de l’Etat camerounais de préciser que les services des différents pays « ont fait preuve d’une remarquable efficacité et de beaucoup de discrétion ».Efficacité et discrétion, voilà résumée en deux mots, ce que les spécialistes de bonne foi appellent la « méthode Biya ». Car, on ne le dira jamais assez, le président de la République du Cameroun n’est pas homme à gesticuler. Le spectacle dans la gestion qu’il veut efficace des affaires de l’Etat ne l’intéresse pas. Et ce n’est pas l’enlèvement le 19 février 2013, de 7 touristes français au lieu dit Sabongari, situé à sept (07) km au Nord de la localité de Dabanga, sur la route nationale N°1, qui longe la frontière terrestre entre le Cameroun et le Nigeria, qui aurait changé quoi que ce soit au rythme présidentiel. Non pas que le chef de l’Etat camerounais accorde peu d’importance à cet acte de banditisme transfrontalier dont les échos ont fait le tour du monde, au contraire ! Paul Biya, qu’il soit compris et entendu ainsi, préfère l’efficacité, la discrétion et la pondération à la jactance, à l’affichage et au ramdam inutile. La preuve des résultats de cette méthode, on la tient encore avec la libération des otages, de tous les otages enlevés dans l’Extrême-Nord du Cameroun. Normal donc, que le ministre de la Communication, au-delà de l’humilité, au-delà de la pondération dont a fait montre le chef de l’Etat après la libération des otages et au-delà de la célébration de l’action concertée entre trois pays, a parlé de cette libération comme un trophée, une victoire du président Paul Biya « qui a su diligenter les négociations ». De quoi couper l’herbe sous les pieds de tous ceux qui, dans l’ignorance quasi totale du fonctionnement des institutions au Cameroun, croyaient pouvoir profiter de la situation dramatique, condamnable et regrettable de l’enlèvement des 7 Français pour véhiculer une image inexacte du président Paul Biya. C’est aussi les mêmes qui, toute honte bue, essayent de relativiser le rôle central joué par le président Paul Biya dans la libération des otages français. Dans quel but ? Ils le diront certainement un jour. Mais, pour l’heure, ce que ces agitateurs doivent savoir, c’est que Paul Biya du Cameroun n’est pas homme à transformer en avantages et en plus-value politiques, des situations du genre de celle qui a mis en danger sept vies d’innocents citoyens français qui se trouvaient sur le sol camerounais.Bien entendu, certains analystes locaux auraient aimé voir le chef de l’Etat camerounais parader à la télé, donnant des points de presse, organisant en grande pompe des réunions de crise et, au besoin, prendre son hélicoptère pour descendre lui-même à Dabanga pour toucher du doigt et voir de près la réalité du terrain. Et, pendant qu’on y est, troquer son costume cravate contre treillis, casque et bottes de soldats pour prouver à l’on ne sait quel incrédule qu’il est véritablement le chef de l’armée qui contrôle les opérations. Gesticuler inutilementDe même, ils auraient aimé voir le chef de l’Etat en personne aller accueillir les otages à l’aéroport, plutôt que d’y dépêcher le ministre secrétaire général de la présidence de la République ! Ce spectacle, nous dit-on, aurait au moins l’avantage de « rassurer » les Camerounais et les touristes! Et au cas où Paul Biya ne se prêtait pas à ce spectacle-là, leur conclusion n’aurait alors qu’à couler de source : Absence, désintérêt et insouciance… Cette analyse simpliste et erronée de l’attitude du chef de l’Etat dans la gestion du dossier des 7 otages français n’enlève pourtant rien à l’efficacité des actions menées et coordonnées par le président de la République ; des actions couronnées par le succès que l’on sait. Le chef de l’Etat travaille. Il s’appuie sur des institutions qui fonctionnement normalement pour conduire les affaires de la République. Pas besoin pour cela de gesticuler inutilement. C’est la raison pour laquelle, des sources bien informées indiquent d’ailleurs que le président de la République, une fois informé de la situation, a instruit des mesures urgentes pour rechercher les otages. Le dispositif sécuritaire en place dans la région a été renforcé, le gouvernement camerounais est resté en contact permanent avec les autorités nigérianes et françaises. Et pour faire tout cela, on n’a franchement pas besoin de toute une mise en scène. Paul Biya ne mange pas de ce pain-là. En véritable homme d’Etat, il sait très bien que ce qu’il fallait faire en pareille circonstance, ce n’était pas de céder à l’émotion, mais d’agir. Et il a agit avec efficacité. Les événements lui ont donné raison, notamment sur la nécessaire discrétion dans la gestion de ce dossier délicat. C’est ce sens de la mesure qui vaut au Président Paul Biya de ne jamais s’emballer dans ce qui a été qualifié de « folle rumeur » de la libération avant la véritable libération des otages et au gouvernement, de rassurer l’opinion sur les mesures mises en œuvre pour garantir la sécurité des personnes, en particulier des touristes, sur toute l’étendue du territoire national. Paul Biya a réitéré et réaffirmé sa détermination à « ne ménager aucun effort pour que le Cameroun demeure une terre d’hospitalité, de tolérance, de stabilité et de paix ».
Simon Meyanga