L’opinion publique débat actuellement sur la tenue ou non des primaires pour le choix des candidats du RDPC aux élections législatives et municipales. Le Parti, qui sait mieux que quiconque l’intérêt de cette étape dans le processus électoral, adoptera une démarche qui lui permettra de mieux vaincre ses adversaires.
Dimanche 2 juin 2013, deux militants de base du Parti ont âprement débattu à l’émission Scènes de presse, diffusée sur la Crtv télé. Leurs positions, tranchées, tournaient pour l’un autour du rôle essentiel des militants dans la sélection des candidats au cours des primaires et pour l’autre, sur l’option d’une investiture directe des candidats du RDPC par le Comité central. Sur le plateau, certains ont qualifié cette option de rétropédalage du RDPC, alors même que le parti n’a pas encore dit quelle sera sa préférence.Au-delà de la volonté plusieurs fois affirmée et des actes concrets du président national à accorder chaque jour davantage plus de pouvoir à la base dans le choix de ses représentants, il convient, avant toute chose, de revisiter les dispositions des textes de base du RDPC, revus lors du troisième congrès ordinaire des 15 et 16 septembre 2011 et rendus exécutoires par une décision du président national le 14 mars 2012. En effet, l’article 58 du règlement intérieur stipule, dans son premier alinéa : « Sans préjudice des dispositions de l’article 27 des statuts (spécifiques à l’élection du président national, Ndlr), le Comité central accorde l’investiture aux différentes consultations électorales. Il peut investir un ou plusieurs candidats du parti pour un même siège ou présenter une ou plusieurs listes. » Sur les modalités devant aboutir à cette investiture, l’article 2 des dispositions générales du règlement intérieur, dans son alinéa 2, arrête que « A tous les échelons, le parti pratique, encourage la libre discussion, le débat d’idées et le libre choix des dirigeants sur la base des critères de compétence, de militantisme, d’efficacité, d’abnégation, de moralité, de patriotisme, de loyalisme envers les institutions de la République et du Parti. » Autrement dit, il revient aux militants, à tous les militants, conformément aux nouvelles dispositions du règlement intérieur, l’article 32 notamment, de désigner les responsables de base ou de choisir les représentants du Rdpc aux consultations organisées sur le plan national. Une innovation contenue dans la résolution de politique générale du 3ème congrès ordinaire, qui préconisait « L’élargissement et l’harmonisation de la composition des collèges électoraux des organes de base dans un souci de démocratie accrue. » Et pour renforcer ce rôle de la base et promouvoir davantage de démocratie interne, le règlement intérieur du parti, toujours en son article 58, alinéa 2, dispose que « Pour les élections locales, le Comité central peut sous sa supervision, habiliter les organes de base du Rassemblement démocratique du peuple camerounais à accorder l’investiture à un ou plusieurs candidats du Parti pour un même siège ou à une ou plusieurs listes. »On le voit bien, au centre du processus se trouvent la base et le Comité central qui, selon l’article 25 des statuts et 56 du règlement intérieur, « est doté d’un secrétariat général, placé sous l’autorité du président national. Il est l’organe exécutif du comité central. A ce titre, il est chargé notamment de la mise en œuvre des décisions du Comité central et de l’administration du parti. »Marche à suivrePeut-on légitimement dénier au secrétariat général, qui travaille sous l’autorité du président national, le droit de procéder à l’investiture des candidats du Rdpc, comme a semblé le soutenir à la télé un militant qui s’est présenté comme un responsable de base ? Encore que, même en organisant les primaires, il n’est nulle part prévu que le choix des militants à la base passe comme lettre à la poste ! Il y a toujours, au bout du processus, l’incontournable investiture qui est la preuve, l’assurance de la confiance que le parti accorde à ses candidats, quelle que soit l’élection. C’est aussi par ces arbitrages du secrétariat du Comité central que les différents équilibres sont respectés, que les minorités et autres couches sociologiques sous-représentées peuvent être prises en compte. En tout état de cause, même si, sous la pression des dispositions de la loi, le parti ne dispose plus d’assez de temps pour organiser des présélections ou primaires telles qu’il l’a fait par le passé, il va sans dire que le choix des candidats se fera avec l’onction de la base. Peut-être pas à travers des primaires électives, mais davantage une étude minutieuse des dossiers de candidature, en privilégiant, comme mentionné plus haut, la compétence, le militantisme, l’efficacité, l’abnégation, la moralité, le patriotisme, le loyalisme envers les institutions de la République et le Parti.Ces paramètres, aussi importants les uns que les autres, sont scrutés par l’administration du Parti. Elle y travaille, afin de répondre à la fois aux aspirations de la base – qui peuvent parfois être divergentes d’une section à une autre – et à l’intérêt supérieur du Rdpc. Les militants doivent attendre sereinement que la haute hiérarchie montre la voie à suivre. Et cela ne saurait tarder.
William Pascal Balla