En dépit de la disqualification de ses listes à l’Ouest et dans l’Adamaoua, le Rdpc a géré avec maestria les premières élections sénatoriales du pays. De la sélection des candidats à la tenue de la session de plein droit du Sénat, en passant par les investitures, la campagne électorale et l’élection proprement dite.
Tout est donc bien, qui finit bien. Les élections sénatoriales sont derrière nous. Une épreuve pour le Rdpc qui en est finalement et malgré tout, sorti vainqueur haut la main et sans bavure. Et pourtant, quelle frayeur ! Que de critiques sur la gestion d’un processus à la fois complexe et délicat !Dès le lendemain de la convocation du corps électoral par le chef de l’Etat, le Rdpc, comme les autres formations politiques en lice dans l’élection des sénateurs n’avait que quelques jours pour relever le pari de la confection de ses listes. Une circulaire du président national organisait avec méthode le processus. La grosse machine du parti n’avait plus qu’à mettre tout cela en musique pour aboutir au final, au choix des candidats, les mieux à même de répondre aux attentes de l’institution sénatoriale au Cameroun. Conformément aux orientations du président national, toutes les instances mises en place en vue de l’organisation de l’investiture ont fonctionné normalement. Les commissions régionales de réception, d’analyse et d’évaluation des candidatures ont fait le boulot. La commission centrale de supervision a suivi, travaillant d’arrache-pied, souvent jusque très tard dans la nuit, pour examiner et synthétiser tous les rapports venus des régions et préparer les dossiers à soumettre à la commission nationale d’investiture. Une vraie meute, ces candidats à la candidature qui ont pris d’assaut les commissions régionales pour solliciter l’investiture du parti. C’est finalement en tout, 65 listes qui ont été déposées, soit 910 dossiers individuels sur l’ensemble du territoire national ! Il faillait dépouiller tout cela, pour ne retenir que des candidats dignes de confiance et capables de se hisser à la hauteur de l’institution sénatoriale. Dénicher dans ce flot de candidatures, des hommes et des femmes qui méritent la confiance du parti et celle des électeurs. Une affaire d’équilibrisme politique et de savant dosage socioculturel dont le succès n’était pas garanti. Le Rdpc est certes la première force politique du pays, mais rien n’était donné d’avance. En termes de représentation sociologique, les listes des candidats investis par le parti se sont à la fin avérées équilibrées à travers un savant dosage entre anciens ministres, hauts fonctionnaires, hommes d’affaires et militants du parti. La plupart ayant été choisis pour leur stature, leur militantisme, leur moralité et surtout pour leurs états de services dans le parti. Le critère genre a aussi été respecté dans les dix régions. 19 femmes titulaires sur les 140 candidats investis par le Rdpc et 25 suppléantes soit un total de 44 sur les 140 en valeur absolue et 31,42% en valeur relative. Un pourcentage conforme aux normes internationales en la matière…Et puis, il y a eu cette décision, pour des raisons internes, de ne pas accorder, sans aucune exception, l’investiture à tous les députés candidats aux sénatoriales. Les « honorables » ne l’ont pas toujours compris, qui ont pensé à une sorte d’ostracisme, le Rdpc ne souhaitait pas vider, fragiliser et dévaloriser l’Assemblée nationale au profit du Sénat.Ensuite, il y a eu cette fois, la véritable frayeur. Oui, le Rdpc a bien transpiré, surtout après la disqualification des listes de ses candidats dans les régions de l’Ouest et de l’Adamaoua par Elections Cameroon, d’abord, puis par la Cour suprême siégeant comme Conseil constitutionnel ensuite. La nouvelle a fait l’effet d’une bombe. Le Rdpc, parti au pouvoir était dos au mur ! Personne n’osait croire que le puissant parti au pouvoir accepterait le verdict du Conseil constitutionnel. Passées les conjectures et les supputations, les Camerounais sont revenus sur terre pour se rendre à l’évidence : le Rdpc, en dépit de sa position de parti au pouvoir, n’en est pas moins un justiciable. Le Rdpc, en parti républicain respectueux des institutions « a pris acte » de ces décisions et a retenu la leçon pour l’avenir. Le parti n’est-il pas géré par des hommes ? Il lui restait à concentrer ses forces dans huit régions sur dix, non sans avoir eu, en tant que parti majoritaire à l’Ouest, son mot à dire dans l’élection des sénateurs de cette région. Le secrétaire général du Comité central, Jean Nkueté, l’a indiqué aux militantes et militants de l’Ouest le 10 avril 2013 à Bandjoun, le Rdpc a encouragé ses conseillers municipaux à un vote de responsabilité, « Un vote pour le progrès de la démocratie, un vote en faveur de l’unité et de la paix. Bref, à un vote qui privilégie l’intérêt général du Rdpc et qui encouragent les formations politiques dont les pratiques et le fonctionnement se rapprochent le plus du modèle républicain ». L’Udc de Ndam Njoya était perdue.Le reste, on le connait. Dans huit régions sur dix, le Rdpc a raflé toute la mise, devenant ainsi la première force politique au Sénat. Un événement fêté au siège du parti dès la fin de la proclamation des résultats officiels par le Conseil constitutionnel.
Simon Meyanga