La formule choisie par le président national du RDPC offre l’avantage de tenir aussi bien compte du choix des militants de la base que des contraintes matérielles.
Tout le monde attendait la convocation du corps électoral par le président de la République. Que ce soient les candidats ou les administrations impliquées dans l’organisation des élections législatives et municipales, personne n’était ignorant que le décret finirait par tomber. Pourtant, à la panique observée dans les différents états majors, on comprend aisément qu’ils ont tous été surpris –c’est un euphémisme- par les délais. Quinze jours, selon la loi, pour déposer les dossiers auprès d’Elections Cameroon (Elecam), l’organe chargé d’organiser les élections.Le RDPC est d’autant concerné par ledit scrutin que le parti de Paul Biya affiche son ambition de « raffermir son ancrage populaire en tant que parti-leader participant résolument à la construction d’une République exemplaire, égalitaire et soucieuse de l’ensemble de toutes ses composantes ». Autrement dit, il entend se doter d’une majorité confortable au sein de la représentation nationale et dans les communes, tout en veillant à « porter à ces fonctions les militants les plus méritants, c’est-à-dire sur la base des critères de compétence, de militantisme, d’efficacité, d’abnégation, de moralité, de patriotisme, de loyalisme envers les institutions de la République et du Parti ». Il aurait donc dû revenir aux militants, à tous les militants, conformément aux nouvelles dispositions du règlement intérieur, l’article 32 notamment, de désigner les responsables de base ou de choisir les représentants du Rdpc aux consultations organisées sur le plan national. Une innovation contenue dans la résolution de politique générale du 3ème congrès ordinaire, qui préconisait « l’élargissement et l’harmonisation de la composition des collèges électoraux des organes de base dans un souci de démocratie accrue. » Au vu de ces dispositions statutaires, certains étaient alors allés vite en besogne pour affirmer que le parti procèderait aux élections primaires à la base, pour procéder au choix de ses candidats à l’investiture. C’était sans compter avec les contraintes liées à l’organisation matérielle de consultations aussi importantes au sein du parti. Car il s’agissait tout de même de 44 circonscriptions électorales pour les cas des législatives et 360 communes dans lesquelles le RDPC était supposé organiser des consultations internes, afin de désigner ses candidats à la candidature ! Couper la poire en deuxMalgré la volonté plusieurs fois affirmée et des actes concrets du Président national visant à accorder chaque jour davantage de pouvoir à la base dans le choix de ses représentants, il fallait trouver une parade qui satisfasse aussi bien les exigences de pratique démocratique que les contraintes matérielles et de temps. Et le parti au pouvoir n’est pas allé chercher cette formule loin, puisque des dispositions statutaires prévoyaient déjà ce cas de figure. Le Règlement intérieur du Parti dispose en effet en son article 58, alinéa 2, que « pour les élections locales, le Comité central peut sous sa supervision, habiliter les organes de base du Rassemblement démocratique du peuple camerounais à accorder l’investiture à un ou plusieurs candidats du Parti pour un même siège ou à une ou plusieurs listes. » Et c’est là la raison d’être des instances annoncées par la circulaire N03/RDPC/PN du 05 juillet 2013 et qui seront sans doute créées dans les prochaines heures, à l’effet de concourir à l’investiture des candidats du Parti à l’élection des députés aux niveaux communal, départemental, régional et central. « Dès leur entrée en fonction, chacune des commissions (…) accorde un délai maximum de 72 heures aux militantes et aux militants pour la constitution de listes consensuelles sur la base des critères d’investiture énumérés. » On le voit bien, au centre du processus se trouvent la base et le Comité central qui, selon les articles 25 des statuts et 56 du règlement intérieur, « est doté d’un secrétariat général, placé sous l’autorité du Président national. »Le processus devrait s’achever avec l’investiture par le Comité central, des candidats du Rdpc, et la transmission conséquente de leurs dossiers à Elecam, en accord avec les dispositions des textes de base du RDPC, revus lors du troisième congrès ordinaire des 15 et 16 septembre 2011 et rendus exécutoires le 14 mars 2012 par une décision du Président national. La dernière sera leur entrée en fonction, fin octobre.
Serge Williams Fotso