La bonne tenue de l’économie camerounaise depuis quelques années est appelée à s’améliorer, en vue de l’émergence envisagée à l’horizon 2035.
Depuis la fin de la crise économique qui l’a paralysé pendant près de 20 ans, le Cameroun n’a plus connu de croissance négative. Bien au contraire, l’économie du pays s’est stabilisée autour de 4% entre l’an 2000 et 2013, malgré une conjoncture mondiale défavorable et ses aléas sur le continent africain. Mais bien qu’encourageante, cette performance reste globalement loin des objectifs gouvernementaux qui visent, à moyen terme, une croissance à deux chiffres pour espérer atteindre l’émergence au plus tard en 2035.
Cette situation déjà relevée par le Fmi lors de sa dernière mission d’évaluation en novembre 2013, a une fois de plus été déplorée par le président de la République dans son adresse à la nation de la Saint Sylvestre. De nouvelles instructions ont ainsi été données et un nouveau cap pris.Il va donc falloir revoir le modèle économique du pays, en mettant désormais l’accent sur une meilleure exécution des projets inscrits sur le budget d’investissement public. Il est surtout question d’aller au-delà des 50% réalisés en 2013, étant entendu que c’est l’investissement qui créée effectivement la croissance et l’emploi. Pour ce faire, d’importantes mesures sont annoncées par le gouvernement.
Il y a dans un premier temps, le renforcement de la gouvernance économique à travers une meilleure préparation des projets, l’allocation de ressources budgétaires conséquentes et une plus grande fluidité des procédures d’exécution de la dépense publique.Ainsi, l’adoption de la programmation triennale comme nouveau mode de budgétisation, avec les correctifs apportés depuis 2012, est de nature à garantir désormais une plus grande maturation des projets d’investissement gouvernementaux et une meilleure allocation de ressources. La réforme intervenue mi 2013 sur le système des marchés publics, et qui a permis une plus grande responsabilisation des chefs de départements ministériels et des ordonnateurs délégués des services déconcentrés en allégeant le ministère des Marchés publics, devrait réduire considérablement les délais de passation des marchés. Il en est de même pour l’exécutabilité du budget de l’Etat dès ce mois de janvier 2014, à travers la publication depuis lundi dernier du journal des projets inscrits sur le budget d’investissement public (Bip) sur toute l’étendue du territoire national. Cette heureuse initiative du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat) doit pouvoir permettre aux administrations concernées, de préparer et lancer les différents dossiers d’appel d’offres dans toutes les régions avant la fin du mois de février, pour que le démarrage effectif des projets y relatifs intervienne au plus tard en avril. Encore faudrait-il que les instructions relatives à l’exécution et au contrôle de l’exécution du budget de l’Etat soient données dans les plus brefs délais, de même que les documents budgétaires (carnets de bons d’engagements, autorisations de dépenses, etc), ainsi que les accréditations des gestionnaires.
Des sources proches du ministère des Finances font état de la publication dans les prochains jours, de la circulaire donnant toutes les instructions susmentionnées, rassurent sur la disponibilité de tous les documents budgétaires et annoncent la mise en réseau prochaine du budget 2014 dans tous les postes de contrôle financiers. En région, le lancement officiel du budget est prévu ce jeudi 9 janvier 2014. Toutes choses qui sont de nature à rentabiliser les 1000 milliards Fcfa qui seront mobilisés pour la création des richesses et des emplois à travers la réalisation des projets budgétisés.La consolidation de la croissance étant par ailleurs liée à l’initiative privée, les nombreuses incitations en faveur des investisseurs privés tant nationaux qu’étrangers devraient également drainer un nombre important de capitaux dans notre pays, pour stimuler les secteurs vecteurs de croissance comme l’agriculture, les travaux publics, les infrastructures, la pêche, le tourisme et les mines. De nombreux projets présentés par le gouvernement à différentes rencontres internationales font déjà courir les plus grands groupes industriels mondiaux. Il ne reste plus qu’à leur faciliter la tâche en levant tous les obstacles à leur implantation effective au Cameroun, pour que dans les deux ans, le taux de croissance réel de l’économie nationale atteigne les 10% souhaités, et sur une très longue période, ouvrant de fait la voie à une émergence par anticipation.
Longin Cyrille Avomo