Le président de la section RDPC de l’Océan Sud estime que la vie du parti à la base n’est pas suspendue à une quelconque opération. Pour lui, l’activité des organes de base doit être permanente pour la formation des militants et la défense des intérêts supérieurs du RDPC.
L’Action : Monsieur le président, vous êtes allé récemment enterrer le président de la section Ojrdpc Océan sud, Biyiha Alain Herbert. Quel est l’état d’esprit des militants du parti après ce deuil ?
Grégoire Mba Mba : Nous sommes à la fois tristes et heureux. Tristes d’avoir perdu un brave soldat du parti, un frère qui s’en va, alors qu’il avait encore tant à donner. Heureux par la grande mobilisation spontanée et sans précédent des militants dans notre section, en pareille circonstance. Spontanément et volontairement, les camarades ont cotisé de l’argent, environ 1 250 000 Fcfa pour prendre en charge certains postes importants des obsèques. Je n’oublierai pas l’hommage solennel qui a été rendu au disparu à la permanence Rdpc de Kribi. Le Rdpc a effectivement démontré à cette occasion qu’il est un parti de services, de rassemblement et reste avec ses militants et les populations dans la joie comme dans la peine, sous le soleil, sous la pluie, à midi ou à minuit. A travers notre présence massive et surtout celle du représentant personnel du secrétaire général du Comité central, les populations de Bella et la famille du président Biyiha que ce dernier n’était pas seul. Pour perpétrer l’élan de solidarité commencé, j’ai pris l’engagement de payer la scolarité des trois enfants laissés par le camarade, tant que le Seigneur me donnera la force de le faire. J’en profite pour dire merci aux militants pour leur dynamisme habituel et dire aux camarades de Kribi de venir souvent visiter ce village. Ils apprécieront les efforts que font leurs homologues pour arriver à Kribi, car ce n’est vraiment pas une partie de plaisir.
L’on observe actuellement dans certaines sections à travers le pays, une lutte de positionnement en vue d’un éventuel renouvellement des bureaux des organes de base du parti. Est-ce le cas dans la section Océan Sud ?
La section Rdpc Océan Sud fait partie de celles qui ont fait du fonctionnement et de l’animation permanente leur crédo. Nous n’attendons donc pas une quelconque occasion pour agir. De même, nous n’avons pas besoin d’une agitation quelconque pour préparer un éventuel renouvellement des bureaux des organes de base. Pour nous, l’encadrement de la population en général, et des militants en particulier passe avant tout. Des gens peuvent avoir des ambitions sommes toutes légitimes. Mais je pense que chaque chose en son temps. Pour l’instant, il n’y a pas eu d’annonce officielle ouvrant des élections aux différents postes de responsabilités de nos organes de base. Nous fonctionnons donc comme d’habitude, c’est-à-dire comme si cette échéance n’existait pas. La section Océan Sud s’apprête d’ailleurs à lancer dans les prochains jours, sa rentrée politique avec une importante session de formation du militant. Pour nous, la formation est primordiale, car toutes les défaillances que l’on observe sur le terrain sont dues à un déficit de formation des militants. C’est la raison d’être du Café du militant qui va recommencer sous peu à la permanence Rdpc de Kribi.
Quelle appréciation faites-vous donc de toute cette mobilisation pour le contrôle des organes de base, alors même que la hiérarchie du parti n’a pas donné le signal d’un quelconque renouvellement ?
La lecture de tout cela est simple : il s’agit soit des gens qui veulent déstabiliser le parti en éloignant les militants et les populations de leurs vraies préoccupations que sont la lutte contre la pauvreté et l’accompagnement des grandes réalisations, soit alors des militants de dernière heure, qui ne connaissent pas les textes du Rdpc et ne veulent pas se former. En le disant, je sais de quoi je parle. Il y a des élites qui, n’ayant jamais milité à la base, obtiennent leur carte de membre du parti dès qu’elles accèdent à une haute fonction administrative ou gouvernementale. C’est elles qui généralement veulent prendre le contrôle des organes de base, au besoin en mettant à l’écart les responsables en poste qui ne viennent pas leur faire allégeance, ou qui sont seulement soupçonnés de nourrir quelques velléités d’émancipation. Cela a pour effet de diviser la base. C’est pour cette raison que la formation du militant est importante. Vous voyez, dans les démocraties plus vieilles que la nôtre, quand un jeune sort de l’école et est recruté par un parti politique, on lui inculque les idéaux du parti. Il grandi avec. Il est discipliné, respecte les textes qui régissent son parti, ainsi que les instructions données par sa hiérarchie même une fois nommé au gouvernement et peut valablement défendre bec et ongles son parti. Parce qu’un militant est un soldat du parti, et ce qui fait la force d’une armée c’est sa discipline. On ne peut donc pas comprendre ni admettre que chacun ne fasse sur le terrain que ce qui lui passe par la tête. La hiérarchie du parti n’a jamais dit que les postes étaient vacants dans les organes de base, pour que les gens se mobilisent pour les conquérir. Je crois savoir que chaque fois qu’il y a un renouvellement des bureaux au sein du Rdpc, le président national donne toujours assez de temps pour que chacun puisse battre campagne à la régulière. Les ambitieux n’ont donc qu’à prendre leur mal en patience.
Quelle suggestion faites-vous pour qu’un terme soit mis à ces égarements ?
La première chose à faire à mon sens est le retour de la formation du militant. Il est temps que l’école des cadres annoncée au dernier congrès ordinaire reprenne corps, et que ce que nous faisons à Kribi dans le cadre du Café du militant serve d’exemple aux autres sections. On gagnera certainement en discipline. Par ailleurs, une initiative comme la commission de discipline mise récemment sur pied est la bienvenue, parce qu’elle devrait permettre de sanctionner tous les indisciplinés, les vrais. Enfin, nous souhaitons que les vrais militants soient aussi ceux là qui sont promus aux plus hautes fonctions politiques et administratives. Cela permettra des combats inutiles entre l’élite administrative et les chefs politiques locaux, puisque cette élite militante sera forcément imprégnée des règles de fonctionnement du parti et de ses textes.
Interview : Longin Cyrille Avomo