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L'Editorial

Le déshonneur :

Le sursaut d’orgueil n’a pas eu lieu même si l’état d’esprit était nettement meilleur. L’honneur est loin d’être sauf. Trois matches, 270 minutes, auront suffi à l’équipe nationale du Cameroun pour faire pâle figure et une piètre figuration à la coupe du monde brésilienne.

Un petit tour et puis s’en vont : sans griffes, sans crocs, la  crinière et la queue basses, les Lions indomptables sortent non seulement de la compétition par la plus petite des portes mais ils sont couverts de honte, de souillure et de salissures. Le Cameroun tout entier n’en sort pas indemne. Il a le choix entre le déshonneur, l’infamie ou l’humiliation. La « vraie » coupe des Lions s’est achevée entre l’Autriche et Yaoundé au moment où ils se battaient comme des fauves pour obtenir de colossales primes financières. Ce match-là a duré d’interminables heures, y compris des prolongations qui ont cloué au sol l’avion angolais devant transporter au Brésil la délégation camerounaise. Le vol Yaoundé-Victoria (12h) aura été bien plus long que le temps passé par les Lions sur les pelouses brésiliennes.A l’heure du bilan, les statistiques sont cruelles et implacables : trois matches joués, neuf buts encaissés, un seul marqué, zéro pointé. Sur le plan financier par contre, c’est le jackpot : 116 millions de francs gagnés pour chaque joueur. Cela fait 429.629 francs par minute ! Un véritable record ! Mais quel gâchis !Comme en 2010 en Afrique du Sud, le Cameroun est abonné aux dernières places du classement final. Les observateurs avertis ne sont pas surpris par ce résultat. Depuis l’épopée glorieuse en Italie en 1990, le Cameroun court après sa gloire d’antan. A chaque édition de coupe du monde à laquelle participent les Lions, les synonymes s’enchaînent : fiasco (1994), bérézina (1998), débâcle (2002), raclée, déculottée (2010). On peut toujours ajouter déconfiture, déconvenue, avoinée. La liste est loin d’être exhaustive. On croyait à chaque fois avoir touché le fond, que non ! Le pire était à venir. Ils ont battu tous les records au Brésil ! Qui plus est, les esprits chagrins et chauvins n’auront même pas la bonne excuse de la partialité des arbitres ! Contre le Mexique, n’eût été la myopie du trio arbitral -l’un des juges de touche a d’ailleurs été sanctionné- les Lions auraient pris au moins trois buts.Au-delà des contre-performances sportives et des scores fleuves, le scandale de l’expédition calamiteuse des Lions « ingérables » et domptés vient surtout de leur comportement. A l’incompétence sportive, ils ont ajouté la faute morale. A ce sujet, il n’est pas exagéré d’affirmer que Volker Finke et ses poulains ont remporté la coupe du monde de la pantalonnade et du ridicule. Tant pis pour l’amour-propre des Camerounais. Après l’épisode du drapeau à Yaoundé, ils nous ont revêtu du… manteau de la honte, en nous vautrant dans la boue et la gadoue. Du grand guignol ! Voilà comment les Lions, tels des enfants gâtés, trop gâtés, choyés, trop choyés, ont abimé le beau jouet que le peuple Camerounais et leurs illustres devanciers leur ont remis. Pour retrouver le lustre d’antan, il faudra du temps tellement l’image est brouillée et abimée. Le public n’avait que des yeux de Chimène pour cette équipe. On leur pardonnait volontiers tout : les écarts de conduite, les uppercuts infligés aux journalistes, les piètres résultats, le boycott des matches, le chantage permanent, etc. On faisait semblant d’oublier que depuis 2002, cette équipe n’avait plus rien gagné. Qu’elle n’était pas parvenue à se qualifier pour les deux dernières éditions de la coupe d’Afrique des Nations.Malgré toutes ces infidélités et ces rendez-vous manqués, les supporters continuaient à clamer leur passion et à proclamer leur attachement à cette équipe. Cette longue histoire d’amour entre un peuple et son équipe nationale résistera-t-elle à la déception et à la déculottée de la campagne brésilienne ? Les supporters sont-ils assez masochistes et amnésiques pour continuer à endurer la peine et à subir la honte que leur infligent leurs héros déchus ? Les plus naïfs et les plus fanatiques ont cru qu’Eto’o et Cie allaient laver l’affront ou sauver leur honneur contre le Brésil ! Indécrottables supporters aveuglés par leur amour : dans le vocabulaire des Lions, si le mot honneur existe, il s’écrit toujours au pluriel. Les Lions aiment les honneurs mais ils n’ont pas le sens de l’honneur. Vaniteux, narcissiques, prisonniers de leur égo, cintrés dans les boursouflures de stars riches et adulées, ils peuvent se permettre de mépriser tous les symboles : le public, le drapeau, la République, les autorités, la patrie, les supporters. Qui crache en l’air…Le dicton est connu. Quels sponsors continueront à associer leur image à celle d’une équipe composée de garnements imprévisibles et de chenapans irrespectueux et capricieux ? La bande à Eto’o a cassé et fracassé le beau jouet. Le voile est déchiré. Il faut mettre un terme à l’imposture et tourner au plus vite la page de ces indignes héritiers incapables de perpétuer la légende des Lions indomptables. L’heure de la reconstruction a sonné.De grâce, pas de place pour les bricolages, les rafistolages et les replâtrages habituels dans ce chantier. Ces Lions malades ont besoin d’une chirurgie lourde, de préférence sans anesthésie. L’heure est venue de tourner une page ; de remercier certains joueurs de cette cuvée, ceux qui, de près ou de loin, ont rendu service à l’équipe nationale ; d’écarter tous les fauteurs de troubles. La reconstruction se fera avec du neuf et des jeunes.

CMZ

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