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L'Editorial

Prix, primes et déprime :

Aux grands hommes, la Nation – voire l’humanité – reconnaissantes : sans tambour ni trompette, Paul    Biya a reçu vendredi dernier au Palais de l’unité des mains de Thabo Mbeki, ancien président de la République Sud-africaine, le prix que lui a décerné l’Union panafricaine des avocats pour la résolution pacifique du conflit de Bakassi. 

Fidèle à sa réputation de discrétion et d’humilité, le chef de l’Etat du Cameroun aura attendu que les deux autres protagonistes du dossier, à savoir Olusegun Obasanjo et Koffi Annan, aient reçu leurs distinctions, avant d’accepter la sienne. Quelle grandeur d’âme ! Quelle élégance ! Quel altruisme ! De même dans son propos de circonstance, a-t-il tenu à remercier tous ceux qui, de près ou de loin, ont « Œuvré  au règlement pacifique du différend frontalier entre le Nigeria et le Cameroun ». Et de les citer tous ou presque : « La Cour internationale de Justice, [son] frère Olusegun Obasanjo, Koffi Annan, [les] homologues nigérians successifs, [les] Etats témoins : l’Allemagne, les Etats Unis, la France et le Royaume-Uni, l’actuel Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki Moon ». Avant de conclure sa courte allocution par ces belles paroles inspirées de l’acte constitutif de l’Unesco : « Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes qu’il convient d’ériger les défenses de la paix ». De nombreuses voix s’élèvent depuis quelques années pour demander, avec raison, l’attribution du Prix Nobel de la Paix à Paul Biya. Que le jury suédois accepte ou non cette proposition, Paul Biya est et restera dans la mémoire des Camerounais comme un homme de paix. Depuis son accession à la magistrature suprême du Cameroun en 1982, toute sa démarche et sa gouvernance s’inscrivent dans cette logique. En privilégiant l’option de la paix au détriment de la guerre, Paul Biya a évité la déprime à son peuple et a permis au Cameroun de préserver des vies humaines et d’économiser des milliards de francs. La paix, en définitive, n’a pas de prix.Ce qui est loin d’être le cas des primes de l’équipe nationale de football du Cameroun. Avant chaque grande compétition, d’une génération à une autre, les Lions indomptables défraient la chronique sportive et financière en raison de leurs revendications en espèces sonnantes et trébuchantes. Ces revendications ont beau être légitimes, elles n’empêcheront pas de conclure que les Lions adorent les millions. Samedi dernier, au stade Ahmadou Ahidjo, pour leur match d’adieu au public camerounais, les Lions drapés aux couleurs nationales, ont refusé de recevoir le drapeau national des mains du Premier ministre, représentant personnel du chef de l’Etat, son excellence Paul Biya, celui-là même qui, au fil des discours, cite les Lions en exemple. Motif : le non-règlement de la question des primes avant le mondial brésilien. Quelle image !Entendons-nous bien : loin de nous la tentation d’interdire ou d’empêcher à Eto’o Fils et à ses coéquipiers de revendiquer leurs droits. Que non ! Ils y ont droit. Mais qu’ils y mettent de la manière ! D’ailleurs dans ce vaudeville de mauvais goût, ils ne sont pas les seuls à blâmer. La chaîne des responsabilités s’étend à tous les échelons et à tous les étages. Le cœur des acteurs de ce feuilleton aux multiples rebondissements n’a pas balancé longtemps entre le ridicule et le pécule. Ils ont choisi les deux. Heureusement le ridicule ne tue pas. Quant au pécule, on a beau prétendre qu’il ne fait pas le bonheur, il fait au moins courir les Lions en quête de millions.Même si elles sont méritées, ces primes ne pourront néanmoins être justifiées que par les résultats sur le terrain. Premier test : le Mexique dès ce vendredi. Si les Lions gagnent et réalisent une bonne coupe du monde au Brésil, les Camerounais oublieront et pardonneront rapidement leur mauvais comportement par rapport au drapeau de la République. S’ils récidivent leurs « exploits » d’Afrique du Sud, leurs primes à coup de millions aggraveront la déprime de leurs supporters. La pression a changé de camp. Aux poulains de Volker Finke, porte-étendard du drapeau camerounais malgré lui, de choisir. Ils ont déjà le pécule mais ils se sont couverts de ridicule.Au coup d’envoi du match contre le Mexique et jusqu’à la fin de la compétition, ils auront le choix entre les cimes ou l’abîme. L’honneur ou la honte. La gloire ou l’opprobre. Le Capitole ou la roche Tarpéienne. La balle est dans le camp des Lions. Malgré les errements, les improvisations et les inconduites, les Camerounais leur souhaitent du fond du cœur bonne chance au Brésil. Allez les Lions ! De votre camp de Victoria, ramenez-nous des victoires.

CMZ

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