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L'Editorial

Tous coupables ! :

On le sait depuis des lustres : le football est loin d’être une science exacte. Nouvelle preuve par… onze : le Cameroun, leader de son groupe lors des qualifications, a été éliminé de la CAN 2015 dès le premier tour, terminant à la dernière place de sa poule en phase finale.

Pendant ce temps, victimes du Cameroun lors des éliminatoires, la Côte d’Ivoire et la République Démocratique du Congo (repêchée) disputent les demi-finales cet après-midi. L’une de ces équipes sera finaliste de la CAN 2015 ! La glorieuse incertitude du sport – surtout du foot- rime ici avec une cruelle ironie du sort ! Le pied de nez est terrible pour les Lions indomptables certes en reconstruction mais qui semblaient planer sur un nuage au terme de leur brillante qualification. Il est vrai qu’ils avaient raté les deux précédentes éditions. Pour autant, la reconstruction n’exclut pas de caresser de grandes ambitions. Nombreux sont désormais les supporters qui auraient volontiers troqué une qualification poussive contre une flamboyante performance à la CAN 2015.Trop tard pour se perdre en lamentations et en regrets !
Le constat qui se dégage est évident : l’encadrement administratif et sportif de l’équipe nationale du Cameroun semble avoir toutes les peines du monde à gérer la participation à un grand tournoi. Les joueurs parviennent en effet à obtenir la qualification lors des phases éliminatoires, mais l’organisation administrative et technique cafouille toujours au moment décisif. Comme aux Etats-Unis en 1994, au Japon en 2002, en Angola ou en Afrique du Sud en 2010 et au Brésil en 2014, le scénario du fiasco équato-guinéen était déjà écrit avant même le tournoi. Il s’est réalisé pendant la compétition et les polémiques alimentent comme toujours les prolongations d’après-tournoi. A qui la faute ? Poser la question c’est déjà y répondre. Chaque fois que la participation des Lions indomptables à un tournoi est précédée par des polémiques et des faits divers, le résultat est connu d’avance. La CAN 2015 n’a pas échappé à la « tradition » : trop d’interrogations sur les choix tatillons des entraîneurs, polémiques sur la répartition des primes, résultats mitigés des matches de préparation, rapports tendus avec les supporters,… Le pic de la polémique aura été atteint par la mise à l’écart de certains joueurs, acteurs majeurs de la qualification. Pour quelles raisons ? Difficile à dire tant elles sont aussi variées qu’invraisemblables. Mais dans la tanière des Lions, tout est possible !
Quoi qu’il en soit, pertinentes ou non, fondées ou pas, les causes profondes de la débâcle équato-guinéenne des Lions indomptables sont à rechercher dans l’environnement délétère qui se crée autour de cette équipe chaque fois qu’une compétition majeure est à l’horizon.
Sur le plan administratif  et populaire; entre les arriérés de salaires de l’entraîneur, les frustrations, réelles ou imaginaires, nées de la répartition et de l’imposition fiscale des primes ainsi que la mauvaise gestion des relations entre les joueurs et leurs supporters à Malabo, les germes de déstabilisation étaient déjà en gestation. Une mauvaise communication à l’intérieur et à l’extérieur de la tanière a fait le reste. Il faut ajouter à ce sombre tableau les manœuvres de journalistes agissant plus en snipers qu’en reporters. D’où les rumeurs, les polémiques, les controverses, peu propices à la concentration et qui déstabilisent parfois les joueurs. Le jour où l’administration et la gestion des Lions seront performantes (du ministère à la Fecafoot), un premier pas sera franchi.
Sur le plan technique, tactique et psychologique, comment comprendre qu’une équipe qui s’est qualifiée aussi brillamment échoue aussi lamentablement en phase finale ? Pis, elle se fait éliminer par un adversaire qu’elle avait battu largement pendant les éliminatoires. Le mal est récurrent chez les Lions : ils jouent généralement bien pendant les éliminatoires et déjouent presque toujours en phase finale. On dirait qu’une fois la qualification acquise, il s’installe comme une forme de lassitude. Les vieux démons reviennent au galop. La faute sans doute à des entraîneurs plus tacticiens pour gérer les éliminatoires sur le court terme que stratèges sur la durée.
Après avoir qualifié les Lions à la surprise générale suite à la débâcle brésilienne, Finke n’a plus su ou pu gérer le vivre ensemble de groupe pendant une vingtaine de jours. L’entraîneur qui trouvera la bonne combinaison pour la gestion des Lions pendant et après les éliminatoires aura entre ses mains les clés des victoires futures. En attendant cet oiseau rare, force est de reconnaître que l’échec des Lions est un naufrage collectif qui interpelle aussi bien le staff administratif et technique, les joueurs que les journalistes. Tous coupables et responsables, individuellement et collectivement ! Quel gâchis !

CMZ

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