Le séjour que le nouveau président nigérian entame ce jour, 29 juillet 2015 en terre camerounaise sera essentiellement consacré à la répression du terrorisme. La coopération bilatérale devrait par ailleurs être examinée au cours des échanges prévus avec les autorités de Yaoundé.
Alors que l’on commençait à le suspecter de bouder le Cameroun, Muhammadu Buhari, le tout nouveau président de la République fédérale du Nigeria arrive à Yaoundé ce 29 juillet 2015, dans le cadre d’une visite d’amitié et de travail. A Yaoundé comme à Abuja, l’évènement revêt un intérêt particulier. En fait, le contexte dans lequel intervient la rencontre annoncée de longue date entre Paul Biya et son homologue s’y prête.
Le Cameroun et le Nigeria qui sont en proie au terrorisme de Boko Haram, la secte islamiste qui menace désormais directement la quasi-totalité des pays du bassin du lac Tchad et dont l’insurrection, avec la multiplication des attentats suicides dans les principales villes de la région, vient d’atteindre sa phase la plus pernicieuse. C’est donc à juste titre que la sécurité occupera une place centrale dans les échanges prévus entre les deux délégations. Le principal enjeu étant de trouver les voies et moyens devant permettre de renforcer la sécurité des personnes et de leurs biens, de part et d’autres de la frontière commune. Les parties en présence devraient donc arrêter à Yaoundé une stratégie commune visant à mettre fin au phénomène des bombes humaines qui tend à provoquer la psychose au sein de la population.
Sur ce plan donc, des mesures préventives et/ou répressives applicables aux deux pays devraient certainement être annoncées. L’on peut déjà imaginer que les discussions ici seront âpres, le Cameroun et le Nigeria n’étant toujours pas parvenus à s’accorder de façon formelle sur la stratégie à mettre en œuvre pour éliminer Boko Haram.
Si les questions de sécurité vont, actualité oblige, nécessairement occuper le centre des travaux entre Camerounais et Nigérians, il va de soi que les autres aspects de la coopération bilatérale seront aussi passés en revue. Il est notamment question de l’intensification des échanges commerciaux entre les deux pays, d’évaluer le processus de démarcation de la frontière maritime commune ainsi que la mise en œuvre des autres recommandations issues de la dernière réunion de la commission mixte bilatérale Cameroun/Nigeria concernant en particulier l’exécution de l’Accord de Green Tree qui a parachevé le règlement du contentieux qui a longtemps opposé les deux pays au sujet de la presqu’Île de Bakassi. Sur ce point également, le contexte s’y prête, avec la récurrence au Nigeria, des appels de certaines élites politiques et traditionnelles pour la dénonciation de cet accord. Le président Buhari qui ne voudra certainement pas mettre de nouveau son pays au banc de la communauté internationale devrait sans aucun doute, rassurer les autorités camerounaises sur ce dernier aspect, jugé particulièrement sensible à Yaoundé, puisqu’il touche à l’intégrité du territoire.
Longin Cyrille Avomo