Le Président Paul Biya n’a jamais douté du fait qu’il lui incombait, avant tout, de garantir l’image du pays stable, libre et démocratique qu’est le Cameroun.
Maintenir sa grandeur, son prestige ainsi que son rang en tant que nation, telle semble être sa finalité. Toute son attitude, tantôt jugée de condescendante, tantôt d’attentiste ou encore de « réservée », peut s’expliquer par cette préoccupation essentielle.
Les Camerounais, les observateurs et les analystes de bonne foi, l’auront noté à l’occasion de la visite d’Etat que vient d’effectuer le Président Français, M. François Hollande. Dense et intense, quoique brève, cette visite a été la réaffirmation des options fondamentales toujours soutenues par Paul Biya : affirmation sans réserve de la primauté des intérêts nationaux dans les choix stratégiques, volonté souveraine d’une coopération qui se veut mutuellement bénéfique, confirmation des principes qui guident la modernité d’aujourd’hui : démocratie, justice sociale, développement socio-économique, sécurité interne et solidarité internationale devant les menaces et crises en cours.
Le Renouveau national étant d’abord la recherche de l’action et d’une affirmation de soi, il est tout à fait normal que ces convictions soient réaffirmées devant les alliés traditionnels afin que s’établissent des liens plus forts, empreints de respect mutuel et de considération réciproque.
La présence du Président Hollande aura permis de clarifier et de densifier la coopération entre la France et le Cameroun. Aucun sujet n’a été éludé : droits de l’homme, libertés publiques, longévité au pouvoir, déclassification des archives sur l’histoire coloniale au Cameroun, lutte contre Boko Haram. Et tout le monde s’accorde à reconnaître que dans le vaste champ des relations franco-camerounaises, des sujets d’importance ont été abordés, dans un timing rigoureusement respecté : droits de l’homme, bonne gouvernance, coopération économique, militaire et régionale, projets socio-économiques, etc.…
Sur un sujet dit sensible concernant la justice, le Président Biya a confirmé la primauté du droit sur les sentiments. Le fait de bénéficier d’une double nationalité ne confère à personne le droit de spolier impunément l’Etat, donc la fortune publique, dans l’espoir de bénéficier des passe-droits diplomatiques pour s’en dédouaner. Aussi bien en France qu’au Cameroun, les crimes économiques, la délinquance financière et les détournements de deniers publics sont sévèrement sanctionnés. Tout en rappelant les faits graves qui ont conduit à la condamnation de certaines personnes, Paul Biya se donne le libre arbitre d’user du droit que lui confère la Constitution pour donner une suite à une probable libération par la grâce présidentielle, comme il l’a d’ailleurs fait par le passé. Mais au vu des crimes et des forfaits commis, peut-on valablement reprocher au Président de laisser la justice dire le droit dans un Etat où la séparation des pouvoirs est une réalité ?
Pendant qu’en France l’opinion publique s’émeut contre un Premier ministre qui ose prendre l’avion avec ses enfants pour un match de football, au Cameroun, les soi-disant défenseurs des droits de l’homme ne trouvent rien à redire devant un crime économique de plus d’un milliard de francs.
Au final, c’est une visite riche, fructueuse et historique que François Hollande a effectuée au Cameroun. Quatre conventions de financement signées, la densification de la coopération bilatérale dans tous les aspects et la réaffirmation des options fondamentales défendues par Paul Biya auront marqué, au-delà du temps mis, une volonté que certains avaient tôt fait de discréditer. Les relations entre les nations, les amitiés entre les peuples, à la lumière de la vie tout court, sont comme un très beau conte : l’essentiel n’est pas dans sa durée, mais dans son intensité. Aux adeptes de la péroraison d’en tirer les leçons.
Par Benjamin Lipawing