La tragédie qui s’est déroulée à Douala le week-end dernier ne peut laisser personne indifférent tant elle charrie de nombreuses interpellations sociales et sociétales.
Voilà une dame, la trentaine, enceinte de huit mois qui meurt et emporte avec elle les deux enfants jumeaux qu’elle portait. Même si le taux de mortalité maternelle reste encore assez élevé dans notre pays, il est inadmissible qu’une femme enceinte atteigne huit mois de grossesse sans avoir jamais effectué de visite prénatale. Et d’un.
Comme si cela ne suffisait pas, le jour où sa famille se décide à la conduire dans un hôpital, ils en repartiront comme des “fugitifs”, sans lui laisser le temps de subir le moindre soin. Et de deux.
Et ce qui devait arriver arriva. La dame est morte sans avoir pu donner naissance aux deux enfants qu’elle portait. Ce qu’elle ignorait sans doute car n’ayant jamais effectué de visite prénatale. Et de trois.
On croyait avoir tout vu ! Que non ! Le pire était encore à venir. Après le décès, la famille décide, tradition oblige, de sortir les fœtus coûte que vaille. Le corps médical des formations sanitaires approchées refuse de pratiquer un tel acte sans toutes les garanties médicales et les précautions judiciaires. Il se trouvera alors une bonne âme pour se dévouer et pratiquer la “boucherie” à ciel ouvert. Au sein même d’un hôpital public et à même le gazon ! Et de quatre.
Pour ajouter l’ignominie à l’horreur, l’insupportable à l’indicible, les réseaux sociaux s’en mêlent telles les voyeurs. Pendant que la “chirurgienne” dépèce l’infortunée, un caméraman de fortune filme la scène et, comble de la cruauté, balance les images sur les réseaux sociaux où elles ont fait le tour du monde. Et de cinq. Que dire enfin de l’attitude généralement hargneuse, inhospitalière et malveillante du personnel soignant dans nos hôpitaux ?
Un enchaînement fatal et catastrophique de faits tous aussi graves les uns que les autres et qui interpellent la société camerounaise dans son ensemble. Car à l’aune du jugement de ce fait social, tous les acteurs impliqués en portent une lourde part de responsabilités. Et par-dessus tout celui qui a alimenté les réseaux sociaux est impardonnable pour avoir ajouté de la turpitude, la forfaiture, la désinvolture à la tragédie. Vous avez dit réseaux sociaux ? De plus en plus soucieux ! La manière dont certains les utilisent et les exploitent devient une source de soucis sociaux. Les pouvoirs publics devraient s’occuper. De toute urgence !
CMZ