L’Ecclésiaste le dit si bien dans les Saintes Ecritures: il y a un temps pour tout.
Après la conférence économique internationale de Yaoundé sur l’attractivité du Cameroun en matière d’investissements, après la célébration de la 44ème Fête nationale de l’unité, l’actualité semble désormais rythmée par le « train train » quotidien. Finies les déclarations enflammées sur les investissements innovants qui doivent conduire le Cameroun vers l’Emergence à l’horizon 2035. Estompées dans les esprits les incantations optimistes et les exclamations énamourées sur les avantages et les retombées de l’économie numérique !Qu’elles semblent loin les envolées lyriques sur les vertus magiques de l’unité et de l’intégration nationale !
Peu à peu, la routine du quotidien reprend le dessus avec ses sujets quelque peu ennuyeux et… indignes d’intérêt. Il y a donc un temps pour tout : un temps pour les envolées, un temps pour les déclarations grandiloquentes, un temps pour le lyrisme qu’inspirent les grands sujets et les événements majeurs. Et puis vient le temps de la routine, des platitudes, des banalités ; un temps où les vieilles habitudes qui collent à la peau comme une seconde nature, reprennent le dessus.
Faut-il convoquer la philosophie pour tenter de comprendre cette propension des Camerounais à s’exalter, à s’enflammer et même à se transcender pour une cause, un sujet et à s’en détourner aussi rapidement quelques instants après ? Serions-nous condamnés, comme Sisyphe, au mythe de l’éternel recommencement ? Serions-nous incapables d’être constants dans notre quête de la transcendance vers les cimes des grandes causes d’intérêt national ? Serions-nous impuissants à inscrire nos actes vertueux dans la durée ? Observons et illustrons par (4) quatre faits aussi éloignés que distincts les uns des autres.
1 – Quelques semaines seulement après les belles résolutions de la conférence économique internationale de Yaoundé intitulée « investir au Cameroun : terre d’attractivités » nos petites et malsaines habitudes quotidiennes ont-elles changé ? L’Administration fait-elle preuve de plus de ponctualité, de célérité, de probité, de responsabilité et d’un sens plus élevé de l’intérêt général ? La quête de l’Emergence ne se fera pas de manière alternative, à coups de déclarations et d’incantations prononcées le temps d’une conférence et suivies d’une longue période d’assoupissement d’inertie et de léthargie. Cette quête exige de la constance dans l’effort.
2 – Au lendemain de la célébration et de l’exaltation de l’unité nationale le 20 mai dernier, œuvrons-nous véritablement au quotidien pour le triomphe et la consolidation de ces idéaux ? Là aussi, nos actes quotidiens ne trahissent-ils pas les serments enflammés exprimés tout au long de « la semaine de l’unité ? La force d’un idéal peut-elle résister durablement à la répétition de comportements qui, en permanence, tendent à le fragiliser ? Ici également la constance garantit la puissance de l’idéal et la pureté de l’objectif à atteindre.
3 – Les Lions Indomptables se sont inclinés lundi dernier face à l’équipe nationale de France au cours d’un match amical. Malgré la défaite et déjouant les pronostics qui leur promettaient une raclée, les footballeurs camerounais peuvent être fiers ; ils ont livré une prestation plus qu’honorable. Entre le passé et l’avenir, l’entraineur a choisi. Les nostalgiques du passé et certains joueurs capricieux qui se prennent pour des messies et veulent faire du chantage à leur patrie devraient méditer cette leçon. On ne peut pas être et avoir été.
4 – Dernier exemple : le Secrétaire Général du Comité central du Rdpc a entamé hier à Maroua une visite de travail dans les trois Régions de l’Extrême-Nord, du Nord et de l’Adamaoua. Objectif officiel de la mission : l’installation des membres des Coordinations Permanentes Régionales et départementales récemment nommés ainsi que les bureaux des sections Rdpc, Ofrdpc et Ojrdpc élus à l’occasion des récentes opérations de renouvellement des bureaux des organes de base. L’autre objectif, à peine caché, de la mission consistera à apaiser les tensions, à réconcilier les militants, bref à ramener plus de sérénité et de cohésion dans les rangs du Parti après les frictions et les incompréhensions des élections.Quel que soit le bout par lequel on prend ce problème, une chose est certaine : en toutes circonstances, l’intérêt supérieur du Parti doit primer sur les intérêts individuels. Savoir être militant, ou ne pas l’être, telle est aussi la question : plus qu’une question, il s’agit d’une interpellation.Au terme de cette réflexion et sauf à vouloir être des Sisyphe contemporains condamnés au dilemme permanent d’un éternel recommencement, on ne peut pas à la fois être et ne pas être. On ne peut vouloir quelque chose et son contraire. Il faut choisir. L’Emergence, l’unité nationale, la performance sportive, le militantisme politique obéissent à des règles strictes et à des exigences fortes parmi lesquelles, l’abnégation, la constance, la puissance des convictions et un engagement de tous les instants. Sauf si nous préférons de grands bonds périodiques et sporadiques aux petits pas quotidiens et réguliers qui s’inscrivent dans la durée et font avancer plus les choses. *PS : Etre ou ne pas être est une célèbre phrase tirée de la pièce Hamlet de William Shakespeare, dramaturge anglais du 17ème siècle
Par Christophe Mien Zok
Christophe MIEN ZOK