La crise dans les deux Régions anglophones continue à faire couler encre et salive, même si l’apaisement est en vue.
Certes le problème n’est pas entièrement résolu, mais les efforts fournis et les énergies déployées en vue d’une sortie de crise semblent porter leurs fruits. La tournée que le Premier Ministre vient d’effectuer dans les deux Régions aura constitué une étape et un atout supplémentaires dans cette direction. Les Doyens d’âge des deux Chambres du Parlement, en tant qu’autorités morales, ont à leur tour plaidé pour un règlement rapide et pacifique de la crise. La session du Parlement qui s’est ouverte ce lundi offre en effet une excellente occasion aux élus de la Nation, Représentants du peuple souverain, de se pencher sur cette douloureuse et épineuse question de la cohabitation ou de la coexistence entre les Camerounais de langues anglaise et française.
Leurs efforts viendront alors s’ajouter à ceux du Chef de l’Etat et du gouvernement qui ne ménagent pas leur peine pour sortir de cette zone de turbulences par le haut.
Toutefois, comment ne pas s’interroger, pour s’en étonner, sur les écarts de langage de certains acteurs politiques qui n’hésitent pas à user de surenchère verbale ? Ainsi d’un homme politique doublé d’un avocat originaire du Nord-Ouest qui a osé affirmer que ce qui se passe dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest n’est ni plus ni moins qu’un génocide ! Son accusation n’a pas eu l’effet escompté au sein de l’opinion publique : elle est passée inaperçue, mais elle n’en reste pas moins grave et préoccupante. Quel Camerounais sérieux, objectif et lucide peut accepter qu’un génocide est en cours dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest ? Naturellement, il n’en est rien. Et les gesticulations ou les menaces proférées quant à la saisine éventuelle d’un Tribunal pénal International ne resteront que des moulinets dans l’air et des coups d’épée dans l’eau. Tout ce qui est excessif étant vain, ceux qui parlent de génocide dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest doivent chercher autre chose. La ficelle est trop grosse. Toutes leurs tentatives pour mettre le feu aux poudres échouent les unes après les autres. Il n’y a ni génocide culturel ni volonté d’assimilation, de domination ou d’extermination de quelque entité nationale que ce soit.
Il n’y a pas meilleure illustration de cette affirmation que la prolifération des festivals culturels à travers tout le territoire national. Le Ministre des Arts et de la Culture l’a compris qui apporte la caution et le soutien du gouvernement à ces initiatives communautaires qui constituent autant de tribunes et de vitrines pour la promotion du multiculturalisme.
De Bonjo à Bafoussam, de Babungo à Foumban, l’expression culturelle est en pleine expansion.Il faut saluer cette nouvelle dynamique impulsée à la base mais encouragée au sommet de l’Etat. Toutes les communautés devraient s’inscrire dans cette dynamique pour être au diapason et apporter leur pierre à la promotion et au triomphe du multiculturalisme. Jean Descartes le dit si bien : « Toute unité qui ne se fonde pas sur la diversité est une tyrannie ; toute diversité qui ne se fond pas en unité est confusion ». En ce moment, le Cameroun n’a besoin ni de la tyrannie ni de la confusion.
CMZ