Le temps figé dans son éternité, mais qui nous donne l’illusion qu’il passe – pour aller où ?
– ne parviendra pas à effacer ce passé qui refuse de passer, 33 ans après. Le 6 avril 1984, Yaoundé, la capitale du Cameroun, se réveillait au son des tirs d’obus et des rafales de mitraillette. Une partie de l’armée avait décidé de retourner les armes mises à sa disposition contre les institutions, le Président de la République en l’occurrence, qu’elle était censée protéger. La tentative échoua lamentablement mais au prix d’un bilan humain très lourd. Les dégâts psychologiques et mémoriels furent encore plus lourds puisqu’ils continuent à nous hanter, 33 ans après, tel un cauchemar.Malgré les antiseptiques, les désinfectants, les antibiotiques, les onguents, les pommades, les baumes et les cicatrisants administrés par l’Etat au nom de l’unité et de la réconciliation nationales, des séquelles demeurent. Des stigmates subsistent. Des cicatrices restent et résistent au temps qui ne passe pas. Ce triste et tragique événement restera pour longtemps encore un traumatisme dans la mémoire collective. La force des dirigeants, le Président Paul Biya en tête, et du peuple camerounais est d’avoir surmonté cette épreuve des armes, en ayant recours à des armes encore plus puissantes : le pardon – pas l’oubli –, la tolérance, la fraternité.
Grâce à quoi, l’Etat est debout, le Président aux commandes, pour poursuivre l’œuvre de construction nationale et de protection de tous les Camerounais. Si la date du 6 avril 1984 reste ainsi dans les mémoires, c’est en raison de la soudaineté, de la gravité et de l’impact des faits et des actes commis ce jour-là. Ce triste souvenir suscite aujourd’hui encore, à juste titre, indignation, réprobation et condamnation.Sans prendre nécessairement les armes, sans utiliser des chars et des mitraillettes, d’autres Camerounais tirent partout, au quotidien, à boulets rouges contre l’Etat à travers des actes de prévarication, de détournement, d’atteinte à la fortune publique et à l’image du Cameroun. Les coups et les blessures qu’ils infligent au bien public, à la communauté nationale et à l’intérêt général, pour infimes, dérisoires et isolés qu’ils soient, n’en constituent pas moins, à leur manière, des tentatives de décrédibilisation, de déstabilisation, de fragilisation et d’anéantissement de l’Etat. Illustrations récentes :
Lorsque par négligence, par irresponsabilité ou par mauvaise foi, un agent public lambda n’a pas payé une facture, acte qui entraîne des conséquences néfastes pour l’équipe nationale, et que l’image du Cameroun est ainsi trainée dans la boue, urbi et orbi, qu’est ce que c’est sinon un coup contre l’Etat ?
Lorsque l’Administration ne parvient pas au bout de plusieurs années, à résoudre les problèmes d’intégration et de prise en charge des médecins, enseignants, ingénieurs sortis des grandes écoles, les agents qui traitent ces dossiers ne doivent-ils pas être accusés d’atteinte à l’autorité et à l’image de l’Etat au regard des conséquences de leurs inactions ?
Lorsque l’harmonisation de l’âge de départ à la retraite ou la prise en charge des retraités deviennent des serpents de mer et provoquent frustration, déception et mécontentement ce sont autant de coups de canifs dans le corps déjà bien endolori et blessé de l’Etat.
Les mutins avaient utilisé des chars d’assaut et des bazookas. Les «putschistes» des temps modernes se servent des armes plus subtiles : ciseaux, lames, machettes ou tronçonneuses pour affaiblir, tuer et dépecer la Bête. Mais le résultat est le même.
Ces coups et blessures au quotidien ne suscitent aucune indignation mais ils ne sont pas moins graves et dangereux, car ils affaiblissent et fragilisent l’Etat, épine dorsale et colonne vertébrale de la Nation.Victime collatérale de ces comportements, le Rdpc en subit les contrecoups sous prétexte que tout problème au Cameroun trouve son origine et sa solution dans la volonté politique. Soit. Mais où a-t-on déjà vu la volonté politique traiter un dossier ? Le débat est ouvert.
Christophe MIEN ZOK