Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années.
Il a suffi de quelques semaines au Conseil constitutionnel pour s’installer et prendre ses marques dans le paysage institutionnel du Cameroun. Nommés le 5 Février 2018, Clément ATANGANA et ses 10 Conseillers ont rapidement pris la mesure de leur mission après la cérémonie solennelle de prestation de serment le 6 mars. Depuis lors se sont enchaînées le contentieux pré-électoral, le recensement général des votes, le contentieux post-électoral et la proclamation des résultats des élections sénatoriales du 25 mars 2018. Le galop d’essai que constituait cette première échéance a été transformé en coup de maître. De l’avis général des observateurs, le Conseil constitutionnel a réussi son examen de passage même si, à priori, il était le plus facile. Qu’à cela ne tienne, le processus de mise en place de la deuxième mandature du Sénat s’achève le 24 avril prochain avec la tenue de la session de plein droit. Entre temps le Président de la République aura nommé les 30 sénateurs qui doivent accompagner les 70 élus. Quelles autres leçons peut-on tirer de ce scrutin au suffrage indirect?
1) la victoire du RDPC était annoncée et attendue. Elle se confirme dans 9 Régions sur 10, à l’exception notable du Nord-ouest où le SDF rafle les 7 sièges au nez et à la barbe du RDPC qui disposait pourtant d’une confortable avance sur le plan arithmétique. On ne reviendra pas sur les causes de ce faux pas(voir notre éditorial intitulé « du tombeau au berceau » dans l’édition spéciale du 24 mars dernier)
2) il faut saluer et féliciter les 8 autres partis politiques qui ont présenté des candidats à cette élection bien que leurs chances de victoire fussent infimes. Par leur participation ils ont contribué au renforcement et à la consolidation de notre démocratie en donnant plus de crédit au système électoral. Aucun ne rentre bredouille de la compétition. Par ordre de mérite après le RDPC, on a le SDF(846 voix, 7 sièges), l’UNDP(581 voix, 0 siège), l’UDC(158 voix, 0 siège), l’UPC(138 voix, 0 siège), le FSNC(75 voix, 0 siège), l’UMS(26 voix, 0 siège), l’UDP(16 voix, 0 siège) et l’ANDP(13 voix, 0 siège).
Quand on sait que certains de ces partis n’ont même pas de conseillers municipaux et pourtant ils ont ont glané des voix ici et là, surtout au détriment du RDPC devenu pour l’occasion le « plus grand distributeur »!!! Les conseillers municipaux ont voté en leur âme et conscience et il faut respecter leur choix et saluer leur courage.
3) Le Président de la République va maintenant nommer dans quelques jours les 30 autres sénateurs. Il n’est pas exclu qu’il tienne compte de ces résultats et d’autres paramètres pour faire son casting. Ira-t-il jusqu’à réserver quelques grandes surprises aux observateurs avides de sensationnel? Pourquoi pas! Il n’a échappé à personne l’ironie du sort qui s’acharne contre le chairman du SDF. En 2013 il était candidat dans le Nord Ouest et son parti avait été battu à la surprise générale. Il ne s’est pas présenté cette cette année et son parti gagne…à la surprise générale. Cherchez l’erreur.
Christophe MIEN ZOK