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L'Editorial

Éloge du volontarisme :

Le volontarisme serait-il le meilleur antidote à l’inertie qui caractérise depuis plusieurs années l’administration publique camerounaise?

Sans être la panacée, il peut au moins constituer un début de solution car en toute chose c’est le premier pas qui compte. Mais la volonté seule ne suffit pas toujours. Détermination, conviction, engagement et  même une bonne dose d’entêtement ne seront pas de trop pour celui qui veut braver les obstacles et atteindre ses résultats. Certains ministres promus, maintenus ou  affectés à d’autres postes au terme du remaniement du 2 mars dernier semblent l’avoir compris, qui  ont décidé de prendre le taureau de leurs nouvelles fonctions par les cornes du volontarisme. La grâce d’Etat et l’état de grâce conférés par le décret ne garantissent pas toujours de bons résultats si l’on ne mouille pas assez le maillot sur le terrain. 
 
Cas pratiques et sans faire des jaloux : le  nouveau ministre de l’Administration territoriale et son collègue des Finances. L’un et l’autre se distinguent par une activité débordante et des initiatives qui ne laissent personne indifférent, même les détracteurs les plus radicaux. Entre descentes sur le terrain, décisions fortes et sanctions contre des collaborateurs indélicats, ces deux ministres fournissent de la matière aux journalistes et aux commentateurs.
 
Quand le ministre de l’Administration territoriale, shérif en mission commandée pour restaurer la paix, l’ordre et la sécurité n’est pas sur le terrain en concertation avec les autorités administratives et les conducteurs de motos-taxis, il signe une circulaire sur le contrôle des armes à feu en circulation dans notre pays. De son côté, quand son collègue des finances ne sanctionne pas ses collaborateurs auteurs de pratiques répréhensibles, il décide de traquer les agents fictifs de l’Etat en procédant au comptage physique des personnels. 
L’un et l’autre semblent convaincus du bien fondé de leurs initiatives et décisions. Leur détermination, leur courage et leur engagement ne font pas l’ombre d’un doute. 
 
En attendant les résultats, ce volontarisme mérite d’être salué, dès lors qu’il se démarque d’une certaine agitation et qu’on ne saurait le qualifier de feu de paille; à moins d’être de mauvaise foi. Le ministre des finances vient par exemple de lancer à partir de la fin de ce mois d’avril une opération de comptage physique du personnel de l’Etat. Qui peut contester l’opportunité et la nécessité d’une telle opération? En tout cas les chiffres laissent songeur. En onze ans, de 2006 à 2017, le nombre de personnels émargeant au budget de l’Etat est passé de 163000 à 322000. Pendant ce temps, la masse salariale a plus que doublé passant de 393 milliards à 945 milliards de nos francs. Si l’évolution des effectifs de la Fonction publique se justifie par la volonté du gouvernement d’apporter une solution au sempiternel problème de l’emploi des jeunes, il convient néanmoins de maîtriser la masse salariale. En réalité ce n’est pas tant le nombre des agents publics qui fait problème que leur utilisation et leur rendement. Sur les 322 666 recensés combien sont effectivement à leur poste? Après la maîtrise des effectifs et de la masse salariale, il sera toujours temps d’évaluer les performances de ces agents et de questionner la qualité de leur service. Il s’agit là d’un autre chantier où le volontarisme ne sera pas de trop. Le concours d’émulation est lancé. 

Christophe MIEN ZOK

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