Les candidats à la prochaine élection présidentielle camerounaise aiment décidément les voyages.
De préférence hors des frontières nationales, notamment en Europe et en Amérique. S’ils s’intéressaient un tant soit peu à ce qui se passe dans les autres pays africains qui organisent des scrutins présidentiels dans quelques mois, ils constateraient à quel point être candidat constitue en soi un parcours du combattant. Qu’ils aillent donc prendre des nouvelles de KATUMBI ou de Jean -Pierre BEMBA en RDC, de Khalifa SALL au Sénégal…
Mais le « Cameroun c’est le Cameroun », y être candidat à l’élection présidentielle est facile comme bonjour; une formalité que certains accomplissent comme d’autres envoient une lettre à la poste. Le dire ne signifie nullement regretter le nombre de candidats (9) retenus pour le scrutin du 7 octobre. Après tout ils étaient 23 il y a sept ans.
Avant même le début de la campagne officielle, l’élection de cette année se distingue déjà des scrutins précédents par les propositions programmatiques des candidats. Si Paul BIYA, le Président sortant, n’a pas encore dévoilé les siennes, ses challengers débordent d’imagination et d’inspiration pour soumettre aux électeurs des offres aussi alléchantes les unes que les autres. Certaines sont sérieuses, pertinentes et crédibles; d’autres sont dignes d’un très grand intérêt même si beaucoup, et ce sont celles-là qui retiennent le plus l’attention, sont franchement farfelues, saugrenues et inattendues.
Au mieux il s’agit d’un catalogue de bonnes intentions dignes du concours Lépine, cette foire aux trouvailles rocambolesques pour chercheurs en mal d’imagination et d’inventivité. Au pire, nos candidats se prennent pour de nouveaux Géo Trouvetou de la politique, capables de tirer de leurs besaces, tels des prestidigitateurs sortant le lapin de leur chapeau, des formules toutes faites et des mesures dont ils savent très bien que les unes et les autres sont inefficaces. De la poudre de perlimpinpin comme dirait l’autre…
Dans nos lectures d’enfance, des aventures de Picsou notamment, Géo Trouvetou, à l’instar du professeur Tournesol dans TINTIN, était ce personnage sympathique qui avait des solutions à tous les problèmes. Avec lui chaque solution se transformait en invention aussitôt…inutile et sans objet. Cela ne le décourageait pas pour autant: son imagination était toujours aussi débordante, alignant des trouvailles aussi surprenantes qu’inefficaces, comme d’autres enfilent des perles.
Pour exister, nos huit autres candidats à l’élection du 7 octobre semblent donc s’être passé le mot pour être les Géo Trouvetou de la campagne. Entre les candidats tireurs de penalty, les rêveurs-pourvu que le rêve ne se transforme pas en cauchemar- et ceux qui ont décidé de limiter la consommation de la bière ou de porter le SMIC à 160000 francs, les électeurs ont l’embarras du choix. Gare cependant aux vendeurs d’illusions! Heureusement les électeurs auront un véritable choix à faire entre d’une part les rêves, les lubies et les utopies de ses challengers et d’autre part le réalisme, les propositions concrètes et le pragmatisme de Paul BIYA. La volatilité et la légèreté de l’enthousiasme contre la force et le poids de l’expérience.
Christophe MIEN ZOK