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L'Editorial

La force du droit :

Dura lex, sed lex. Autrement dit, « La loi est dure mais c’est la loi ».

S’il y a une phrase qui est revenue sur presque toutes les lèvres au cours de l’audience de règlement du contentieux électoral qui s’est ouverte mardi devant le Conseil Constitutionnel, c’est bien celle-là. Sur les 18 recours enregistrés, les plaignants sont davantage venus faire valoir des arguments politiques en lieu et place des arguments de droit. Parfois on se serait cru à un cirque, une foire en lieu et place d’un prétoire avec comme principaux acteurs des candidats à l’élection présidentielle. Il y a certes eu des passes d’armes verbales, des joutes oratoires, des envolées rhétoriques, des effets de manche mais on n’était pas bien loin de la farce en raison des attitudes loufoques, des thèses farfelues et des digressions souvent sans rapport avec l’élection présidentielle. Il a fallu écouter des balivernes et des sornettes de certains requérants qui ont manifestement choisi de transformer l’audience du Conseil constitutionnel en tribune d’expression ou en tribunal du peuple.
 
Avec une patience teintée à la fois de paternalisme et d’ironie mais non sans fermeté et courtoisie, le Président du Conseil, le bien prénommé Clément, a laissé toutes les parties s’exprimer librement et longuement. Certains sont repartis satisfaits après leur petit numéro devant les membres du Conseil. Par delà ces tranches d’hilarité force est restée à la Loi et au droit. En effet, les deux premières journées d’audience ont permis de constater que malgré les critiques et les suspicions, le Conseil constitutionnel creuse progressivement son sillon dans le paysage institutionnel camerounais. Les trémolos dans les voix des orateurs, les bons sentiments excipés par certains, le lyrisme des uns ajouté au ton mélodramatique des autres, les menaces à peine voilées proférées aux membres du Conseil constitutionnel ne changeront pas un fait fondamental: le MRC et ses conseils étaient globalement hors sujet. 
 
En transformant l’audience du contentieux en tribune politique et en voulant prolonger la campagne électorale devant le Conseil avec comme principale cible l’opinion internationale, le MRC et son candidat ont fait preuve de maladresse. À la force du droit, ils ont préféré jouer la farce des maladroits. À aucun moment ils n’ont produit des preuves irréfutables des faits allégués. En tout état de cause, la première audience du Conseil Constitutionnel relative au contentieux post-électoral d’un  scrutin présidentiel rentrera dans les annales de la jeune démocratie camerounaise. Dans les prochains jours le vainqueur sorti des urnes sera connu et proclamé. Le conseil constitutionnel dont les membres ont été interpellés, vilipendés, traités sans ménagement et parfois sans aucun respect, le fera en son âme et conscience dans le strict respect des lois et des procédures de la République du Cameroun. Quelque soit le résultat et le vainqueur, après le scrutin du 7 octobre, la démocratie camerounaise connaîtra de belles et significatives avancées. L’audience du contentieux post-électoral a permis à toutes les parties de s’exprimer sur tous les sujets, y compris ceux sans rapport direct avec l’élection. Ce défoulement à valeur cathartique fera sans doute du bien aux démagogues et aux populistes à qui le président du Conseil, dans sa… clémence et sa magnanimité, a longuement donné la parole au cours des audiences. Décidément l’élection présidentielle du 7 octobre est déjà rentrée dans l’histoire. Après les joutes oratoires de la campagne et les envolées verbales de l’audience, le dernier mot revient à la force du droit. Toute farce a une fin. 

Christophe MIEN ZOK

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