Certains ont qualifié l’exercice de catharsis populaire, d’autres y ont vu une démonstration grandeur nature de la grande avancée de la démocratie camerounaise.
De l’avis de tous, ce fut un grand moment historique, ces instants où s’accélèrent les événements et qui laissent une marque indélébile dans la vie d’une nation. Jamais, de mémoire de citoyen ordinaire, et ce depuis le retour du multipartisme en 1992, le peuple n’a eu droit à ce haut niveau de manifestations des libertés publiques et individuelles. Libres, francs, exemplaires et dans une clarté sans ambiguïtés, les débats suscités par le contentieux postélectoral par le Conseil Constitutionnel ont permis aux uns et aux autres, à ceux qui doutaient de la solidité et de la viabilité des institutions, de mesurer les réelles avancées et de lever des doutes sur la volonté du Président Biya de construire une société plus juste, plus égalitaire et plus cohérente.Passionnants et parfois passionnés, les débats, les arguments et les contre-arguments ont révélé une réalité : les lois sont faites par les hommes et pour les hommes. A ce stade, tout est perfectible et rien n’est figé ; seul compte le respect de celles-ci qui s’imposent à tous, du moment où elles existent et sont applicables à tous. Le procès du système que certains ont voulu intenter à cet instant a plutôt été un révélateur des avancées et de la constante amélioration des lois qui régissent le fonctionnement des institutions de la République. Il en résulte une réelle volonté politique de doter le pays d’institutions fortes, au service de tous les citoyens, indépendamment des chapelles politiques, confessionnelles ou d’appartenances sociales.
Et il y a du bon durant ces quatre jours de retransmission en direct des recours à la cour constitutionnelle. Il y a d’abord ce constat de délitement d’une opposition peu structurée, inorganisée et en panne de fonctionnement. On a surtout vu des carences stratégiques internes dues à la posture belliqueuse des requérants qui ont commencé par récuser ceux qui étaient sensés leur rendre justice, traduisant ainsi un manque de maturité politique, d’éthique et de décence. Ils se sont donc mis hors-jeu, trahissant leur haine et leur mépris vis-à-vis de ce que représente cette vénérable institution. Comment ne pas relever l’amateurisme et le ridicule, lorsque, voyant leurs arguments rejetés, certains ont voulu créer des incidents dans un cadre fait de solennité et de respect républicains ?
Mais le plus important n’était-il pas dans la symbolique ? Les lacunes, l’opportunisme et les limites d’une classe politique dite de l’opposition n’ont pas seulement permis d’étaler les faiblesses structurelles de ces formations, mais ont surtout révélé leur non-maîtrise des textes législatifs et réglementaires, la non-maîtrise du processus électoral au Cameroun et le manque de professionnalisme de certains corps de métiers (Avocats) censés défendre les procédures y afférentes. Loin de démontrer les problèmes de gouvernance et du fonctionnement des institutions, ils ont semé le doute quant à leurs capacités managériales et stratégiques dans le cadre strict des institutions de la République.
La victoire du candidat du RDPC est d’autant plus belle, glorieuse et éclatante que les périls étaient nombreux et innombrables avec des appels à l’insurrection et des menaces de troubles à la paix. Au final, et dans sa posture de garant des institutions et de l’intégrité du territoire, Paul Biya peut rassurer qu’il n’y a pas eu un camp de vainqueurs, ni un camp de vaincus. C’est le Cameroun qui a triomphé des égoïsmes et des particularismes. C’est la grande leçon de l’histoire de ce scrutin si singulier et si particulier.
Benjamin LIPAWING