S’il y a un verbe que les Camerounais aiment conjuguer à tous les temps, c’est sans doute le verbe attendre.
Peu importe, pour cela, s’ils frisent l’attentisme, une posture dans laquelle ils sont plus spectateurs qu’acteurs. Au lendemain de l’élection présidentielle du 7 octobre et après le « glissement » de la CAN 2019, ils se sont mis à attendre, pêle-mêle: les fêtes de fin d’année, la naissance du Christ et les miracles subséquents, le prochain gouvernement, les sanctions et les poursuites contre les « responsables du fiasco de la CAN », etc. C’est dans cette attente permanente, voire cet attentisme atavique, morbide et mortifère que l’année 2018 s’est achevée.
Le même ronron aurait pu se poursuivre si le Président de la République n’avait pas décidé de donner un coup d’accélérateur au cours monotone des événements dès les premiers jours de janvier 2019. Ce n’est donc pas un hasard si le décret n° 2019/001 du 4 janvier 2019 porte nomination d’un nouveau Premier Ministre, Chef du Gouvernement en la personne de Chief Joseph Dion Ngute et le n°2019/002 réaménagement du gouvernement. Une nouvelle équipe gouvernementale étant en place, les Camerounais peuvent maintenant vaquer à d’autres occupations.
L’année 2019 est donc partie sur les chapeaux de roues et on espère qu’il n’y aura ni embardée ni sortie de route. Le savant dosage réalisé par le Président de la République entre d’une part les vieux briscards blanchis sous le harnais et pétris d’expérience et d’autre part les jeunes loups pleins de fougue et d’enthousiasme; autant que l’amalgame entre les barons du RDPC et des figures remarquables des partis alliés autorisent tous les espoirs. Une dose de stabilité, un zeste d’ouverture aux femmes et aux jeunes ainsi qu’une grosse couche d’équilibre caractérisent ce premier gouvernement du septennat des grandes opportunités.
En ce début d’année formons le vœu qu’il ne soit pas seulement une addition et une juxtaposition de talents et d’individualités mais une véritable équipe tournée vers le jeu offensif et collectif au service de l’émergence, objectif érigé en cause nationale par le Président Paul BIYA; laquelle émergence passe par trois conditions: le rétablissement de la sécurité dans les Régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, la restauration de la croissance et l’amélioration des conditions de vie des Camerounais. Pour tout dire, les Camerounais qui, rappelons-le, aiment attendre, ont à nouveau le beau rôle: ils attendent à présent des résultats de l’équipe Dion Ngute. La mission n’est pas impossible ou insurmontable. A condition de se mettre immédiatement et collectivement au travail. En tout cas, le peuple ne tolérera aucun glissement dans ce domaine.
L’urgence est d’autant plus forte que dans neuf mois, de nouvelles échéances électorales pointent à l’horizon. Le verdict des urnes dépendra bien entendu des résultats de l’équipe gouvernementale et du travail politique du RDPC sur le terrain. A commencer par les inscriptions sur les listes électorales dont les opérations ont repris le 2 janvier dernier. C’est le premier chantier politique en ce début d’année. Le Secrétaire Général du comité central ne s’y est pas trompé qui invite d’ores et déjà « les responsables locaux du Parti à tous les échelons à assurer l’encadrement systématique, dans la discipline et la vigilance, des inscriptions sur les listes électorales des militantes, militants et sympathisants du parti en âge de voter et non encore inscrits ». Qui veut aller loin ménage sa monture…
Christophe MIEN ZOK
