On ne sait pas si les fruits tiendront la promesse des fleurs mais une agréable senteur flotte déjà dans l’air depuis quelques semaines…
Un doux parfum au nom encore indéfinissable se répand progressivement et agréablement dans l’atmosphère jusque-là empesée et délétère des deux régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Trop tôt pour parler d’un retour à la paix mais la détente et la décrispation semblent pointer le bout de leur petit nez. Inutile de chercher dans l’immédiat, de peur de briser le charme, les causes de cette accalmie qu’on espère voir se transformer en embellie. On ne sait pas si c’est la touche ou le style de CHIEF DION NGUTE, qui vient de séjourner à Bamenda et entame cette semaine une visite à Buea. Le « nouveau » Premier Ministre, qui vient de passer le cap des cent jours à la tête du gouvernement, sera-t-il l’hirondelle qui fait le printemps? Est-ce l’effet Michelle Bachelet ou encore les tweets pleins de sagesse et de bon sens distillés depuis peu et à intervalles réguliers par le Président Paul Biya à travers les réseaux sociaux? En tout cas les amateurs d’astrologie et les férus d’horoscope ne manqueront pas de faire remarquer qu’il y’a au-dessus de nos têtes comme un alignement favorable des planètes malgré les pressions et les manœuvres des activistes de tous bords.
On ne sait pas encore si le clair-obscur, les zones d’ombres et les interrogations vont disparaître du jour au lendemain mais on sent comme un frémissement capable de devenir le vent qui gonfle les voiles pour conduire le bateau Cameroun vers des rivages plus paisibles. La tourmente s’est-elle pour autant éloignée? Sommes-nous sortis définitivement de la zone de turbulences? Il convient de raison garder et éviter d’aller vite en besogne. Depuis bientôt trois ans le Cameroun s’enfonçait progressivement dans un abime sans fond. Remonter en surface prendra un certain temps et demande une grande patience. Quoiqu’il en soit, en cette veille de célébration de la Fête de l’Unité, fenêtre de tir et d’opportunité par excellence, une lueur, si petite soit-elle, brille à l’horizon; une douce musique se fait entendre. À l’instar des mélodies des charmeurs de serpents, elle intrigue, s’insinue, s’infiltre en nous. Certains en sont subjugués ou hypnotisés; d’autres restent indifférents ou sceptiques. Beaucoup avouent être bercés mais préfèrent rester lucides.
Toujours est-il que le gazouillis (tweet en anglais) des colombes et des hirondelles semble étouffer peu à peu les cris des vautours et les vociférations des faucons. Certes, il est encore trop tôt pour prédire l’issue finale mais on espère, comme David contre Goliath, que les colombes, qui cherchent à toucher les cœurs avec pour seule arme leur rameau de paix, briseront les griffes acérées des faucons et des vautours qui, eux, veulent déchirer et déchiqueter les corps. Dans cette autre guerre, les colombes ne manquent pas de cordes à leur arc: l’humilité, la modestie, l’empathie, le sens du dialogue et de l’écoute contrairement à l’arrogance, à la brutalité, à la démesure, aux rodomontades et aux roulements des mécaniques des faucons.
On ne sait pas si les fruits tiendront la promesse des fleurs mais une leçon se dégage déjà de la situation en cours dans le Nord-ouest et le Sud-ouest: à l’heure de l’accélération de la décentralisation, le temps est venu au Cameroun de passer de la verticalité à l’horizontalité; c’est-à-dire d’une gouvernance autoritaire et dirigiste à une gouvernance participative et concertée. À défaut d’alterner les deux: une bonne dose d’horizontalité pour la concertation et la participation du plus grand nombre et un zeste de verticalité puisqu’il faut bien que quelqu’un prenne et assume des décisions à la fin. Les tweets de Paul Biya qui s’adressent à des millions de Camerounais touchent les cœurs autant que le format des descentes du Premier Ministre sur le terrain. Avec simplicité et sincérité, Dion NGUTE a rencontré et échangé avec des Camerounais de tous horizons et de toutes conditions. Les progrès perceptibles enregistrés illustrent à suffisance les avantages de la gouvernance horizontale qui s’accommode mal de l’autoritarisme et de l’obsession du commandement, encore moins des diktats et des ingérences extérieures.
On ne sait pas si les fruits tiendront la promesse des fleurs mais les gazouillis et les roucoulements mélodieux des colombes sont nettement plus agréables à l’oreille que le crépitement infernal des armes. À partir de là, il faut donner toutes ses chances au dialogue même si de nombreuses interrogations subsistent encore.
Christophe MIEN ZOK