Le SDF a célébré le 26 mai dernier son 29ème anniversaire. Les militants, les responsables et les observateurs ont eu l’occasion de dresser le bilan de ce parti politique certes en déclin mais qui fut il y’a quelques années seulement le leader de l’opposition camerounaise.
Le verre est-il à moitié vide ou à moitié plein? Ça dépend du bout de la lorgnette par lequel on observe la situation. Sur le plan strictement arithmétique, le SDF demeure encore la première force de l’opposition au regard de sa représentation tant au Parlement qu’au sein des conseils municipaux même si de nouveaux arrivants veulent lui contester ce leadership. Ils devront d’abord faire leurs preuves sur le terrain et dans les urnes. Le Parti de Fru Ndi est tout simplement victime du zèle de ces « nés hier hier », qui, comme tous les néo-convertis, veulent changer le vieux monde. Leurs méthodes, leurs moyens, leurs arguments et surtout leur manière de « vouloir absolument faire de la politique autrement » les conduisent à produire beaucoup de bruit et à confondre vitalité et agitation, vitesse et précipitation, engagement et agressivité.
Entendons-nous bien cependant. Il ne nous appartient pas de porter un jugement, encore moins de distribuer de bons ou de mauvais points à nos adversaires. Le peuple souverain reste le meilleur juge et arbitre des performances des partis politiques à travers les élections.
Toutefois, personne ne pourra nous empêcher de constater, avec une certaine nostalgie, à la faveur de ce 29ème anniversaire du SDF, à quel point le paysage politique camerounais a changé. Tant dans le fond que dans la forme, il y’a un profond bouleversement et une rupture radicale, pas toujours en bien. Si on nous avait dit il y a quelques années que le « poing levé » de Fru Ndi, le radicalisme voire l’extrémisme du SDF ne seraient que des caresses ou de la rigolade à côté du fanatisme, du jusqu’au-boutisme ou, pis encore, de l’ethno-fascisme du MRC, personne ne l’aurait cru. Aujourd’hui force est de constater que face à la meute de méchants loups du MRC, les militants du SDF apparaissent presque comme de doux et gentils agneaux. Comme le dit un adage populaire, il vaut mieux faire chemin avec le diable qu’on connaît plutôt qu’avec le saint ou l’ange qu’on ne connaît pas.
De fait, depuis l’apparition du MRC dans le paysage politique national, il y’a un tel déferlement de haine, de tribalisme et de tensions entre communautés qu’on en arrive à regretter les slogans incantatoires et les roucoulades du SDF d’antan! Grand bien leur fasse si ces méthodes abjectes leur donnent satisfaction et leur permettent d’atteindre l’objectif final: la présidence de la République. Mais ce qui est encore plus incompréhensible et inadmissible c’est cette alliance désormais nouée, affichée et revendiquée entre les partisans du MRC et les séparatistes du Nord-ouest et du Sud-ouest qui ressemblent désormais aux chats siamois: liés par le même destin. On savait déjà que le Parti de Kamto, avec son armée de juristes et d’avocats, a fait de la maîtrise des canons du droit et des lois son principal argument dans la conquête du pouvoir suprême. Mais de là à s’acoquiner avec ceux qui privilégient le droit des canons et des armes pour exprimer leurs revendications, il y a tout de même un fossé et une faute pour de prétendus républicains. C’est vrai que le chaos précède la renaissance mais quand même! A l’instar de toutes les alliances contre nature, ce nouveau mariage de la carpe et du lapin n’aura qu’une seule issue: l’échec. Au moins le SDF, lui, n’a jamais franchi cette ligne rouge. Et c’est un point positif à mettre à l’actif de son bilan. Même en politique il n’y a ni honte ni faiblesse à reconnaître les mérites et les qualités de l’adversaire.
Christophe MIEN ZOK