Scandales, éléments de casuistique pour une viabilité organisationnelle au Cameroun est le récent ouvrage du professeur Ondoua Biwolé Viviane Madeleine, publié aux éditions Clé le 30 mai 2019.
L’objectif de l’ouvrage est d’identifier, à travers l’analyse de 11 scandales, les déterminants de la viabilité des organisations publiques camerounaises. Un scandale peut être défini comme une contradiction devenue publique. Il s’agit d’un fait public troublant et contradictoire qui met un obstacle à la croyance collective et sème par là même la dissension. Considéré comme révélateur d’une fenêtre de vulnérabilité organisationnelle, le scandale est malheureusement vécu comme un objet de raillerie, il nourrit les ragots et font vendre les journaux sans qu’une véritable analyse lui soit consacrée. En effet, le scandale est un objet de recherche mal connu en sciences de gestion. Il faudra attendre les années 90 pour disposer d’une littérature spécialisée sur le sujet pourtant abondant dans les autres disciplines. L’approche managériale retenue ici, analyse le scandale à travers la problématique de l’éthique dans la gestion publique. Le scandale se présente comme une véritable opportunité de viabilité organisationnelle. Il révèle les dysfonctionnements structurels et comportementaux, signes de fragilités organisationnelles.
La posture analytique retenue dans le présent ouvrage rejette les arguments toujours aux antipodes d’une part des décideurs publics sur la défensive avec des arguments pour s’acquitter d’une accusation et de l’autre, les journalistes ou les acteurs de la société civile promptes à la dramatisation ne disposant pas toujours de toute l’information ou les outils d’analyse nécessaire pour comprendre les scandales décriés. Cette logique analytique évite les deux extrêmes et voudrait contribuer à apporter de l´intelligibilité à la compréhension des scandales perçus comme des vulnérabilités organisationnelles. Il s’appuie sur le postulat selon lequel chaque scandale cache un problème de gestion. Il est question de dépouiller le scandale de sa dimension dramatique pour s’intéresser au dysfonctionnement de gestion apparent ou caché qu’il révèle. La vertu du scandale est qu’il donne l’opportunité d’améliorer le fonctionnement des organisations. Pour que la vertu soit valablement capitalisée, il convient d’adopter une démarche adéquate. Elle s’articule autour de 3 points : la description élémentaire (comprendre la portée générale du scandale), la déconstruction (comprendre les liens sous-jacents) et l’identification du problème.
Au total 11 scandales sont analysés autour de cinq domaines de la vie publique et convoquent des thématiques de gestion : la coordination administrative, le contrôle du dirigeant, la relation tutélaire, l’hypocrisie organisationnelle, la méritocratie et l’équilibre régional, la double nationalité, la faillite du leadership, la dynamique de groupe, la théorie des choix publics, la justice sociale, les responsabilités des dirigeants. Ces 11 thématiques sont analysées à travers les scandales ci-après : le chantier naval et industriel du Cameroun (CNIC), la SODECOTON, les élections à la CNPS, les logements sociaux, concours de l’IRIC, des élections à la SOCAM, Samuel Eto’o contre Boney Philippe, la débâcle des lions au mondial du Brésil 2014, le glissement de la CAN, incarcération d’un ministre en fonction, les morts en prison. Trois dysfonctionnements apparaissent comme caractéristiques de vulnérabilités organisationnelles dans les entreprises publiques camerounaises : les dérives managériales, l’ingérence récurrente de la hiérarchie dans les activités opérationnelles et la faillite des institutions.
Synthèse de l’ouvrage, par Benjamin Lipawing
