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L'Editorial

Sorciers blancs, miracles noirs :

Deux ans après son premier sacre conquis à domicile, l’équipe nationale de volley-ball féminin du Cameroun a remporté le championnat d’Afrique des Nations de la discipline.

La compétition se déroulait en Égypte, pays d’accueil de la CAN 2019 de football. Parties du Cameroun sans tambours ni trompettes et dans le plus grand anonymat, les Lionnes Indomptables du volley-ball n’ont pas versé dans la surenchère et le chantage, disciplines dans lesquelles excellent les sélections masculines, en football notamment. Les voilà de retour, auréolées de gloire et accueillies avec tous les honneurs réservés aux enfants prodigues.  
 
Le contraste est saisissant et la comparaison tentante avec les Lions Indomptables du football qui sont rentrés bredouilles de leur expédition en terre égyptienne malgré leurs revendications sonnantes et trébuchantes sur fond de surenchère et de chantage avant le début de la CAN. La victoire des pouliches de Jean René Akono est une preuve supplémentaire que même en sport, l’argent n’est pas toujours la clé et la source de la motivation. La volonté, l’humilité, le dépassement et le don de soi peuvent être au-dessus de toutes les primes, y compris les plus élevées. 
 
Autre motif de satisfaction dans la victoire des Lionnes du volley: leur encadrement technique est assuré par des entraîneurs camerounais humbles, modestes et raisonnables en termes de salaires. Le grand et richissime football gagnerait à s’inspirer de l’exemple du « petit » et pauvre volley-ball qui, sans bruit et sans moyen, produit des résultats et des performances qui contribuent également à la fierté de la Nation. En effet, l’hymne national retentit aussi bien pour une performance individuelle en athlétisme qu’une victoire en sport collectif. 
 
Si le Cameroun semble encore hésiter à franchir le pas en football où il continue à croire aux miracles des sorciers blancs, d’autres pays n’ont pas les mêmes appréhensions. il suffit de regarder le tableau final de la CAN 2019 qui s’achève ce vendredi avec la finale Algérie-Senegal. Ces deux pays finalistes sont entraînés par des techniciens locaux qui ne battent nullement des records en matière de salaires. En demi-finales, ils ont éliminé respectivement le Nigéria et la Tunisie entraînés par des techniciens européens. Au début de la compétition, ils étaient onze techniciens africains à la tête de l’une des 24 sélections engagées; les treize autres étant des européens ou des sud- américains.
 
Vendredi soir, au terme de la finale, un entraîneur africain, sans être le mieux payé, sera couronné champion d’Afrique avec son équipe. Et ce sera justice. Le Sénégal, l’Algérie et bien d’autres pays montrent la voie et l’exemple à suivre en football. On n’a pas toujours besoin de gros moyens et de sorciers blancs pour obtenir de bons résultats. Jean René Akono et les Lionnes du volley-ball l’ont compris et le démontrent depuis longtemps. On verra si les dirigeants du football s’en inspireront pour le remplacement de Clarence Seedorf qui vient juste d’être limogé de ses fonctions de sélectionneur national après la contre-performance de la CAN 2019. 

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