Le Premier Ministre, Chef du Gouvernement a présidé ce mardi à l’esplanade du musée national la rentrée culturelle et artistique nationale 2019 (RECAN).
Ce fut l’occasion, une fois de plus, d’étaler la diversité et d’apprécier la richesse de l’identité culturelle camerounaise à travers plusieurs expressions, animations et manifestations artistiques. Malgré la beauté chatoyante du spectacle et l’émerveillement qu’il a procuré aux participants, c’était loin d’être l’événement du jour au Cameroun. Le fait du jour, le clou du spectacle de la journée, comme dans une pièce de théâtre classique, se déroulait ailleurs en obéissant à la règle des trois unités: de temps, de lieu et d’action.
Ce mardi 10 septembre 2019, à partir du Palais de l’Unité, Paul BIYA s’est adressé à ses compatriotes à travers un discours très attendu et qui n’a pas déçu son auditoire par sa longueur et sa profondeur; sa densité et son intensité; son originalité et, osons le mot, son historicité. La tentation est alors grande pour le commentateur de puiser les mots et les images dans le riche lexique et le prolifique vocabulaire de toutes ces disciplines des arts et de la culture en vedette lors du lancement de la rentrée culturelle et artistique nationale.
Acteur et réalisateur, metteur en scène et peintre, écrivain et sculpteur, poète et photographe, Paul Biya a puisé dans tous ces registres pour dresser et brosser un tableau plus vrai que nature de la crise que traversent depuis trois ans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest en particulier et le Cameroun en général. Entre ses mains sont passés toutes sortes d’instruments: des burins ou des ciseaux pour tailler dans le vif; des pinceaux ou du papier abrasif pour polir en douceur et nettoyer en profondeur. Conteur, narrateur, Paul BIYA a déroulé, avec un talent certain et un sens maîtrisé de la dramaturgie, le story telling de la « crise dite anglophone ». Lorsqu’il a puisé dans le registre musical, il s’est fait auteur et interprète; compositeur et arrangeur, alternant les notes graves, basses ou aiguës. Le ton et la tonalité ont oscillé entre la gravité et la fermeté; le sarcasme et la dérision; l’humour et l’ironie.
En tout état de cause, le chef de l’état a livré à ses compatriotes l’une de ses plus belles partitions en matière de discours, tant dans le fond que dans la forme. D’aucuns n’hésiteront pas à parler d’une grande et belle œuvre oratoire, voire purement et simplement d’un chef d’œuvre en termes de communication et de marketing politiques. Du grand art en somme et une rentrée réussie pour le Président de la République! Le Grand Dialogue National (GDN) est donc là. Il concerne principalement les deux régions du Nord-ouest et du Sud-ouest mais aussi les autres régions. Les propositions des uns et les suggestions des autres ont été prises en compte. L’heure n’est plus aux conseils « avisés ou intéressés »; encore moins aux injonctions auxquelles d’aucuns ont cru devoir se livrer. Le GDN se tiendra dans le cadre de la Constitution et réunira, sans exclusive, les filles et « les fils de notre cher et beau pays, le Cameroun, autour de valeurs qui nous sont chères: la paix, la sécurité, la concorde nationale et le progrès. »
Les thématiques susceptibles d’être abordées sont également connues: le bilinguisme, la diversité culturelle et la cohésion sociale, la reconstruction et le développement des zones touchées par le conflit, le retour des réfugiés et des personnes déplacées, le système éducatif et judiciaire, la décentralisation et le développement local, la démobilisation et la réinsertion des ex-combattants, le rôle de la diaspora, etc.
Tout le monde devrait y trouver son compte sans oublier que le Président de la République n’exclut pas l’éventualité d’un pardon ou l’usage du droit de grâce que lui confère la constitution.
Le décor étant ainsi planté, il ne reste plus à espérer que ceux qui depuis plusieurs années réclamaient le dialogue à cor et à cri acceptent maintenant de jouer le jeu pour relever le défi de la construction d’un pays solide et d’une Nation forte; un Cameroun un et indivisible. En ce jour de rentrée culturelle et artistique nationale(RECAN), Paul BIYA vient de poser, en un discours, les bases de la nouvelle harmonie nationale et d’une nouvelle symphonie républicaine. Vivement la fin du mois de septembre et que résonnent les tambours et les trompettes annonçant le début du Grand Dialogue National!
Christophe MIEN ZOK