Le boycott du double scrutin législatif et municipal serait-il un cache-sexe qui confirme la logique insurrectionnelle dans laquelle entend désormais s’inscrire le Mrc ? Analyse.
Le 30 octobre 2019, Maurice Kamto, le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) annonçait en grandes pompes et avec un enthousiasme débordant, que le Mrc prendrait part au double scrutin de février 2020. « La politique du boycott en matière électorale n’a jamais payé nulle part », disait-il ; en soulignant que « nous allons aux élections pour nous donner une chance d’être en position de régler la crise du NoSo ». Le 19 novembre 2019, le leader du Mrc signait logiquement une circulaire portant création, organisation et fonctionnement d’une commission en charge des investitures.
Seulement voilà, le 25 novembre 2019, quelques heures seulement avant le délai butoir de dépôt des listes des candidatures auprès d’Elécam, le même Maurice Kamto annonçait dans une volte-face dont il a seul le secret, que le Mrc ne participera pas aux élections législatives et municipales du 9 février 2020. En fait, la vérité que ne révèle pas le leader du Mrc est ailleurs. Le parti de Maurice Kamto n’a pas voulu se faire ridiculiser en allant aux élections du 9 février prochain. A moins de 24 heures de la clôture, le Mrc était encore dans l’incapacité de présenter des listes complètes et sociologiquement équilibrées dans toutes les circonscriptions électorales à travers le pays. Selon des informations de sources généralement bien informées, le parti de Maurice Kamto ne disposait que de 36 listes sur les 360 attendues pour les élections municipales et 17 pour les élections législatives alors que 180 sièges sont en jeu à l’Assemblée nationale ! Assumer ces chiffres ridicules aurait été catastrophique pour un parti dont le leader revendique une hypothétique victoire à la dernière élection présidentielle et aurait mis à nue l’imposture dans laquelle le Mrc et ses responsables sont vautrés depuis plus d’un an.
L’autre clé de lecture de la décision du Mrc de ne pas aller aux élections du 9 février 2020, se pose en termes de conséquences. C’est l’absence totale des représentants de ce parti politique dans les institutions républicaines pendant les 5 prochaines années ! Le mandat des élus du double scrutin du 9 février va courir jusqu’en 2025. Entre temps, le parti de Maurice Kamto n’aura aucun maire, aucun conseiller municipal, aucun député, aucun conseiller régional ! Et quand on sait que pour qu’une formation politique prenne part à l’élection présidentielle au Cameroun, le code électoral prévoit que ce parti dispose d’au moins un élu, on comprend que le MRC ne pourra pas présenter de candidat à la prochaine élection présidentielle prévue en 2025. S’étant auto-exclu de la logique institutionnelle, il ne lui restera alors au MRC que la logique insurrectionnelle pour exister. Et-là, il trouvera sur son chemin, des Camerounais patriotes.
Simon Meyanga