Incapable de présenter un nombre raisonnable de candidatures aux prochaines législatives et municipales, le parti se réfugie derrière de fallacieux prétextes pour justifier l’injustifiable. Mais personne n’est plus dupe au Cameroun.
Les masques sont définitivement tombés le 25 novembre 2019 dans la scène politique camerounaise. Après avoir pourtant signé la circulaire précisant les conditions de sélection des candidats du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun(Mrc), au double scrutin du 9 février 2020, Maurice Kamto son président national qui déclarait pourtant le 30 octobre 2019 que la politique du boycott n’a jamais rien résolu, se rétracte et annonce la non-participation de son mouvement à ces joutes électorales pourtant très attendues.
Depuis cette volteface aussi spectaculaire qu’inexplicable, les militants et l’opinion ont usé de tous les superlatifs pour qualifier cette forfaiture. Immaturité. Trahison. Dictature. Folie…A bien y regarder, le leader du Mrc ne pouvait faire autrement, car des sources bien introduites au sein de ce mouvement politique relèvent l’incapacité à constituer des listes et dans les délais impartis à cette opération qui étaient judicieusement préparée à l’avance par les partis politiques sérieux et matures. Et le Mrc était loin d’être prêt pour plusieurs raisons.
D’abord parce que contrairement aux autres formations politiques qui disposent d’un agenda et d’un plan d’action bien défini, le Pr Maurice Kamto et ses amis naviguent à vue. Pendant que les autres mettent à profit l’opération de révision des listes électorales pour faire inscrire tous leurs militants et sympathisants sur les listes électorales, le Mrc privilégie plutôt des actions de défiance de l’autorité de l’Etat, l’invasion des médias et des réseaux sociaux avec un discours haineux et ouvertement tribaliste qui, dans un pays aussi diversifié comme le Cameroun, ne peut que susciter de l’aversion au sein de la grande majorité de la population.
Fuite en avant
Ensuite parce que disposant en réalité de plus d’agitateurs que de militants aguerris et responsables, le Mrc ne pouvait constituer à temps des listes crédibles pour l’Assemblée nationale et les 360 communes du pays. Selon une source interne qui requis l’anonymat. Jusqu’au 25 novembre, jour de dépôt des dossiers de candidature à Elecam, le parti de Maurice Kamto n’avait pu constituer qu’une trentaine de dossiers pour les municipales et une dizaine pour les législatives. Une grosse curiosité pour une formation politique qui affirme pourtant –sans aucune preuve pourtant-, être la première force de l’opposition au Cameroun !
Enfin parce que le Mrc ne pouvait faire autrement que jeter l’éponge. Ayant pris sur lui de d’asseoir sa notoriété sur un discours clairement tribaliste, le Mrc s’est ainsi tiré une balle dans le pied. En dépit des misses en garde des acteurs de la société civile et de l’opinion, la direction du parti n’a rien fait pour mettre fin aux appels à la haine tribale de certains de ses membres les plus en vue. Impossible dans ces conditions pour lui de composer des listes respectant les conditions sociologiques imposées par la loi.
C’en était trop pour la direction du Mrc qui devait par ailleurs faire face à la colère des militants dénonçant de plus en plus le dictat et les incohérences d’une direction visiblement dépassée par les événements. Evoquer les troubles sociopolitiques dans le NoSo et un mauvais code électoral pour justifier ce boycott n’est que dilatoire et fuite en avant ; la présidentielle du 7 octobre 2018 qu’ils affirment avoir remporté s’étant déroulée dans les mêmes conditions et avec le même texte, sans oublier que la situation devient de plus en plus calme après la tenue du Grand dialogue national. Qui crache en l’air…
Claude Mpogué