« Sur le plan diplomatique, le Cameroun a reçu, au cours de l’année 2019, la visite de nombreuses hautes personnalités étrangères ainsi que de dirigeants d’organisations internationales. Auprès de tous ces hôtes, j’ai pu faire valoir le point de vie de notre pays qui a besoin de vivre en paix et en sécurité, conditions d’un développement durable auquel aspirent légitimement tous les compatriotes ». Ce rappel utile est du Président Paul Biya, lors de son discours du 09 janvier dernier en réponse aux vœux du corps diplomatique à l’occasion des vœux du nouvel an. Ce rappel, en guise de mise au point, vient marquer avec insistance la volonté du Cameroun et de ses dirigeants d’établir, pour le bien-être des Camerounais, les conditions d’une paix et d’une concorde nationales, avec des solutions endogènes, loin des contraintes et des exigences de certains pays et de certains partenaires au développement.
Surfant sur les fragilités et les faiblesses idéologiques de certains compatriotes, instrumentalisant et radicalisant les velléités sécessionnistes d’un groupuscule violent et sans foi ni loi, certains ″amis″ du Cameroun ont brillé ces derniers temps par la violence de leurs propos et l’extrémisme de leurs déclarations publiques et abondamment relayés par les réseaux sociaux et les médias acquis à leur cause.
Récurrentes, répétitives et insidieuses, les rapports, les déclarations et prises de position de certaines officines occidentales sur la situation sociopolitique dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, intriguent en même temps qu’elles interrogent la nature et la pertinence de leurs desseins et de leurs aspirations. Il est souvent fait injonction à un gouvernement souverain, maître de ses frontières et garant de la sécurité des biens et des personnes, de traiter d’égal à égal avec ceux qui ont pris les armes contre la République, ceux qui détruisent, brûlent, violent et tuent d’innocents compatriotes, au nom d’une impossible sécession.
Même s’il est vrai que la paix n’a pas de prix, il y a bien un prix à payer pour la paix dans ces conditions. Paul Biya ne l’ignore pas, lui qui a exploré dès le départ toutes les voies devant ramener la paix des cœurs, la réconciliation et le pardon. Le grand dialogue national, dernière manifestation de cette quête de la paix et d’unité, et dont la mise en œuvre rapide des principales résolutions marque tous les esprits, participe bien de cette politique de la main tendue.
Ce qui étonne davantage, c’est que ces injonctions et ces soutiens aux groupuscules violents et assassins, proviennent des pays dont l’histoire est jalonnée de luttes et guerres violentes pour la préservation de l’unité et de l’intégralité de leurs territoires.
La guerre de sécession aux Etats-Unis, – pour ne parler que d’elle – fut l’une des plus violentes et des plus effroyables de l’histoire. Par son ampleur -7 états insurgés), sa durée (4 ans, 1861 – 1865)) et le nombre de ses morts (plus de 615.000), elle marque encore les historiens par la radicalité exprimée par le président confédéral, Abraham Lincoln. Bien qu’elle souleva plus de problèmes qu’elle n’a résolu (abolition de l’esclavage, l’intégration de la société américaine), l’objectif principal était atteint : l’unité du pays, la réduction des radicaux et plus tard, l’adoption des droits civiques et l’affranchissement formelle des Noirs dans les Etats esclavagistes. Malgré les atrocités, cette guerre fut qualifié de guerre juste, parce que défendant et protégeant l’intégrité territoriale des Etats-Unis. Sa fin fut tout aussi atroce, avec les condamnations et exécutions extra-judiciaires, des assassinats en masse. Et pourtant, nulle part, il n’avait été demandé à l’armée régulière et victorieuse, de déposer préalablement les armes pour discuter avec les sécessionnistes.
Ni l’opposition politique, culturelle et économique entre les Etas du Nord et les divergences sur l’esclavage n’ont pu dissuader Lincoln de céder une seule petite parcelle de territoire aux insurgés. L’unité américaine fut préservée au prix de lourds sacrifices, et l’histoire donna raison à cet homme visionnaire qui fait la fierté de ses lointains compatriotes d’aujourd’hui.
Pourtant, ce sont ceux dont les arrières parents avaient sacrifié leurs vies, qui sont les soutiens les plus zélés des hommes et des femmes dont l’unique ambition est la partition d’une nation bâtie dans le sang et aussi dans l’amour et la fraternité.
L’appel de Paul Biya au soutien d’une paix durable au Cameroun convoque aussi la mémoire historique de ces partenaires qui encouragent chez nous ce qu’ils ont vécu dans la douleur et que seul le patriotisme de leurs ancêtres a pu vaincre les velléités de division et de séparatisme. Seule une plus grande solidarité peut permettre de vaincre les extrémismes qui fragilisent nos nations.