La campagne électorale en vue du double scrutin du 9 février 2020 s’achève demain samedi à minuit. Pendant quinze jours, les candidats et leurs soutiens sont allés à la rencontre des électeurs pour tenter de les convaincre et de susciter leur adhésion à leurs personnes, à leurs programmes et à leurs projets. Pendant quinze jours, les villes et les campagnes ont été prises d’assaut par des caravanes bruyantes composées de véhicules bariolés aux couleurs des partis politiques et déversant des décibels à tue-tête sur des passants parfois ahuris par ce tintamarre.
Pendant quinze jours les antennes des médias audiovisuels ont été saturées de déclarations passionnées et enflammées, de promesses mirobolantes et farfelues, de passes d’armes fielleuses et vénéneuses et de querelles picrocholines et byzantines entre candidats ou entre supporters. Pendant quinze jours les alliances conclues entre certains partis politiques au niveau national ont été en souffrance et à l’épreuve des réalités et des ambitions locales.
Certains alliés du Rdpc ont été particulièrement virulents vis-à-vis de leur partenaire, sous le regard moqueur des autres partis qui se régalaient de ces scènes de ménage en public. Si le divorce n’est pas prononcé, ces prises de bec vont néanmoins laisser des traces sur la vie de ces « couples. » Des mises au point ne sont pas à exclure, non pas pour remettre en cause la liberté et l’identité de chaque partenaire, mais pour questionner la violation et la violence infligées au code de bonne conduite qui régit ce type de relation. Mais en politique, les choses vont si vite et l’amnésie est une maladie très contagieuse…
Pendant quinze jours, les Camerounais ont assisté, médusés voire amusés, aux contorsions et aux contradictions des militants d’un parti politique qui s’est exclu du processus électoral mais qui, malgré cette exclusion volontaire, n’a jamais été aussi présent dans le débat. Jamais un absent n’a été aussi présent. Être ou ne pas être? Le Mrc a choisi les deux à la fois. Un pied dedans, un pied dehors; un devant un derrière; toujours le double langage. Preuve que le « miracle » est permanent dans ce parti dont le dirigeant se prend pour un messie. Les militants crédules et naïfs, eux, ont droit au mirage et à la désillusion. À chacun ses problèmes.
Pour sa part, pendant quinze jours, le Rdpc a mené sa campagne sur le terrain avec application, méthode et détermination. Un professionnalisme et un engagement qui font plaisir à voir. Certains observateurs ont même dû se demander pourquoi déployer tant d’énergies, d’efforts et de moyens pour un résultat presque déjà acquis et certain? D’autres ont dû se dire « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Erreur! L’honneur de la politique consiste justement à respecter les électeurs et à accomplir chaque tâche avec dévouement et enthousiasme, surtout en période électorale. En effet, pour ceux qui l’auraient oublié la campagne et l’élection constituent le nirvâna en politique. C’est l’examen final, le test décisif de l’engagement. Voilà pourquoi du plus petit militant à la base jusqu’aux plus hauts dignitaires, les responsables du Rdpc se sont jetés dans la bataille en vue du scrutin de dimanche.
Avec la satisfaction du devoir accompli et d’une mission bien remplie, il ne reste plus qu’à attendre les résultats. Le dernier mot reviendra au peuple souverain. L’honneur de la politique c’est aussi de respecter son verdict.