Site Web Officiel du Journal L'Action
L'Editorial

Principe de précaution oblige!

Une dizaine de jours après sa tenue et sans préjudice de l’issue du contentieux électoral en cours, le double scrutin législatif et municipal du 9 février livre progressivement son verdict.

En attendant la proclamation des résultats des législatives par le Conseil constitutionnel, le processus électoral se poursuit normalement au niveau communal avec la mise en place des exécutifs municipaux. Comme il fallait s’y attendre avant même le début des opérations, le Rdpc a raflé presque tout sur son passage: 316 communes sur 360 gagnées avec des majorités absolues ou relatives. Autant dire que l’accélération et l’approfondissement de la décentralisation sont entre les mains des élus du Rdpc. Une issue du reste conforme à la logique institutionnelle pour une mise en œuvre cohérente et harmonieuse des politiques publiques.
Le président de la République, élu il y a un peu plus d’un an, avait besoin, au sein des conseils municipaux, d’élus qui partagent pour l’essentiel sa vision politique d’un Cameroun nouveau, uni et décentralisé. Il leur revient maintenant d’être les artisans de la mise en œuvre du code général des collectivités territoriales décentralisées, nouvelle boussole du développement local au Cameroun et porteur de nombreux espoirs des populations en matière de progrès et de prospérité. Au moment où ces lignes sont écrites, de nombreuses communes ont déjà élu leurs Maires et leurs Adjoints. Les autres suivront mardi prochain 25 février.
Bien que la session de plein droit soit strictement encadrée par la loi, le Comité central a tenu à édicter les exigences du Parti vis-à-vis des nouveaux élus au sein des exécutifs municipaux. Le moins que l’on puisse dire est que ces exigences partisanes, qui vont parfois au-delà de la loi, sont révélatrices des attentes du Parti en ce qui concerne les résultats des nouveaux magistrats municipaux à l’ère de la décentralisation poussée et avancée. Des voix se sont même élevées pour remettre en cause ou dénoncer « une rigueur aussi excessive ». Au secrétariat général du Comité central, cette polémique suscite, au mieux de l’indifférence, au pire un certain agacement. En effet, les responsables de la structure chargée de la gestion du Parti au quotidien n’ont pas oublié les dérapages et les dérives de 2013. Pendant la mise en place des exécutifs municipaux, de nombreuses atteintes à la discipline et à l’autorité du Parti avaient alors été enregistrées ici et là.
Tout se passe en effet comme si une fois qu’ils ont obtenu l’investiture du Parti, les élus veulent s’affranchir de ce que certains considèrent, à tort, comme une « camisole de force ». La procédure mise en place depuis les opérations d’investitures vient opportunément rappeler aux uns et aux autres le rôle central du Parti au cours du processus électoral. Ce rôle n’est pas facultatif ou intermittent. Il est essentiel et permanent. Le Parti investit les candidats; organise et finance leur campagne. Et à la fin du processus, on veut le museler et le tenir à l’écart des décisions les plus importantes. Cela ne se peut pas… C’est à l’aune de ce principe qu’il faut lire et comprendre les dispositions de la circulaire du Secrétaire Général fixant les modalités d’investiture des candidats du Rdpc au sein des exécutifs municipaux.
Soucieux d’une certaine éthique, de son image et de ses élus, le Comité central pose comme postulat: « sont insusceptibles d’investiture au poste de maire ou d’adjoint les conseillers municipaux qui, à la date de l’élection, sont sous le coup de procédure pour atteinte à la fortune publique ». Des âmes sensibles ont cru devoir opposer la présomption d’innocence à cette exigence vertueuse. A son tour le parti leur brandit le principe de précaution. À savoir qu’il n’est pas dans l’intérêt du Rdpc, de ses élus, des militants et des populations d’avoir à la tête d’une commune un Maire qui, du jour au lendemain, pourrait se retrouver en prison pour atteinte à la fortune publique. Gouverner c’est aussi prévoir.

Articles liés