La mémoire photo du secrétariat général du Comité central du Rdpc s’est éteinte aux premières heures du lundi 10 août 2020 dans son village natal à Penka Michel, département de la Menoua.
On espérait encore son retour au sein de la rédaction du Journal L’Action qu’il a servi depuis 1992 jusqu’au mois de janvier 2020, quand son mal commence. Surtout que mercredi 05 août 2020, lors de la conférence préparatoire au présent numéro, Murielle Zang nous donnait encore de ses nouvelles. « J’ai causé avec lui ce matin. Il me disait qu’il al- lait mieux. Cependant il ne pouvait pas remonter sur Yaoundé de peur de rechuter ». Deux jours plus tard, c’est Sanatou Ndam qui l’a joint au téléphone, confirmant la meilleure santé de Joe. « Son timbre vocal était impeccable. Il a même demandé de saluer toute la rédaction », déclare-t-elle. En réalité, il nous mettait, nous ses collègues sur une fausse piste, ne voulant pas que nous nous inquié- tions plus que ça de son état de santé. Le dernier à avoir échangé avec lui, c’est Africa. C’était le dimanche 9 août 2020, aux environs de 11heures. Mais cette fois, affirme-t-il, sa voix avait perdu quelques décibels. Toujours fidèle à la foi vis-à-vis de son Seigneur, Kegne l’a rassuré que les choses iraient bien. Tellement il espérait recouvrer sa santé. Hélas, le destin en a décidé autrement. Ne nous laissant que nos larmes couler sur nos pauvres joues, loin de nous consoler. D’ailleurs, qu’est-ce qui pourrait nous consoler, au moment où nous préparons les obsèques de Simon Meyanga, décédé trois mois jours pour jours avant Joseph Kengne ? C’est-à-dire le 10 mai 2020 et qui se dérouleront du 26 au 28 courant à Akam-Sobia par Kobdombo, dans le Nyong et Mfoumou ? C’est dur ! Trop dur ! Kegne tel quel Joseph Kengne, c’est plus de trente ans au service de son Parti, le Rdpc qui était presqu’une religion pour lui. A l’époque, le jeune homme de 25 ans est approché par l’actuel directeur général du palais des Congrès, Christophe Mien Zok, alors tout nouveau directeur des organes de presse et d’édition du Comité central, sous l’ère Joseph Charles Doumba, qui le sollicite pour quelques images photos lors d’une cérémonie au palais des congrès de Yaoundé, siège du secrétariat général du Comité central du Rdpc. Une activité qu’il pratiquait à ses heures perdues, puisqu’il tenait un petit kiosque à tabac et aux friandises au quartier Obili. L’ « essai » est concluant et le travail bien payé. Une dizaine de photos et il s’en sort avec près de 15.000 Fcfa. « Joe » y prend goût et décide de revenir de temps en temps sur cet El dorado, muni de son appareil photos amateur. Au gré du hasard, puisque ne maitrisant pas l’agenda du Rdpc et de ses activités. Il est tellement téméraire qu’il colle pratiquement à la peau des responsables de cette structure, n’hésitant pas à proposer des services extra. Mais surtout, il posait beaucoup de questions. La curiosité faisait partie de son Adn et le courage ne lui manquait pas pour obtenir ce qu’il veut. Quitte à harceler ses vis-à-vis. Les aînés qu’il trouve lui font rapidement confiance. C’est ainsi qu’il s’installe définitivement et devient désormais l’œil du secrétariat général pour toutes les cérémonies et tous les événements. Il n’est pas jusqu’aux structures extérieures qui le sollicitent pour avoir des images d’archives sur la vie du Rdpc depuis 1992. Avec les différents secrétaires généraux, de Joseph Charles Doumba au Vice-premier ministre, Jean Nkuété, en passant par René Emmanuel Sadi, Kengne a été de toutes les expéditions et de tous les combats. Des voyages périlleux en hélicoptère, des tournées en train ou lorsqu’il fallait parcourir des kilomètres à pieds pour rallier Yokadouma suite à une panne de voiture, il en ramenait des images saisissantes. Ce reporter d’images sera aux anges lorsqu’il reçoit deux ans plus tard, un appareil professionnel de la part de sa hiérarchie. Dès cet instant, la confiance gagne totalement le bonhomme et il se considère comme un véritable patron (qu’il était par ailleurs) de ce secteur au Rdpc. Tous les membres du Comité central, les députés et il n’y a pas longtemps, les sénateurs, et leurs épouses ne jurent que par lui lors des cérémonies de présentation des vœux au président Paul Biya et à son épouse, pour immortaliser ces instants privilégiés et uniques qu’ils iront accrocher sur les murs de leurs salons. Homme d’anecdotes et de blagues, surtout de mauvais goût, Joseph Kegne n’avait pratiquement pas froid aux yeux, lorsqu’il fallait qu’il crache sa vérité à son vis-à-vis. Fut-il son patron, il n’en avait cure. « Moi, j’ai dit ma part. S’il veut il fait ce qu’il doit faire, moi quoi », aimait il à rétorquer. Le sarcasme incarné nous manquera.
William Monayong