De grandes décisions devraient inter- venir au terme des travaux du conseil supérieur de la magistrature qui se tient lundi prochain.
Le Conseil supérieur de la magistrature se réunit le lundi 10 aout 2020 au Palais de l’unité à Yaoundé. Depuis qu’il a été convoqué, les commentaires sur les enjeux de cette réunion vont bon train. Surtout parmi les magistrats, où l’on peut percevoir une certaine effervescence, voire une frilosité. En effet, depuis l’annonce des travaux de cette instance, chaque membre de ce corps est en droit de s’interroger sur le sort qui va lui réserver demain soir, au terme desdits travaux. Quoi de plus normal, puisque le Conseil supérieur de la magistrature est le lieu où tout se décide en ce qui les concerne. Au regard de la loi n° 82/14 du 26 novembre 1982 qui fixe son organisation et son fonctionnement, le Conseil supérieur de la magistrature est compétent pour connaitre des projets d’actes législatifs et relatifs au statut de la magistrature, de l’intégration des auditeurs de justice en fin de formation, de l’affectation et de la nomination des magistrats dans les fonctions judiciaires, de leur mutation, tant au siège qu’au parquet, des avancements et des changements de grade. C’est aussi l’instance disciplinaire qui en la matière, siège comme un véritable tribunal présidé par le président de la République, où les magistrats sont traduits et jugés, entre autres, pour des questions d’éthique et de déontologie et sanctionnés s’ils sont reconnus coupables des faits à eux reprochés. On peut donc comprendre que cette session qui est la première depuis 2017, soit à la fois source d’inquiétudes et d’espoir. Inquiétude pour ceux qui ont des raisons légitimes d’avoir peur, au regard des nombreux faits pas toujours honorables pour leur profession, et qui, au cours des dernières années, ont jalonné l’actualité. Il s’agit notamment des forts soupçons d’indiscipline ou de corruption manifestes relayés par la presse et les réseaux sociaux. Le Conseil pourrait bien s’en s’être saisi. Et souvent, il a la main lourde… Espoir pour les auditeurs de justice frais émoulus de l’Ecole nationale d’Administration et de Magistrature (Enam), et dont on peut deviner l’impatience somme toute légitime d’entamer leur carrière. Espoir également pour les magistrats qui, compte tenu de leur ancienneté, de leur grade et de leurs états de service, aspirent tout aussi légitimement à des fonctions plus valorisantes, soit parce que leurs titulaires actuels ont atteint l’âge de la retraite, soit parce qu’ils ont failli dans leur office, soit alors soit du fait de la vacance de nombreux postes. Espoir enfin pour ceux qui espèrent pouvoir changer de grade. La pratique voulant que d’importantes décisions du conseil tombent dans la foulée de ses travaux, tous les regards sont désormais tournés vers Etoudi. Le journal de 17h de la radio d’Etat au cours duquel les actes du Président de la République sont généralement rendus publics en exclusivité, devrait donc battre les records d’audience dès lundi.
Longin Avomo