Les pouvoirs publics rassurent: celles-ci connaîtront une suite conforme à la réglementation.
En ce moment, plusieurs requêtes aux fins de sursis à exécution des arrêtés pris par le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra), portant admission définitive aux différents concours de l’Enam 2020, sont en cours d’examen devant le Tribunal administratif du Centre. Pour l’année académique 20202021, sept (07) concours avaient été ouverts pour le recrutement de 430 élèves répartis dans diverses filières. Au terme des opérations d’inscription, 24232 dossiers de candidatures représentant les 10 régions du Cameroun ont été enregistrés, dont 1250 pour l’Adamaoua, 7409 dans le Centre, 1659 à l’Est, 3001 à l’Extrême-nord, 1622 au Littoral, 977 dans le Nord, 1523 dans le Nord-ouest, 3563 à l’Ouest, 2282 dans le Sud et 956 dans le Sudouest. Au terme de toutes les étapes inhérentes à l’organisation du concours, de son ouverture jusqu’à la signature des procèsverbaux du jury des épreuves orales d’admission définitive en passant par l’instruction et le contrôle de la conformité des dossiers ; la correction des épreuves écrites ; le traitement informatique des données du concours; le dépouillement et le classement des résultats, le Minfopra a pris des arrêtés, faut-il le rappeler, « sur la base des différents procès-verbaux des commissions de dépouillement et de classement des notes », rendant publics les résultats aujourd’hui querellés. Les requêtes introduites devant cette juridiction reprochent notamment aux actes du Minfopra la « violation des règles de quotas en vigueur dans les recrutements administratifs; les trois régions septentrionales n’ayant obtenu que 17,9% d’admis contre 30% ». Quotas oui, mais le mérite d’abord C’est connu de tous, il y a des quotas par région, applicables dans les concours administratifs au Cameroun. Ceux-ci sont fixés par divers textes règlementaires, ainsi qu’il suit : Adamaoua 5%, Centre 15%, Est 4%, Extrêmenord 18%, Littoral 12%, Nord 7%, Ouest 13%, Nord-ouest 12%, Sud 5%, Sud-ouest 8%. Joints par notre reporter, les services compétents du Minfopra sont formel : « tout s’est passé dans les règles de l’art ». Les commissions successives, chapeautées par le directeur général de l’Enam qu’assiste le secrétaire général du Ministère de la Fonction publique, pour ce qui est du dépouillement, selon les dispositions de l’article 48 du décret n°2018/240 réorganisant l’Enam, ont bien travaillé et rendu leur copie. De ces éléments de réponse, il ressort que les trois régions concernées ont effectivement droit à un quota de 30% des places aux concours administratifs. Toutefois, « le quota de 28% des places attribué à ces trois régions découle de la prise en compte des notes obtenues par les candidats qui en sont originaires », affirme-t-on du côté du Minfopra. « Pour être déclaré définitivement admis au concours de l’Enam, le candidat doit réunir au terme des épreuves écrites et orales, une note globale correspondant au moins à la moyenne de 12/20 », précise d’ailleurs l’article 49 alinéa 2 du décret n°2018/240 réorganisant l’Enam. En d’autres termes, deux éléments déterminent l’admission définitive à un concours administratif : le mérite et la pratique du quota. Selon les explications du Minfopra, « en fonction du nombre de candidats et par concours, le quota d’une région peut varier, selon les éventuelles redistributions des places à l’intérieur des pools ». Il n’est donc pas exclu que ces trois régions (qui appartiennent au Pool 1) aient vu leurs places, non pourvues pour résultat insuffisant, attribuées aux pools 2 (Centre, Sud, Est) ou au pool 3, constitué du Littoral et de l’Ouest. Le piège de la sociologie des noms Au-delà des éléments constitutifs de ces décisions, la question que l’observateur averti est en droit de se poser est la suivante : les requérants sont-ils sûrs des régions d’origine des candidats pour lesquels ils revendiquent ? Car fautil le rappeler, la compréhension de la notion d’origine du candidat se fait à l’aune de l’alinéa 2 de l’article 60 du décret n° 2000/696/PM, qui énonce clairement que : « est considérée comme région d’origine d’un candidat, la région d’origine de son père ou, le cas échéant, celle de sa mère ». Il n’est donc point question, comme semblent le faire des individus mal intentionnés, de rattacher la région d’origine au seul nom du candidat. Il faut avoir eu accès à la fiche d’enregistrement du candidat pour savoir exactement sa région d’appartenance ; cette variable étant renseignée par le candidat au moment de l’inscription. En définitive, deux éléments déterminent l’admission définitive à un concours administratif : le mérite et la région d’origine du candidat. Alors, existe-il des candidats du Grand nord (pool 1) ayant obtenu une note supérieure ou égale à 12/20 requise pour être définitivement admis et qui aient été recalés, spoliant de ce fait ces trois régions d’une partie de leur quota au sens de l’arrêté n°4107 du 4 août 1982 ? That is the question. En tout cas, l’option prise par le Minfopra est claire : « améliorer les choses, afin que les jeunes camerounais, indépendamment de leurs origines ou de leur statut social, qui frappent à la porte d’entrée à la Fonction publique, aient les même chances ».
Serge Williams FOTSO