La campagne électorale en vue des régionales du 6 décembre s’achève samedi prochain. Pendant quinze jours les candidats des partis politiques et ceux du commandement traditionnel ainsi que leurs équipes ont sillonné les localités du Cameroun pour convaincre leurs électeurs respectifs représentés par les conseillers municipaux et les chefs traditionnels. Au total 24238 électeurs, soit 10236 conseillers municipaux et 14002 représentants de l’autorité traditionnelle sont mobilisés pour élire les 900 conseillers des dix régions. Pour le Rdpc, le résultat ne fait pas l’ombre d’un doute mais cela n’a pas empêché le parti de se mettre en quatre pour assurer sa victoire. De l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud, les équipes de campagne n’ont pas ménagé leurs efforts.
On aura surtout remarqué la forte implication sur le terrain des membres de la commission nationale de campagne, à commencer par le secrétaire général du comité central en personne. Encore plus remarquable est le choix des localités retenues. À aucun moment le critère de la facilité n’a prévalu. Au contraire, tournant le dos au monologue avec les militants, les responsables du Parti ont choisi d’aller au front et au choc pour croiser le verbe avec les électeurs de l’opposition. Tel est le sens de la présence du Secrétaire Général du Comité central dans le Noun où le Rdpc ne bénéficie pas des faveurs des pronostics. Dans ce département, l’arithmétique électorale est claire: le Rdpc ne compte que 75 conseillers municipaux contre…202 pour l’Udc. Mais, le Pcrn, qui n’y a aucun grand électeur, est quand même en compétition dans cette circonscription. En inscrivant cette étape dans son périple électoral le Rdpc démontre qu’il est un parti qui ne baisse pas les bras; un parti qui ne s’avoue jamais vaincu mais qui cherche à convaincre même ses adversaires les plus farouches et virulents.
C’est dans le même état d’esprit que le Rdpc mène campagne dans les autres régions où la victoire n’est pas acquise d’avance. Tel est le cas de l’Adamaoua. Dans cette Région, le Rdpc a pour principal adversaire l’Undp, son allié au gouvernement mais néanmoins adversaire farouche sur le terrain, qui a une longueur d’avance en termes de voix. La situation est à peu près identique dans le Nyong et Kelle où le Pcrn mène d’une courte tête avec neuf grands électeurs d’avance. Il faudra néanmoins compter avec le Mpcc de Jean Blaise Gwet qui dispose de trois conseillers municipaux. Sera-t-il le faiseur de rois dans cette circonscription? À défaut de l’être, il sera certainement un arbitre aux côtés de l’Upc qui entend jouer les trouble-fête dans ce qu’il considère comme son bastion originel et traditionnel. Sans avoir un seul grand électeur, « l’âme immortelle du peuple camerounais » présente néanmoins des candidats dans cette circonscription. Le pari est risqué mais le calcul politique est gagnant.
Conscient des enjeux, le Rdpc a décidé de jouer son va-tout en y dépêchant le vice-président de la commission nationale de campagne en la personne du Secrétaire Général Adjoint Gregoire Owona qui séjournera à Eseka demain. Afin de mener à bien sa mission, ce dernier a cru devoir saisir le Maire Pcrn de la ville pour solliciter une rencontre avec les conseillers municipaux de son parti. La demande a reçu une réponse favorable. La délégation du Rdpc va donc rencontrer les élus du Pcrn pour présenter sa vision de la décentralisation et tenter de les convaincre de sa pertinence. Cette démarche républicaine a suscité des incompréhensions et des critiques acerbes au sein de l’opinion, certains accusant le Rdpc de vouloir débaucher les électeurs d’un autre parti. Il n’en est pourtant rien. L’honneur de la politique réside justement dans la difficulté et dans la capacité à réaliser l’impossible; à convaincre tout le monde, y compris les plus sceptiques. Le Rdpc a compris qu’à vaincre sans péril on triomphe sans gloire. Le 6 décembre au soir le résultat dira si le risque valait la peine d’être pris. En attendant, l’honneur de la politique est sauf.