On croirait une nouvelle religion avec ses sauveurs, sa doctrine, ses adeptes et ses fidèles, fanatiques ou modérés. Dans les dix régions du Cameroun, à quelques jours de la session de plein droit prévue mardi prochain pour la mise en place des exécutifs issus des élections régionales du 6 décembre, les légions de candidats se bousculent au portillon. Chacun y va de son prêche, de sa campagne et de sa profession de foi; tous les canaux sont mis à contribution pour vanter les mérites, les compétences et les talents des uns et des autres. Le jeu en vaut la chandelle: qui ne souhaiterait pas laisser son nom à la postérité et dans les annales de l’histoire comme tout(e) premier(e) président(e) du conseil régional? Emportés par leur élan et transportés par leur enthousiasme, les candidats ont cependant tendance à confondre vitesse et précipitation. Les délégués des départements ont en effet tendance à croire que les représentants du commandement traditionnel ne sont que de simples accompagnateurs et n’ont pas voix au chapitre. Or, il faudra bien leur réserver une place au sein du bureau.
Dans tous les cas, tout le monde ne pourra pas siéger au bureau. À partir de ce constat, la raison et le bon sens devraient prévaloir. Autre facteur à prendre en considération pour les élus du RDPC en particulier: ils doivent toujours avoir à l’esprit qu’ils sont membres d’une équipe qui a un sélectionneur, un entraîneur, des préparateurs physiques et même psychologiques. Pour être le capitaine de cette équipe, il vaut mieux attendre d’être désigné par le groupe plutôt que de s’autoproclamer.
Le comité central pour sa part veille au grain et a d’ores et déjà désigné ses mandataires chargés de la supervision de cette étape cruciale. Car ce que les régions et les populations attendent des tout premiers exécutifs, ce ne sont pas des hommes et des femmes providentiels mais des leaders et des managers convaincus des vertus du travail collectif mais aussi des militants, des patriotes et des gestionnaires intègres soucieux de l’intérêt général. Pour ce faire, on aura besoin aussi bien de l’enthousiasme des jeunes que de l’expérience des anciens; de la rigueur des femmes que de la poigne des hommes.
Pour tout dire, mardi prochain, 22 décembre 2020, tous les conseillers régionaux devraient avoir à cœur de ne pas rater ce premier rendez-vous avec l’histoire qui, on le sait, ne passe pas les plats deux fois. Les institutions ne valant que par les hommes chargés de les animer, tout droit à l’erreur est interdit. La longue marche des régions vers les rivages de la prospérité et du progrès commence dès mardi. Or dans chaque voyage c’est le premier pas qui compte. Une fois le bureau mis en place, tous les conseillers devraient se souvenir du dicton qui dit: « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ». Nos régions ont hâte d’aller plus haut, plus loin et plus vite. Le seul et véritable défi est celui-là.